Mukulumanya en colère : Muhammad Ali, pourquoi le silence de Kinshasa ?

Vendredi 10 juin 2016 - 10:01
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Au nom de quel principe le pouvoir en République Démocratique du Congo (R.D.C.) se refuse-t-il de raviver ou d’accompagner l’idée de grandeur de la Nation congolaise, ex-zaïroise, que célèbre le monde entier aujourd’hui à travers le souvenir du « combat du siècle » que Mohammed Ali avait livré à Kinshasa, en octobre 1974 ? Pourquoi les pouvoirs publics congolais restent-ils muets comme une carpe et sans réactions quand il s’agit de tout ce qui peut remettre à l’honneur, la fierté et la grandeur du Congo, ex-Zaïre, dans le monde ? Dans son pays où le Général De Gaulle a œuvré pour la libération et la grandeur de la France et où il est connu par les Français comme le Président qui avait une haute idée de celle-ci, ne se souvient-on pas de son Appel pour la libération de la France ou de ses idées et de ses hauts faits ayant forgé et établi la grandeur de la France au nom du principe de la continuité de l’État ? Pourquoi au Congo ne se réfère-t-on jamais à ce qui a été bien ou mieux fait par les prédécesseurs, tout comme on ne rappelle jamais les faits glorieux de l’Histoire récente du Congo-Zaïre ? Volonté de maintenir dans l’ignorance et l’obscurantisme les Congolais d’aujourd’hui ? Ou volonté d’effacement de l’Histoire du Congo, ou en d’autres mots, volonté délibérée de destruction de la mémoire collective nationale de mon pays ? Pourquoi ? 1. Regard sur la mort de Papa Wemba comme introduction à mon propos de ce jour Il y a un mois et demi mourait, en Côte d’Ivoire, Papa Wemba, un digne fils du Congo qui a bien rempli son contrat dans l’art qui était de la profession qu’il s’était choisie : la musique. Les faits qui pourtant ont été évoqués pour justifier le deuil national qui avait été décrété en sa mémoire datent cependant des années 1970 et 1980, c’est-à-dire d’avant l’arrivée au pouvoir de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la (prétendue) Libération du Congo-Zaïre (A.F.D.L.), des Comités des Pouvoirs Populaires (C.P.P.), du Parti du Peuple pour la Reconstruction et le Développement (P.P.R.D.), du Rassemblement des Congolais pour la Démocratie (R.C.D.), du Mouvement de Libération du Congo (M.L.C.) et de toutes leurs excroissances rwandaises malignes (CNDP, M23, etc.). On a dit que Papa Wemba était connu à travers le monde comme ambassadeur de la culture et surtout de la musique congolaise. Mais, on n’a pas dit comment et pourquoi ! Puis, on a mis l’accent sur la sape comme pour dire que la culture congolaise se ramenait simplement à l’élégance et peut-être même à l’habillement farfelu ou extravagant. Mais, Papa Wemba a été plus que cela : ambassadeur de la culture congolaise à l’étranger parce qu’il a su, mieux que d’autres, valoriser les chants et danses folkloriques de son terroir en les adaptant au rythme des chants et instruments modernes, comme l’avait demandé à tous les musiciens zaïrois le Président de la République, Mobutu Sese Seko, pratiquant sa politique de désaliénation mentale et culturelle initiée dans le cadre de la Révolution de l’Authenticité. Celle-ci impliquant le ressourcement des Citoyens à leurs valeurs traditionnelles d’origine, il leur avait dit que « Mozart n’était pas congolais et le jazz non plus » et qu’il fallait par conséquent que les Zaïrois mettent plutôt en valeur les chants et les danses de leur propre culture traditionnelle. Car, c’est là l’origine des chants comme « Analengo » et autres que composèrent le défunt Papa Wemba et tous ses collègues musiciens. Les Congolais d’aujourd’hui devaient donc être informés à cette occasion de la mort de Papa Wemba que ce sont donc ces chants et danses des créateurs zaïrois produits de leur propre culture zaïroise que Wemba et ses amis allaient produire en exhibition à l’étranger aux frais de la République souvent à l’occasion des Festivals des Arts, des Cultures, des Théâtres, du Cinéma, etc. dont le Président zaïrois Mobutu était réputé en être le mécène. Madiata, Franco, Kiamwangana et d’autres chantèrent les valeurs nationales, notamment la paix, l’unité, la conscience et les valeurs traditionnelles tribales évoquant et exaltant la diversité culturelle dont le peuple congolais dans son unité et toute sa grandeur pouvait s’enorgueillir à la face du monde. D’autres encore, ou les mêmes, chantèrent les merveilles de la nature de notre pays et sa grandeur symbolisée par celle de notre « Ebale ya Zaïre ». Et d’autres enfin véhiculèrent par leurs chants nationalistes et révolutionnaires les mots d’ordre politique exaltant l’amour du travail (Salongo), et du travail bien fait, comme valeur en vue du développement national, invitant du même coup les Congolais au travail d’ensemble, dans l’unité et la conscience nationales. Voilà le rôle assigné par la Révolution de l’Authenticité  à la musique que la mort de Papa Wemba nous a donné l’occasion d’expliquer aux jeunes d’aujourd’hui afin qu’ils apprennent à offrir à notre peuple une musique qui élève tout en égayant, et non pas comme je le vois depuis vingt ans, une musique des délinquants jouisseurs, celle qui détruit les mœurs d’une société responsable et pervertit nos enfants. Dans le film « La vie et belle » de mon ancien collègue au Collège Notre Dame de la Victoire, à Bukavu, Dieudonné Ngangura, dont l’acteur-vedette était Papa Wemba, film qu’on a aussi évoqué, sans plus, dans la foulée des obsèques de celui-ci, c’est cette même vision de la Révolution de l’Authenticité qui en constituait le fondement. Car, en le visionnant intelligemment, on ne peut que constater que Papa Wemba y incarnait un enfant de rue qui pour survivre avait dû s’adonner à effectuer plusieurs petits métiers : cireurs des chaussures, « quado » ou réparateur des pneus sur les artères de Kinshasa, vendeurs des cacahuètes ou des fruits, etc. Moralité : il faut aimer et bien faire son travail pour vivre, car comme dit l’adage, il n’y a pas de sot métier. Voilà l’idéal, la vision philosophique de l’Authenticité qu’on aurait dû expliquer et commenter à l’intention de notre peuple et surtout à toute notre jeunesse à l’occasion de la mort de Papa Wemba en le présentant alors comme modèle sur ces deux points : celui de son rôle d’ambassadeur de la culture congolaise à l’étranger et celui de son rôle comme acteur principal dans « La Vie est belle ». Dommage ! Un gâchis incommensurable ! Mais, pourquoi alors ce silence sur les vraies valeurs de la R.D.C., ex-Zaïre ? Parce que, restant toujours sur le même sujet de l’idéal de l’Authenticité poursuivi à travers la musique, des commentateurs étrangers tendancieux ont dit et leur ont appris que Mobutu Sese Seko, le Président de la République du Zaïre, qui se serait fait confectionner un hymne « Djalelo » pour sa gloire personnelle, était « Roi du Zaïre » ! Une déclaration ou accusation, malheureusement, que bien d’intellectuels paresseux et des pseudo-analystes congolais, étalant leur ignorance sur la place publique, ont repris au grand jour. Et dans les différents forums sur le net, ils se sont réappropriés ces accusations jusqu’à en faire le fondement de leurs critiques insensées contre Mobutu et son régime. Pour nous, trois mille anciens étudiants de l’Université Lovanium de Kinshasa et 200 étudiants de l’Université officielle du Congo de Lubumbashi qui avions été enrôlés au début du mois de juin 1970 au sein de l’Armée Nationale Congolaise (A.N.C.) suite à nos manifestations en solidarité avec nos collègues étudiants victimes de « mai 1968 » en France et de « juin 1969 » à Kinshasa, nous devrions savoir pertinemment bien et comprendre mieux pourquoi et comment Djalelo était devenu un hymne à l’honneur du Président de la République (indépendante du Congo ex-Belge). En effet, dès notre première leçon de « discipline militaire », nous étions estomaqués de constater que tout le Règlement militaire, dix ans après l’indépendance du Congo Belge, tournait autour des honneurs militaires au Roi, au Gouverneur Général, et aux Officiers et Sous-officiers qui étaient tous belges. Et le Président Mobutu pour sa part, s’étant informé sur les termes de la musique de la fanfare militaire qui, depuis cinq ans qu’il était Chef de l’État, rythmait ses pas lors des cérémonies officielles, et ayant appris que c’était encore et toujours le même rythme que l’on chante toujours en Belgique pour le Roi des Belges, le même que l’on chantait au Congo Belge pour le même Roi sous la colonisation et que c’était toujours le même que l’on continuait à chanter en ce moment-là pour lui dans un Congo indépendant, demanda immédiatement au Commandant du « Bataillon Musique » de lui trouver un hymne débarrassé des relents et autres scories du colonialisme. Voilà comment furent sollicités les Chefs traditionnels congolais pour aider la fanfare militaire à trouver un hymne réservé au Chef dans le patrimoine culturel congolais. Certes, beaucoup de tribus congolaises n’en avaient pas. Mais, les Luba du Katanga en avaient un, c’était « Djalelo », qui était réservé au « Mulopwe », le Grand Chef traditionnel dans le territoire de Malemba-Nkulu. Le fait de retirer une séquelle de la colonisation, cet « Hymne » qui rythmait les pas du Roi des Belges, des cérémonies officielles dans un nouveau pays indépendant, la République Démocratique du Congo, fut mal perçu par d’anciens colonialistes belges qui l’interprétèrent comme résultant d’une volonté du « Dictateur Mobutu » de se faire passer pour un Roi ! Cela dit, et pour ne pas tirer en longueur sur cet intéressant sujet dont ce n’est ni le moment ni le lieu ici d’en parler, j’en viens maintenant à cette autre occasion manquée d’expliquer le sens et les raisons qui avaient déterminé le pouvoir zaïrois d’alors à organiser à Kinshasa ce qui est à présent considéré à travers le monde comme « le combat du siècle ». 2. Le Zaïre de Mobutu et l’organisation de l’événement sportif du XXème siècle Il était très jeune, âgé de 22 ans, et s’appelait Cassius Clay, né Cassius Marcellus Clay Jr, lorsqu’il surprit le monde en vainquant Sonny Liston, le redoutable Champion du monde jusque-là invaincu, par K.O., au 7è round, et devint, en 1964, Champion du Monde de Boxe de la catégorie des Poids Lourds, version W.B.A. a. Les antécédents Il me semble qu’au fur et à mesure des victoires qu’il a alignées depuis le début de sa carrière, Cassius Clay, Noir américain descendant d’esclaves, était envahi par le souci de soi et le désir de vivre et de vivre libre. Ce désir d’être fit naître en lui l’exigence d’avoir une identité. Manifestant très tôt son attachement aux origines noires de ses arrières grands-parents arrivés aux Amériques comme des esclaves, il se découvrit aussitôt, après cette éclatante victoire une âme : l’âme noire ! Il manifesta alors de l’intérêt pour l’Islam, une religion venue de l’Afrique-mère naguère pratiquée par ses ancêtres. Et, tout naturellement, il se mit aussitôt dans les pas de Malcolm X qui était parmi ceux qui défendaient la cause de la communauté afro-américaine aux États-Unis. C’est ainsi qu’il fut amené à fréquenter comme celui-ci l’organisation « Nation of Islam » ou « Nation de l’Islam » et qu’il se surnomma Cassius X, en hommage à Malcolm X, ce théoricien et militant de la lutte des Noirs pour la reconnaissance de leurs droits dans leur pays. De ce surnom, il faut dire que la lettre X symbolisait son désir de rejeter comme d’autres descendants des Noirs leurs noms d’esclaves. Elle comblait donc l’absence du véritable nom d’origine de ses ancêtres africains. Voilà comment, il finit, suite à sa conversion à l’Islam le 6 mars1964, par prendre le nom de Mohamed Ali, à l’époque où la communauté afro-américaine se considérait comme opprimée par le système de ségrégation raciale qui avait cours aux États-Unis d’Amérique (U.S.A.). De ces faits, la fréquentation par lui de cette communauté et l’intérêt que Cassius Clay commença à porter à la religion musulmane ne furent pas du goût ni des dirigeants américains, ni de la majorité de ses compatriotes blancs. Poursuivant sa carrière et faisant entretemps preuve d’une force de frappe peu commune, Cassius Clay conserva son titre mondial des « Poids lourds » jusqu’en 1967 en triomphant coup sur coup des grands boxeurs de son temps : Sony Liston pour la deuxième fois et Floyd Patterson, en 1965, George Chuvalo, Henry Cooper, Brian London, Karl Mildenberger et Cleveland Williams, en 1966. Soit cinq combats en une année, alors que les règlements en vigueur ne permettaient au Champion du monde de mettre en jeu son titre que deux fois par an. En 1966 cependant, Cassius Clay refusa de servir dans l’armée américaine engagée dans la Guerre au Vietnam. D’une part ce fut sous prétexte qu’il n’avait « rien contre le Viet-Cong » et, d’autre part, parce que, dira-t-il : « Aucun Viet-Cong (entendez Vietnamien) ne m’a jamais traité de sale nègre ». D’aucuns ont prétendu que ce faisant, Cassius était devenu un objecteur de conscience ! Mais, en réalité, son attitude était conforme à la culture de ses aïeux qui interdit de tuer gratuitement, comme des Rwandais et des Ougandais ont accepté de massacrer gratuitement des innocents au Congo ! Et c’est donc au nom de ses croyances personnelles et de ses convictions politiques que je pense l’ancien Président américain, Bill Clinton, ne manquera pas d’évoquer dans l’oraison funèbre qu’il consacrera à sa mémoire lors de son enterrement, que Cassius refusa de s’engager dans la Guerre. La fédération WBA n’apprécia guère ces positions politiques de Cassius Clay et profita de cette situation pour lui retirer sa ceinture de Champion du monde, puis procéda immédiatement au sacre d’Ernie Terrel. Demeuré cependant Champion du monde la version WBC, il récupérera le titre WBA le 6 février 1967 dans un combat de réunification contre Terrel. Le 28 avril 1967, Cassius Clay refusa son incorporation dans un Centre de recrutement militaire. Aussi sera-t-il condamné, le 20 juin 1967, à 5 ans de prison et à une amende de 10.000 dollars américains. Et cette condamnation lui valut la perte de sa licence de boxe et la déchéance de son titre mondial sans combattre. Et ce ne fut pas fini. Car, très malmené par les autorités de son pays, on lui chercha encore une petite bête, et c’est bien ainsi qu’il fut arrêté et emprisonné pour raison de fraude fiscale, et qu’il fut interdit de pratiquer la boxe pendant trois ans et demi, du 15 juin 1967 à 1970. Mais, Cassius fit appel de sa condamnation et ne partit pas en prison. Il connut néanmoins de nombreux problèmes d’argent, jusqu’à la Décision de la Cour Suprême de Justice des États-Unis qui lui reconnut, en 1971, le droit de refuser d’aller faire la guerre. Étant resté plus de trois ans sans combattre, Cassius Clay annonça sa retraite et renonça à son titre de Champion du monde au profit d’une étoile montante, Joe Frazier. Mais, très vite, à peine libéré par la Décision de la Haute Cour, il voulut reprendre son titre, et lui qui n’avait pas combattu depuis longtemps, essuya sa première défaite aux points le 8 mars 1971 au Madison Square Garden de New York face à Joe Frazier. Puis, sa deuxième défaite face à Ken Norton, le 31 mars 1973. b. Le contexte au Zaïre au moment de l’événement sportif du siècle Dès son arrivée au pouvoir ,le 24 novembre 1965, le Président de la République Démocratique du Congo (R.D.C.), Joseph-Désiré Mobutu, confronté dans la gestion de son pays, le nouveau Congo indépendant, ex-Congo Belge, aux séquelles de la politique coloniale belge, décida de rompre les amarres de la colonisation en procédant au changement de tout ce qui entravait le développement harmonieux de son pays et en assurait la continuité. C’est ainsi que, le 17 novembre 1971, en application de sa politique de désaliénation mentale et d’émancipation des Congolais fondée sur le « nationalisme congolais authentique », fut prise par le Bureau Politique du Mouvement Populaire de la Révolution (M.P.R.) qui faisait office du Parlement dans son système politique, notamment la Décision du changement du nom de son pays, qui devint la République du Zaïre, et du rejet des noms et prénoms d’emprunt aux cultures étrangères. Je me rappelle qu’à une question d’un journaliste européen qui lui demandait pourquoi avait-il accepté que les Congolais rejettent leurs noms chrétiens de baptême, le Président Mobutu répondit : « Pourquoi voudriez-vous que des Congolais continuent de porter des noms étrangers ? Je m’appelai Joseph-Désiré Mobutu. Joseph, Pierre, etc. sont des noms authentiquement juifs. Avez-vous déjà vu au monde un Juif – je dis bien un seul Juif – qui porte un nom authentique zaïrois ? Avant d’être saints, Joseph et Pierre ont existé comme vous et moi nous existons aujourd’hui. Et c’est seulement après mille ans que l’Église les a reconnus et proclamés saints » ? Et à l’occasion de son courageux Discours, désormais historique et légendaire, du 4 octobre 1973, devant l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (O.N.U.), Mobutu dénonça les abus de la coopération économique internationale et les dérives de la gouvernance mondiale du fait de grandes Puissances, en particulier d’anciennes puissances coloniales. Et c’est à cette occasion qu’il expliqua alors au monde le sens profond de l’action qu’il menait depuis qu’il était à la tête de son pays sous la bannière de la politique fondée sur la recherche de l’Authenticité zaïroise. Ce discours et cette politique ne laissèrent guère indifférents les Nations arabes auxquelles Mobutu avait témoigné sa solidarité notamment dans leur conflit avec Israël lorsqu’il déclara : « Entre un frère et un ami, le choix est clair », étant bien entendu que le frère c’était les Arabes et l’ami, Israël. Ni les Noirs américains et toutes leurs Communautés qui, comme leurs ascendants déportés aux Amériques depuis des lustres, étaient en quête de leur identité originelle depuis le dix-neuvième siècle et cherchaient à renouer leur cordon ombilical à leur culture originelle africaine. Et depuis, Mobutu reçut en visite à Kinshasa la visite de nombreuses délégations des Nations arabes et des leaders des Mouvements et Associations de défense et de promotion des droits civiques et politiques des Noirs et des peuples opprimés qui venaient lui présenter des félicitations pour son courage et solliciter en même temps son soutien dans leurs luttes. Mobutu fut ensuite auréolé par les victoires que, depuis lors, son pays aligna dans plusieurs domaines, surtout culturels et sportifs : l’Authenticité fut spécialement bien accueillie dans les pays d’Afrique et d’Amérique latine ; les Noirs des États-Unis d’Amérique virent en Mobutu un digne leader du Monde noir dont le combat pour l’émancipation des Congolais leur rappelait le souvenir du Dr Martin Luther King et d’autres leaders des mouvements qui luttaient pour la promotion et la défense des droits et libertés des Noirs dans le monde. Entretemps, les Léopards du Zaïre furent la toute première équipe africaine de football à accéder au tournoi final de la Coupe du monde en 1974, etc. c. Le combat du siècle Mohamed Ali avait toujours en tête l’idée de retrouver les sommets de la boxe où il avait longtemps trôné depuis sa victoire sur le terrible Sony Liston jusqu’à son interdiction de pratiquer la boxe. Le 22 janvier 1973, Joe Frazier qui détenait le titre fut détruit en deux rounds par un terrible colosse, George Foreman, un impitoyable puncheur invaincu en 40 combats dont 37 par K.O. Quant à lui, Mohamed Ali poursuivant son rêve de reconquérir le titre mondial de la boxe, réussit sa revanche sur Ken Norton, le 10 septembre 1973, puis sur Joe Frazier, le 28 janvier 1974. Et c’est bien ainsi qu’il devint de nouveau le challenger au détenteur du titre mondial, George Foreman. Don King, le promoteur noir américain de boxe, se mit en tête d’organiser le combat entre ces deux boxeurs hors du commun, Foreman, le champion en titre, et son challenger Mohamed Ali. Il promit à chacun de deux compétiteurs la somme de cinq millions de dollars américains alors qu’il n’en avait pas le moindre sou. Les États-Unis d’Amérique, son pays et aussi celui de deux pugilistes noirs ayant refusé d’assumer l’organisation de ce championnat du monde, Don King et une délégation d’hommes des Églises, de même que des politiques américains noirs, notamment des Sénateurs, furent reçus à Kinshasa par le Président Mobutu Sese Seko auprès de qui ils sollicitèrent et obtinrent qu’il sponsorise ce combat. Pour le Président Mobutu, il s’agissait de relever le défi au nom de la solidarité des peuples noirs. Car, comme il finit par l’avouer à Don King, « organiser ce prestigieux combat à Kinshasa, au cœur de l’Afrique, était un cadeau qu’il offrait au peuple zaïrois et un honneur pour l’homme noir ». C’est pourquoi, ayant en effet souscrit à la sollicitation de Don King, Mobutu finança l’intégralité des frais inhérents à ce championnat du monde. En même temps, il mit en place un comité sportif zaïrois à la tête duquel il plaça son ami, un ancien lumumbiste, Mandungu Bula Nyati (ex-Tony) pour accompagner Don King et son équipe dans leur travail d’organisation de ce combat au Zaïre. C’était la première fois qu’un événement de telle importance était organisé en Afrique. Et c’est bien ainsi qu’en octobre 1974, la République du Zaïre et son peuple, forts de leur hospitalité légendaire, reçurent les Américains à Kinshasa avec faste. L’enjeu était de taille. Mohamed Ali, représentant emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis fut adopté par le public zaïrois, en particulier kinois, pour son action en faveur de la cause des Noirs. Il allait croiser les fers avec George Foreman, le puncheur le plus redoutable et invaincu jusque-là, qui avait gagné la quasi-totalité de ses combats avant la limite par K.O. Face à lui Mohammed Ali qui est resté longtemps à la touche, pratiquement sans combattre, ne représentait donc qu’une bouchée dont on craignait d’ailleurs qu’il n’y perde la vie. Et c’est dans cette atmosphère que, le 30 octobre 1974, les deux boxeurs montèrent sur le ring aménagé dans le « Stade du 20 mai » de Kinshasa archicomble. Et que, pour l’éternité et la solennité de l’événement, le Président Mobutu du Zaïre posa au milieu d’eux, main dans la main. Alors, le combat pouvait commencer… Le monde entier était tout yeux tout oreilles tournés vers Kinshasa, capitale de la République du Zaïre, actuelle République Démocratique du Congo. L’événement était retransmis en direct sur toutes les chaînes de radio et de télévision américaines, européennes, asiatiques, australiennes et africaines, en un mot du monde entier. Au huitième round, le gong sonna : Mohammed Ali, la papillon, les mains en l’air, venait d’abattre le colosse, écroulé et gisant les quatre fers en l’air, sous le tapis. Et le monde entier n’en croyait pas ses yeux : Ali venait de reconquérir le titre mondial et ainsi de forger sa légende à Kinshasa. Don King obtint la consécration mondiale en tant que promoteur professionnel de boxe pour ce premier événement qu’il organisa à Kinshasa. Et Mobutu, couronné de succès, et tout le peuple zaïrois dans son ensemble étaient au zénith ! Quant aux commentateurs sportifs, ils avouèrent unanimement que le combat de Kinshasa était « le plus illustre des combats de l’histoire de la boxe », relevèrent que ce championnat du monde de Kinshasa, était « le plus grand combat de boxe anglaise de l’histoire », et, prétendirent à cet égard que « tous les superlatifs du monde (leur) parurent insuffisants pour qualifier l’affrontement » du 30 octobre 1970 à Kinshasa ! 3. L’étonnant silence de Kinshasa aujourd’hui autour de la mort de Mohammed Ali A peine la nouvelle de son décès était-elle tombée sur les téléscripteurs et reprise par les réseaux sociaux que les médias du monde entier s’en sont saisis et que leurs commentaires ont commencé à fuser de partout pour rappeler ce que fut réellement Mohammed Ali en balançant sur les écrans le film du combat historique que dans un contexte tout à fait particulier ci-dessus décrit, il avait été amené à livrer à Kinshasa, capitale de la République du Zaïre, actuelle R.D.C. On entendit des hommages en mémoire de Mohammed Ali provenir de partout, sauf du pays l’ex-Zaïre, qui avait pourtant organisé l’événement du siècle tant vanté ! Une infirmière d’origine gabonaise, voisine à l’un de mes petits frères, interpella : « votre champion de frère est mort » ! Mon frère lui répondit qu’Ali n’était pas Zaïrois, mais américain. Interloquée, la dame lui dit, « Mais quand j’étais petite à Libreville, mon père s’extasiait sur l’extraordinaire combat que votre pays avait organisé pour son sacre. Et personnellement, j’ai grandi, comme mes frères et mes sœurs, avec l’idée que le célèbre boxeur, Mohammed Ali, apprécié du monde entier, était d’origine congolaise » ! Pendant ce temps, des médias français, notamment Le Monde comme Radio France Internationale et France 24 ont fait parler certains Congolais, ex-Zaïrois, dont voici l’un des témoignages : Joseph Boucar Kassonga Tchiloundé, un de mes anciens confrères, actuellement Président de l’Union Nationale de la Presse congolaise (U.N.P.C.) cité par Le Monde, a dit que le souvenir qu’il « garde de ce combat, c’est avant tout la promotion de notre pays, la République Démocratique du Congo qui, à l’époque, s’appelait Zaïre. Lorsqu’il m’arrive de voyager et de me retrouver dans des pays comme la Corée ou ailleurs, quand vous citez la République démocratique du Congo, les gens parfois ne connaissent pas. Mais si vous dites Kinshasa, puis les gens vous s’interrogent : « Ali-Foreman » ? Vous voyez donc que c’est une grande référence qui demeure jusqu’à ce jour ». Et Le Monde d’ajouter : pour ce journaliste qui avait vécu l’événement aux côtés de mes excellents confrères défunts, Tshimpumpu wa Tshimpumpu, Basunga Nzinga et d’autres, c’était aussi un vrai enjeu politique. Pour lui, « C’était un enjeu politique très important, un enjeu de grande visibilité et de grand rayonnement du pays à travers le monde, car en effet, le Maréchal Mobutu n’a pas lésiné sur les moyens. Les organisateurs avaient demandé 10 millions de dollars, le Maréchal Mobutu a sorti 10 millions de dollars et le combat a eu lieu. Il y a eu même les grandes vedettes de la musique internationale qui se sont retrouvées ici. C’était une grande fête dans toute la ville de Kinshasa ». Pourquoi alors le silence des autorités politiques et sportives de Kinshasa autour de cet événement ? Et pourquoi n’osent-ils pas informer le peuple et surtout la jeunesse congolaise des exploits réalisés par les anciens ? Quel avenir construit-on aujourd’hui en République Démocratique du Congo en voulant maintenir la population dans l’ignorance de l’histoire glorieuse de leur pays ? Et pourquoi ceux qui se présentent comme analystes politiques ou écrivains ne s’avisent-ils pas, eux non plus, à faire quelque chose pour pallier à ces insuffisances et ces lacunes ? Quoi qu’il en soit, les membres de mon parti et mes amis savent ou sont informés qu’après que nous aurons décidé de nous mettre en ordre de bataille démocratique pour conquérir le pouvoir et mieux gérer en toute responsabilité et intelligemment les affaires nationales de notre pays, nous érigerons un imposant mémorial pour le « combat du siècle » dit « Humble in the jungle », en hommage à Mohamed Ali à l’entrée du « Stade du 20 mai » où il avait fondé sa légende pour entrer au panthéon du sport au point d’être considéré aujourd’hui comme « le plus grand sportif de tous les temps ».A ce sujet, en ce jour où il va être mis en terre, que les membres de sa famille, son jeune frère et ses enfants qui avaient foulé le sol de ce Stade historique du 20 mai au même moment que sa femme et lui, se le tiennent pour dit et fermement promis. Au nom du peuple congolais. Que son âme repose en paix ! Le Président du Mouvement Populaire de la Révolution MUKULUMANYA wa N’GATE ZENDA Ancien Ministre des Affaires Etrangères