Opportunité du dialogue politique : Angèle Makombo émet de sérieuses réserves

Mardi 22 décembre 2015 - 03:08

Comment rapprocher les points de vue des différents partis politiques afin de parvenir à un compromis pouvant, à terme, assurer une participation au dialogue politique inclusif en RDC ? C’est tout l’enjeu du Groupe du Manifeste pour le Salut de la Nation qui a mis, face-à-face, ceux qui soutiennent la tenue du dialogue et ceux qui s’y opposent. Le but de ce séminaire était d’approfondir la réflexion avec les représentants du régime et ceux de l’opposition politique sur l’opportunité ou non du dialogue. A l’issue de ce débat citoyen, il s’est dessiné une configuration du dialogue proprement dit. Des vérités ont été dites, de part et d’autre, même celles qui pouvaient choquer, du genre « Joseph Kabila, verrou principal. Il a tenu des discours qui ne rassurent pas le peuple. Depuis l’annonce, puis la convocation du dialogue, ces initiatives sont toujours bloquées par le même verrou».  Angèle Makombo, forte de ses convictions, a rappelé que ce dialogue où la classe politique finira par aller désamorcer la crise si, réellement, elle veut des élections apaisées, il faudra donc qu’elle se parle.

Médiation internationale et circonscription du processus électoral, ces deux concepts, éloignés de l’appel au dialogue, se sont imposés dans le débat politique organisé par le Groupe du Manifeste pour le Salut de la Nation. Sur le premier point, la résistance est vive. Angèle Makombo, Présidente de La Ligue de Démocrates Congolais (LIDEC), parti de l’opposition, et présidente d’une ancienne aile de l’opposition  républicaine rebaptisée ‘’Convention des Républicains’’ (CR), a préféré voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. «Nous avons toujours dit qu’on ne peut pas, en tant que politique, refuser le dialogue, mais nous voulons un médiateur international pour avancer».  Elle s’est appuyée sur les fonctions qu’elle a exercé pendant plus de 20 ans aux Nations Unies où elle a été Conseillère principale de Koffi Annan. Elle a prêché le dialogue, le pourparler, les bons offices et, donc, aujourd’hui : «Je ne peux pas me dédire car, il s’agit de mon pays», a-t-elle assuré, faisant passer en deuxième lieu ses inquiétudes de voir les discours du Chef de l’Etat du 28 novembre et du 14 décembre,  soulevés des préoccupations quant aux propos musclés  qui ne rassurent pas. Si les positions de CR se sont  suffisamment rapprochées pour permettre aux congolais de se parler, franchement, elles sont encore loin d’être en phase non seulement sur la circonscription du dialogue, mais aussi sur le respect de la Constitution. «La CR demande au Président Kabila d’écouter le peuple, y compris la société civile et l’opposition politique car, les gens ne sont pas rassurés. La population dit haut et fort que nous voulons le respect de la Constitution, toute la Constitution, rien que la Constitution», a fait savoir la Présidente de la LIDEC.

Elle a souhaité que le dialogue soit circonscrit sur le processus électoral. Nous savons, renchérit-elle, qu’il y a des questions épineuses qu’il faut évoquer au dialogue. «Il ne suffit pas de dire oui le travail entreprit est bon, il faut laisser continuer. Il ne s’agit pas du jugement sur le travail ou du bilan. Il s’agit de respecter notre loi fondamentale», a insisté Angèle Makombo, lors du débat citoyen.

En regardant les représentants du régime en face, elle explique que la peur d’aller au dialogue se justifie par l’idée qui se cache derrière et qu’elle cherche à comprendre. La raison, nous savons bien que l’environnement politique congolais est malade, atteint par le manque d’éthique politique. «Nous pensons que les gens qui seront au dialogue ne se verront pas  soudoyer leur conscience pour aller dans un sens ou l’autre. Car, notre histoire est jalonnée de vains dialogues», a-t-elle rappelé.

Elle a condamné l’organisateur du fait que les femmes n’ont pas été impliquées au Débat citoyen : « Dans ce genre de discussion et dans sa nature, la femme aime la réconciliation. On gagnerait si l’on implique plusieurs femmes autour de la table de discussion», a-t-elle exhorté.  A la CR, l’on pense que, a-t-elle dit dans son mot de la fin, le respect de la Constitution n’empêchera pas que des progrès soient réalisés dans la création d’une délégation d’opposants capables de tenir la route face au régime.

Peter Tshibangu