Ne Muanda Nsemi : « Le respect du délai constitutionnel ne résoudra pas les problèmes créés par la Ceni »

Jeudi 4 juin 2015 - 13:10

Alors que l’attention de l’opinion rd congolaise reste tournée vers le respect du délai constitutionnel en rapport avec l’organisation des élections au pays, le député Ne Muanda Nsemi reste d’avis que la Ceni (Commission électorale nationale indépendante) ne dispose pas des atouts nécessaires pour la tenue de ces scrutins, conformément à son calendrier électoral. Et que d’autre part, le fait de ne pas vouloir être en dehors du délai constitutionnel, ne résoudra pas les problèmes créés par la Ceni.

L’honorable Ne Muanda Nsemi qui a rencontré le Chef de l’Etat Joseph Kabila hier mercredi 3 juin 2015 pour le compte de son parti politique Congo PAX, dans le cadre des consultations initiées par le président de la république, estime que pour le moment, la RDC a non seulement des problèmes pour prétendre aller aux élections, mais aussi, le travail présenté par la Ceni est très bâclé. D’où l’importance pour cette institution, de revisiter son calendrier électoral, du fait de certaines réalités sur terrain. Aller aux élections maintenant et avec tous ce qu’il y a comme difficultés en RDC, ne résoudra pas les problèmes des congolais.

La Ceni dit-il, doit corriger beaucoup des choses, de la même manière que pensent plusieurs autres congolais, en tenant compte des paramètres tels la paix, la stabilité, la cohésion nationale, pour que les hommes politiques et la société civile se réunissent, afin e dégager des nouvelles pistes et des nouvelles voies, qui bourraient servir à des élections crédibles et transparentes. Il n’est plus besoin pour lui, de jouer avec des mots comme ”report“, “glissement “. En d’autres termes, il ne faut pas avoir peur si l’on remarque qu’il y a des erreurs à corriger.

Parlant du dialogue, Ne Muanda Nsemi renseigne que dans la tradition africaine, le Chef de clan peut à tout moment consulter les membres qu’il juge être sages, pour discuter avec eux. A ce sujet, il accuse une certaine opposition de vouloir une chose et son contraire à la fois. “C’est sont les opposants qui avaient demandé à un certain moment au Chef de l’Etat, qu’il y ait un dialogue. Une fois que le principe a été acquis, ces mêmes personnes se rebiffent. D’où le souci du Chef de l’Etat de vouloir comprendre si tout le monde est du même avis. C’est ce qui justifie les consultations qu’il a initiées “, répond-il.

Quid du glissement ?

A une question sur la crainte du glissement, Ne Muanda Nsemi a rappelé l’époque de feu Marechal Mobutu, où les congolais pensaient que c’est lui qui incarnait le mal. Pour eux, il suffisait que Mobutu quitte le pouvoir pour que les problèmes du pays prennent fin. Mais curieusement, le président Mobutu est parti, mais la crise congolaise demeure.

Il a comparé la RDC comme un véhicule en piteux état, où on change régulièrement des chauffeurs, au lieu de remplacer le véhicule par un autre véhicule neuf. A l’en croire, la RDC est incapable d’organiser les élections crédibles et non contestables au plan régional et national avec tout ce qu’il y a comme problèmes, pour la simple raison que le schéma 1+4 issu de Sun City, n’a pas réussi à fonctionner correctement, et qu’il y a beaucoup des choses qui n’étaient pas réglées.

Il cite notamment le cas du fichier électoral de la Ceni, qui n’est pas à jour au regard des réalités sur terrain. En 2011 dit-il, il y a des congolais qui avaient l’âge de l7ans, mais qui sont devenus adultes. Il y a également d’autres congolais qui habitaient le territoire de Luozi en 2011, mais qui sont pour le moment à Mbanza-Ngungu. D’où l’importance pour lui, de revisiter le fichier électoral. En clair poursuit-il, des problèmes persistes et nécessitent des solutions appropriées, avant d’organiser des élections crédibles.

Quid du délai constitutionnel ?

Ne Muanda Nsemi croît qu’il faut faire attention au jeu des mots. Car sur le terrain, la Ceni a réalisé un travail bâclé. Les préalables pour les élections crédibles n’existent pas. “Comment alors organiser des élections dans des telles conditions “, se demande le président de Congo PAX, avant d’inviter les congolais de ne pas être des fanatiques des mots.

Pour Ne Muanda Nsemi, la Ceni devra présenter aux congolais un travail de qualité. Malheureusement dit-il, cette institution a présenté jusque là, un travail qui contient plusieurs erreurs. “ Le fait de ne pas vouloir être en dehors du délai constitutionnel, ne résoudra. pas les problèmes créés par la Ceni ».

A une question de savoir s’il va relayer ce message à ses pairs de l’opposition, Ne Muanda Nsemi n’a pas mâché ses mots : “ Dans ce pays, on a formé un gouvernement d’union nationale de 46 ministres, dans lequel la province du Kongo Central a été pratiquement ignorée, sans que cela soit relever par l’opposition “, dénonce-t-il, ajoutant que l’opposition est plurielle et n’a pas une position unique. D’où la conclusion selon laquelle, que chaque parti politique de l’opposition a un objectif qu’il poursuit, en fonction de ses propres intérêts. En dialecte kongo dit-il: “ La maison où vous n’habitez pas, c’est difficile de connaître les choses piquantes qui s’y trouve “. Et d poursuivre : « Je suis de l’opposition, mais après avoir parlé au parlement, je rentre tranquillement chez moi, sans avoir peur de la population; par rapport aux autres collègues qui ont sillonnent la ville toute la nuit, craignant des représailles », a-t-il conclu.

La Ceni respecte le calendrier électoral

Le vice-président de la Ceni, André Mpungwe, qui était à la tête d’une délégation des membres de cette institution, a déclaré que cette institution respecte jusque là son calendrier électoral. A l’en croire, la question liée à la modification du calendrier électoral, n’est pas encore à l’ordre du jour.

De son côté, M. Delphin Elebe Kapalay, président de la Commission d’intégrité et médiation électorale (CIME), s’est refusé de toute déclaration : “ L’heure n’est pas encore aux déclarations », a-t-il expliqué à la presse. Car dit-il, les médiateurs, - allusion faite aux membres de la CIME-, sont des personnes neutres et discrètes.
Par rapport au dialogue, il reste d’avis que la vie en elle- même constitue une symphonie de dialogue. “ En notre qualité des religieux, la prière est également une forme de dialogue avec Dieu “. Refuser le dialogue, poursuit-il, c’est refuser la vie, car le dialogue est un espace de tolérance, d’écoute de l’autre, de la liberté d’expression, mieux, de la démocratie qui en elle- même, constitue une expression de la tolérance, d’écoute de l’autre, du respect mutuel.
D’où la contribution de la CIME à l’émergence d’une culture démocratique en RDC. Cela dit-il, implique toutes les valeurs ci-haut énumérées.
C’est cela même la symphonie du dialogue “, a-t-il conclu.
A noter que le Chef de l’Etat Joseph Kabila est en train de consulter depuis le début de la semaine, les différentes personnalités et institutions du pays en rapport avec le dialogue qui pointe à l’horizon, dans le but de voir tous les congolais parler le même langage, afin d’aboutir à des élections consensuelles.

Par José Wakadila

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