Mode et mœurs « Araignée » et « Molunge » diabolisent la musique congolaise moderne

Mercredi 2 décembre 2015 - 06:07

L’industrie musicale congolaise est désormais envahie par des drôles de danse.   C’est désormais un courant de mauvais augure qui défraie la chronique dans l’ambiance de « Kinshasa by night » des chansons et des danses qui s’apparentent aux ébats sexuels et autres scènes de vandalisme. Il n’est plus un événement de voir des jeunes se déhancher ou se mettre en transe sous des rythmes endiablés de tube du genre « Molunge » et autre «Araignée ». Même certaines fêtes à Kinshasa se transforment en une véritable piste de cirque ou certains invités, à force de danser aux rythmes de ces chansons obscènes, montent par affolement sur des tables et des chaises. Décidément, la morale publique est en danger en RD Congo. La musique qui, autrefois, éduquait, est en train de corrompre les bonnes mœurs. Les obscénités ont repris droit de cité à Kinshasa.

Je me déshabille aux rythmes de « Molunge »

D’autres aux rythmes de « Molunge » se déshabillent, les hommes se débarrassent de leurs chemises, alors que les femmes soulèvent leurs pagnes.

Les mélomanes les plus assidus exécutent sans gêne les instructions du chanteur qui invitent les fans dans une partition du refrain à se débarrasser de leurs vêtements « Tokolongola ». Le chanteur ne se fatigue pas d’inciter les gens à se dénuder jusqu’au singlet. Et puis comme dans un coup de baguette magique, jeunes gens se mettent à la danse jeter comme s’il le peut leurs vêtements. Un des reporters a constaté qu’au cours d’une fête de mariage dans une salle à Kasa-Vubu qu’ un sexagénaire oncle de la mariée a été surpris de voir une des invitées, une dame de surcroît, soulevée sa blouse laissant à la portée de tout le monde son soutien-gorge noyé par la transpiration. « Eh danse yango elengi…elamusi ngai nzoto », (ndlr : eh cette danse me séduit au point de réveiller en moi une drôle de sensation), a lâché la dame au visage souillé. A quelques mètres de là, vers le marché Gambela, un mélomane se débattait à monter sur un poteau d’éclairage public après plusieurs scènes de grimace comme un singe en chaleur.

Dans un « nganda » près de N’Djili Sainte Thérèse, on n’a pas à demander aux jeunes de se mettre à poil. Cela se fait à l’unisson au rythme de Molunge. Le pire a été constaté au Boulevard Kimbuta où des jeunes gens ont envahi une bretelle de la voie pour se dénuder, exhibant leurs postérieurs aux automobilistes d’une manière saccadée. Et dans des dancings, c’est l’orgie. Sous les rythmes endiablés de ce morceau Molunge, ils balancent tout et exposent leurs parties intimes à l’air libre. Ils s’adonnent ainsi en spectacle dans un état second qui les empêche de garder même un brin de lucidité. Le mariage est donc scellé entre quelques bouteilles d’alcool et   autres liqueurs locaux aux origines douteuses, le tout arrosé d’une musique à forte décibel. Les jeunes se mettent à sautiller, tout en écartant les jambes au torse nu, déroulant leurs singlets et autres chemises à l’air libre. Dans le classement de ses musiques de rue à tout casser, en dehors de Molunge, figure aussi en bonne place le tube « Araignée », celui-ci venu de Brazzaville en République du Congo du DJ Migo One fait du ravage dans des boîtes de nuit et des fêtes à Kinshasa… Les chaises se cassent, tout s’écroule du fait que les mélomanes montent sur tout sur leur passage, exhibant les bras dans le ciel, cherchant à atteindre un appui.

Je tisse ma toile d’araignée 

Autre trouvaille des Congolais de deux rives, c’est la chanson « Araignée» du DJ Migo One du Congo Brazzaville. Sous l’influence de mélodies ivoiriennes coupé-décalé, il opère un savant dosage avec le Ndombolo pour soutenir cette chanson et la danse qui l’accompagne. Araignée autant que Molunge, cause des dégâts incommensurables partout où elle est balancée. Pour danser cette chanson, il faut imiter par un renfort de gestuel cet insecte prédateur invertébré arthropode de la classe des Arachnides. Le danseur s’illustre par une agitation spectaculaire prête à grimper sur tout à escalader un mur, ou à monter sur un arbre. Une jeune demoiselle n’a pas manqué de sauter sur le dos de son oncle, ses mains sur la calvitie de celui-ci. Dans des night-clubs, le disc jokey donne le ton et l’assistance s’adonne à une partie de transe euphorique. Comme témoigne mon confrère Alain Diasso, « Il s’ensuit des casses. Chaises et bouteilles volent en éclat dans une ambiance surréaliste où tous les coups et tous les excès sont permis. L’on peut monter sur les épaules de sa copine à défaut de se hisser sur le toit d’une maison. C’est cela l’effet Araignée ». Dans son investigation à l’autre rive du pool Malebo, la chanson a même été jouée à Sibiti, chef-lieu du département de la Lékoumou de la République du Congo à la clôture d’un banquet présidentiel. Interrogé entre deux exhibitions en notre présence lors d’une fête de mariage à « Kinshasa by night », mon confrère a lâché : « A tout comprendre, il y a lieu de censurer ces genres de chansons qui polluent l’atmosphère sociale en distrayant des jeunes sur fond d’une incitation manifeste à la débauche. Il y va de la sauvegarde de la morale publique, menacée par cette horde de musiciens bêtisiers à court d’inspiration et qui ont trouvé, à travers ce créneau, un prétexte pour dissimuler leur manque de créativité ».

 

(Saint Hervé M’Buy)

 

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