Des faiblesses majeures de gestion du chef du gouvernement ont été relevées dans le rapport de la commission économico-financière de l’assemblée nationale sur l’exécution du premier trimestre du budget 2015. Matata ne va se tirer d’affaire. Le flou qui entoure sa gestion, heurte la conscience des députés. Dans le rapport, il est fait état de
la persistance de la multiplicité des sous-comptes parallèles du trésor public. Pourtant, ordre avait été donné pour unifier les comptes du trésor. Les élus demandent des explications claires du premier ministre lui-même devant la chambre. D’ailleurs, la commission Ecofin en a fait une de ses principales recommandations à la conclusion de son rapport. ‘‘A l’assemblée nationale, la commission recommande d’inviter le premier ministre à venir s’expliquer sur la mauvaise exécution de la loi des finances 2015 au premier trimestre notamment sur les questions de politique générale’’, peut-on lire dans le rapport. Outre ce dérapage, il y a aussi l’existence des sérieux
problèmes de fiabilité de prévisions budgétaires que le gouvernement soumet au parlement, mais l’exécution de ces dernières ne se réfère pas à la loi des finances publiques notamment dans l’existence des dépenses. Les membres de la commission économico-financière de la chambre basse du parlement reprochent au premier ministre le financement de certains projets publics en dehors de la procédure budgétaire par recours aux ressources dites extrabudgétaires. Déjà, les députés étaient scandalisés par l’exécution de 169 projets en
dehors du budget 2014. Une tache d’huile que la cour des comptes avait mentionnée dans son rapport. ‘‘ C’est inadmissible que dans ce pays, le chef du gouvernement se permette de tels dérapages’’, a décrié le brillant économiste Jean Lucien Busa. La qualité de la dépense publique pose problème, peste la commission économico-financière. Son rapport auditionné vendredi par les députés, indique qu’il n’a pas été établi clairement des critères objectifs qui guident le gouvernement dans la hiérarchisation de l’exécution des dépenses. Malgré le retard écoulé pour la mise en œuvre progressive de la loi des finances publiques étalée sur sept ans, les membres de cette commission s’indignent de la lenteur de son application. C’est le cas par exemple de la migration du budget des moyens vers le budget programme reconnue comme processus très complexe mais qui n’a pas connu jusqu’à ce jour un début d’application. Drôle façon de gérer la république. Matata fait apparemment la sourde d’oreille, tempête un opposant. Rappelé plusieurs fois pour le recrutement, la formation et la mise en service de nouveaux comptables en vue de pallier la carence constatée lors de précédents contrôles, le surdoué technocrate n’y accorde aucune importance. L’assemblée le contraint à recadrer le tir au plus vite
avant de subir la sanction promise par Aubin Minaku à l’ouverture de cette session de septembre. Ainsi, il est demandé au gouvernement ‘‘de mettre en place en toute urgence la chaine informatisée des recettes dans la perspective d’éradiquer le coulage des recettes publiques, d’accélérer l’exécution du plan stratégique de mise en
œuvre la loi des finances publiques, d’exécuter de manière adéquate le budget lié à la rémunération du personnel et appliquer la sanction la plus sévère aux fonctionnaires qui s’évertuent à violer les procédures d’exécution de loi des finances publiques’’. Dans le même chapitre, les membres de l’Ecofin exigent au chef du gouvernement de lever la mesure qui suspend le payement de la prime non permanente de lors que la loi des finances prévoit déjà des dépenses. D’autres sources des recettes sont possibles en dehors des taxes et impôts au lieu de se
contenter de cette faible mobilisation des recettes, ont-ils assuré. Pour ce faire, ils ont conseillé au premier ministre d’explorer les nouvelles sources des recettes innovantes au regard de ressources naturelles incommensurables que regorge notre pays.