LUTTE CONTRE LA FIEVRE JAUNE A KINSHASA QUID D’UNE CAMPAGNE DE VACCINATION SANS ASSAINISSEMENT DE L’ENVIRONNEMENT ?

Jeudi 18 août 2016 - 05:35
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Si pendant un temps, ce vaccin peut immuniser les Kinois contre la maladie, il ne résout pas cependant, le problème de bord : l’absence d’hygiène environnementale dans la capitale.

Une campagne de vaccination contre la fièvre jaune a été lancée hier mercredi dans la ville de Kinshasa. Des équipes de vaccinateurs mobiles ont été déployées dans des sites aménagés à cet effet. Ainsi, pour une couverture maximale, ladite opération est organisée pendant un certain nombre de jours, au sein des institutions et entreprises de l’Etat. Ce, en fonction d’un chronogramme préalablement élaboré. Question de ne pas perturber le rythme de travail.

Au Parlement, par exemple, la campagne de vaccination devra durer dix jours. Par contre, à la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), les employés ont trois jours pour se faire vacciner. Dans un pays où la Sécurité sociale (SECU) est quasi inexistante, l’organisation d’une telle campagne ne peut qu’être saluée par tous, tant elle s’inscrit dans une logique de prévention.
Cependant, nous sommes de ceux qui pensent que la lutte contre la fièvre jaune à Kinshasa, devrait imperativement s’accompagner d’un combat contre l’insalubrité caractérisée dans la capitale. En d’autres termes, la campagne de vaccination contre cette fièvre mortelle, devrait être concomitamment menée avec celle en faveur de l’hygiène environnementale. Si la maladie est causée par un moustique différent de l’anophèle, principal agent causal du paludisme, en tout cas, rien n’indique que le fameux Aèdes qui transmet la fièvre jaune à l’homme, n’est pas encore présent à Kinshasa. A priori, cette hypothèse n’est pas à exclure, compte tenu de l’ubiquité de l’insalubrité dans la vaste métropole rd congolaise.

UNE IMMUNISATION PROVISOIRE ?
Sans conteste, la campagne de vaccination contre la fièvre jaune à Kinshasa traduit la volonté des autorités locales à immuniser leurs administrés. Toutefois, si cette opération peut préserver les Kinois de menaces mortelles de la maladie, elle ne résout pas cependant, le véritable problème qu’est l’absence d’hygiène environnementale. Dans l’ensemble, la capitale congolaise offre un tableau très sombre en matière de propreté. Certes, des efforts sont consentis dans le sens de changer la physionomie de la ville. Surtout en ce qui concerne les infrastructures. Particulièrement dans le secteur immobilier. Cependant, il est avéré que ce boom immobilier ne s’accompagne pas encore de l’assainissement de l’environnement. C’est ainsi que l’on trouve de somptueuses bâtisses à côté d’une montagne d’immondices.
La situation est davantage désastreuse dans la plupart des anciens immeubles appartenant soit à l’Etat congolais, soit aux particuliers. Qu’ils soient construits en plein centre-ville ou à la cité, cesimmeubles à étage offrent des points communs. Le point d’intersection est l’insalubrité, parfois visible même au loin. Que dire de différents marchés de la ville ? Au Marché central de Kinshasa, par exemple, l’état des lieux de l’environnement fait penser à l’imminence d’une épidémie virale d’origine inconnue. Au départ de l’avenue Bokassa jusqu’à Rwakadingi, par exemple, des ordures de tous genres jonchent la cour du Grand marché de Kinshasa. Le décor renseigne une tragédie sanitaire après qu’une pluie s’abattue sur la ville. Et donc, avec le retour très bientôt du printemps, les Kinois fréquentant le Grand marché n’auront qu’à bien se tenir !
A l’exception du Marché M’Zee Laurent-Désiré Kabila, communément appelé Marché de la Liberté, dans l’Est de la ville de Kinshasa, et à quelques propotions près, celui de Matete, tous les autres Wenzes de Kinshasa sont tenus dans un environnement pestilentiel. Au petit marché Pascal qui jouxte de part et d’autre le boulevard Lumumba dans les communes de Kimbanseke et Masina, le constat est le même. Que dire de tous ces caniveaux ne laissant plus couler une seule goute d’eau de pluie ? Y aurait-il encore à redire sur tous les dépotoirs publics, débordant d’ordures aux odeurs fétides, en pleins quartiers d’habitation ? A quel résultat peut-on s’attendre d’une campagne de vaccination dans des communes telles que Barumbu, Kinshasa, Lingwala, Gombe, Lemba, Ngiri Ngiri, Masina…où les moustiques semblent " résister " à toutes les gammes de pesticides sur le marché ?
S’il est admis qu’un esprit sain vit dans un corps sain, il n’est pas moins vrai que le même corps sain ne peut vivre que dans un environnement sain. Laurel KANKOLE