Maintenu à la primature : Kabila « coupe » tous les réseaux de Matata

Vendredi 12 décembre 2014 - 10:43

Le premier défi, celui d’être maintenu à la tête de l’exécutif national, a été relevé par l’Homme à la cravate rouge. Mais pour beaucoup, le plus dure pour lui reste à faire : avoir véritablement la mainmise sur une équipe gouvernementale hétéroclite et qui n’est pas forcément à son goût de technocrate.

Mise en place en avril 2012, la première équipe gouvernementale de la seconde mandature de Joseph Kabila incarnait le style de son chef de file Augustin Matata Ponyo. C’était le gouvernement dit des « technocrates.

La présence des chefs de partis devenait enfin une exception. Seuls Lambert Mende de la Convention des congolais unis (CCU), Modeste Bahati de l’Alliance des forces démocratiques du Congo (AFDC). Raymond Tshibanda de l’Union des libéraux démocrates chrétiens (ULDC), Triphon Kin-kiey-Mulumba du Parti pour l’action (PA) et Banza Mukalayi de l’Union pour le développement du Congo (UDCO) étaient du nombre.

Avec ses 36 membres, Matata I consacrait aussi la fin des portefeuilles ministériels pléthoriques. Par exemple, les Sports et la Culture et Arts ne faisaient qu’un seul ministère. De nième que l’Enseignement supérieur, universitaire et Recherche scientifique ; l’Economie et Commerce, Communication, Médias ; Initiation à la Nouvelle Citoyenneté et Relation avec le Parlement... Le Premier ministre contrôlait de plus près son portefeuille de prédilection. - les finances -, à travers un ministre délégué.

Case départ

Mais, le gouvernement de cohésion nationale publiée le 7 décembre dernier semble tout ramener à la case départ et n’est pas forcément du goût de Matata Ponyo. A Matata II, le Premier ministre a perdu le contrôle des Finances. Ce ministère revient désormais à Henri Yav Muland venu fraîchement de la Présidence de la République.

Avec ses 46 membres, Matata li, qui est plutôt un gouvernement des politiques plutôt que des technocrates, consacre l’éclatement des ministères. Il y a désormais entre autres, d’un côté, le ministère de l’Economie et de l’autre, celui du Commerce. Le ministère des Sports se sépare de celui de la Culture et des Arts, l’Environnement du Tourisme ; l’ITPR de I‘Aménagement du territoire, Urbanisme et Habitat ; l’Agriculture du Développement rural...

Environnement inconfortable

Trois nouveaux chefs de partis s’ajoutent au gouvernement et S’occupent de la Vice-primature. Il s’agit d’Evariste Boshab, secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) qui s’occupera de l’intérieur ; de Willy Makiashi du Parti lumumbiste (PALU) qui s’en chargera de I Emploi, Travail et Prévoyance sociale et de Thomas Luhaka du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) chargé des Postes. Télécommunications et Nouvelles technologies de l’information et de là communication.

D’aucuns voient mal une meilleure cohabitation entre notamment Evariste Boshab et Matata Ponyo. Bien que venant d’un même parti politique, le style de deux personnalités semble diamétralement opposé. L’accent beaucoup plus politique du premier ne ferait pas bon ménage avec le style technocrate du second. D’ailleurs, il existerait un conflit latententre les deux hommes. D’aucuns se rappelleront de la notion de censure contre le Premier ministre Ma- tata déposée par le député Baudouin Mayo de I’UNC. Quelques jours après. Jeune Afrique révélera que ladite motion a ait été rédigée par l’entourage du SG du PPRD. Depuis, les relations seraient scabreuses entre les deux cadres du parti présidentiel. Dieu seul sait si les deux hommes vont cohabiter.

Le statut de chef de parti que joue Boshab au PPRD est également vu comme une source de problèmes quand ii faudra inverser les rôles au sein du gouvernement. «Le vrai chef de ce gouvernement sera Evariste Boshab, surtout à l’approche des enjeux politiques qui s’annoncent en 2016 avec notamment la problématique de la fin du mandat de Joseph Kabila», commente un kinois.

La nouvelle vie du Premier ministre Matata s’annonce donc difficile. L’homme à la cravate rouge ne serait plus dans un environnement confortable qui lui permettrait d’avoir une véritable mainmise sur la nouvelle équipe gouvernementale dont le choix des membres est né de la volonté politique plutôt que d’une analyse objective de l’expertise des uns et des autres.

KATZ

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