Ouganda, RDC et Rwanda : La Banque mondiale appuie les commerçants œuvrant aux frontières

Mercredi 30 septembre 2015 - 10:23

Dans la région des Grands Lacs africains, près de 80000 commerçants et leurs familles dépendent des échanges transfrontaliers. Ils seront les principaux bénéficiaires - en termes de sécurité alimentaire, de perspectives professionnelles et d’amélioration générale de leur bien-être - de l’opération de don et de crédit de l’Association internationale de développement (IDA). Cette opération, d’un montant total de 79 millions de dollars américains, vient d’être approuvée par le Conseil des administrateurs du Groupe de la Banque mondiale.

La Banque mondiale vient, une fois de plus, appuyer le Projet de facilitation des échanges commerciaux dans la région des Grands Lacs africains. Le principal objectif étant de faire diminuer le coût des échanges, supporté par une majorité des petits commerçants et des femmes dans les zones frontalières entre l’Ouganda, la République démocratique du Congo et le Rwanda. Dans un communiqué rendu public le 25 septembre, la Banque mondiale indique que « ce financement contribuera au développement de marchés régionaux à proximité des postes frontières et au déploiement d’infrastructures permettant de gérer le flux grandissant de biens, services et personnes.

Un volet de ce financement prévoit également de renforcer les capacités des agents aux frontières afin d’assurer la délivrance des services efficaces et de qualité.

Selon le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique, souligne Makhtar Diop, une approche régionale de la facilitation des échanges est indispensable pour appuyer les efforts de chaque pays. « Les trois pays des Grands Lacs couverts par ce projet rencontrent des difficultés similaires qui appellent une réponse collective et, à cet égard, les frontières sont la solution sous réserve qu‘elles soient sûres et permettent aux commerçants de travailler dans un environnement favorable », ajoute-t-il.

Pour de nombreuses communautés d’Ouganda, de la RDC et du Rwanda, les principaux débouchés commerciaux se trouvent de l’autre côté de la frontière. - Et le commerce transfrontalier informel joue un rôle important pour rapprocher les petits producteurs de marchés. Les postes frontières, à l’instar de la Petite barrière à Goma (RDC) que franchissent chaque jour en moyenne entre 20 et 30 000 personnes, peuvent devenir de véritables goulots d’étranglement pour un négociant souhaitant toucher de nouveaux clients.

La ministre congolais du Commerce, Néfertiti Ngudianza Bayokisa, a affirmé sa satisfaction à ce sujet. « Nous sommes satisfaits avec les échanges commerciaux de longue date entre nos deux pays, lesquels peuvent contribuer à forger la paix, la stabilité et la sécurité dans la région des Grands Lacs », a-t-il souligné.
Un avis partagé également par François Kanimba, ministre du Commerce et de l’industrie de la République du Rwanda.

Dans un communiqué conjoint, les deux ministres saluent la perspective de participation de nos pays respectifs au sein de la Zone de fibre échange tripartite Comesa-EAC-SADC.
Ils’ affirment accueillir l’élaboration d’un projet de facilitation du commerce dans la région des Grands Lacs.

SÉCURITÉ DANS LA RÉGION
Pour de nombreux experts, l’opération approuvée le 25 septembre contribuera à améliorer les infrastructures et installations commerciales clés pour permettre aux piétons, passagers et véhicules commerciaux de franchir les frontières rapidement et en toute sécurité. Elle renforcera également, affirment-ils, la sécurité des petits commerçants, avec la création de voies réservées aux piétons, l’installation de l’éclairage, des caméras et la construction d’entrepôts où stocker sans risque leurs marchandises. Ils sont d’avis que « ces dispositions réduiront les délais nécessaires au franchissement des frontières et à la conduite des affaires, offrant ainsi aux commerçants la possibilité d‘effectuer plusieurs rotations par jour et, ce faisant, d’augmenter leurs revenus ».

« Le projet approuvé aujourd’hui participera au renforcement de la sécurité dans la région en améliorant les niveaux de vie dans les zones frontalières, en facilitant les échanges transfrontaliers et en confortant l‘interdépendance économique entre ces pays, grâce à des infrastructures, des politiques et des procédures connectives », affirme Anabel Gonzalez, directrice principale du pôle commercé et compétitivité auprès de la Banque mondiale.

Les améliorations apportées aux infrastructures frontalières iront de pair avec une gestion et une gouvernance des frontières optimisées et le déploiement d’agents mieux formés. Ce sont là des aspects essentiels pour les petits commerçants, et notamment pour les femmes, souvent victimes de harcèlement et de violences physiques, sans par1er de l’extorsion de pots-de-vin. Les femmes sont un maillon essentiel du commerce et de la prospérité. Il faut donc leur permettre d’opérer en toute sécurité.

Ce projet défendra, pour ce faire, l’introduction des mécanismes opérationnels de gestion des plaintes et de résolution des différends, de renforcement de la sécurité et de réduction du harcèlement aux frontières.

Le Projet de facilitation des échanges commerciaux dans la région des Grands Lacs fait suite à une promesse de 2013 du président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yang Kim, à l’occasion d’un déplacement en Ouganda, en RDC et au Rwanda avec le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, dans le but de promouvoir la paix, la sécurité et le développement économique dans la région. A cette occasion, Jim Yong Kim s’était engagé à mobiliser I milliard de dollars supplémentaires pour la santé, l’éducation, la nutrition, la formation professionnelle et d’autres services essentiels en RDC et, plus largement dans les pays des Grands Lacs.

Par LP