Plan particulier d’aménagement, PPA Le Gouv Kimbuta recadre le boom immobilier à Kinshasa

Mardi 28 juillet 2015 - 10:10

L’Assemblée provinciale de Kinshasa a adopté le 17 juillet 2015 le rapport de sa commission socioculturelle sur le projet portant schéma d’orientation stratégique de l’agglomération kinoise.

Ce projet dit Plan particulier d’aménagement, PPA, de la zone nord de la capitale porte, en effet, sur les communes du centre-ville, Gombe, Lingwala, Barumbu et Kinshasa. Le gouvernement Kimbuta tient, en substances, à désenclaver la capitale qui s’est élargie de manière on ne peut plus désordonnée. Même l’écosystème en a fait les frais. L’agence nationale de météorologie et de télédétection par satellite a, elle, dit redouter la suffocation de la capitale. Il va bien falloir, tôt ou tard, raser des immeubles à Kinshasa afin de redonner à la capitale ses normes urbanistiques d’antan. Les voies habituelles de mouvements de vents sont perturbées par des immeubles qui champignonnent ça et là, dans la capitale, a indiqué la Metelsat. Il y a peu, avant la saison sèche, la capitale était en proie à une canicule que d’aucuns qualifiaient de sahélienne. D’après les experts de la Metelsat, les vagues de chaleur qui étouffent, par moments, les Kinois sont la conséquence médiate de ces constructions qui ne s’élèvent pas en harmonie avec les requis environnementaux. Les mouvements de vent qui émoustillent la ville de Kinshasa s’en trouvent fort perturbés.

La providence aurait-elle retiré ses faveurs à la R-dC. Notre pays n’est plus à l’abri d’une catastrophe écologique. Malgré la majestueux Congo, plus de 4.700 Km, et ses affluents, l’eau pourrait venir à manquer. Dans les dédales de l’Equateur, un groupe d’ados a improvisé une partie de foot sur le lit de l’Ubangi! Et voilà la REGIDESO de se plaindre des constructions le long et dans le fleuve.

Déjà, la Metelsat, a averti que le boom immobilier, certes l’un des principaux piliers de la croissance en R-dC, n’était pas cependant de bon augure à l’allure où sont construits ces immeubles. Le boom immobilier et les rentrées financières qu’il charrie mettent à rude épreuve la viabilité d’antan de la capitale. Les affaires ne marchent guère sans respect de la nature.
Avec 4.000 enfants qui meurent chaque année faute d’eau potable, la R-dC occupe la 9è place à l’échelle mondiale pour ce qui est de la mortalité hydrique. D’après le classement de Le Monde, la R-dC vient avant l’Ethiopie (48.729.000 habitants) pour son faible desserte en eau malgré les ressources importantes en eau douce.
La REGIDESO en incombe notamment la faute, concernant la desserte dans la capitale, à des constructions qui champignonnent le long et dans le fleuve Congo. L’entreprise des distributions des eaux a notamment mis à l’index les constructions dans le quartier UTEXAFRICA, entre les communes de la Gombe et de Ngaliema. L’on s’imagine naturellement d’autres constructions comme la Cité du fleuve, au large de Kingabwa, seraient aussi dans le viseur de la REGIDESO. Il y a encore quelques années, un bras de fer a opposé le promoteur de la Cité du fleuve, Robert Choudury, et la REGIDESO au sujet d’une conduite d’eau desservant, Kingabwa Grand Monde, endommagée suite aux travaux de construction d’une voie routière devant relier la Cité à la route des Poids lourds. Choudury aurait versé Usd 2000 pour réparer le dommage.
Ilots des Mimosas

Autres constructions à problème, celles en projet au large de Mimosas. Des îlots, apprend-on, auraient saucissonnés au profit des privés notamment d’anciens ministres et des députés.
Depuis 2010, le gouvernement engage une cagnotte de près de Usd 2 milliards pour la construction. Du fait, des initiatives privées, Kinshasa devrait davantage grouiller de gratte-ciels…plutôt de tristement célèbres tours de Babel, à se fier aux cris d’alerte et inquiétudes des experts. Bien avant la Metelsat –dont les prévisions font plutôt objet de moquerie dans l’opinion-, le BEAU- Bureau d’études d’aménagement et d’urbanisme-, avait prévenu du danger de suffocation, particulièrement du centre-ville de Kinshasa. Léopoldville, rappelle-t-on ici, a été bâtie par les colons belges, juste pour 400.000 âmes. Kinshasa actuelle regorge entre 7 et 9 millions d’habitants qui utilisent quasiment les mêmes infrastructures héritées de la colonisation, voici 50 ans. Les moderniser, comme s’emploie le gouvernement, n’est que cautère sur jambe de bois.
Le BEAU préconise plutôt l’extension progressive de la ville vers l’Est, d’ici 2020, avec un ambitieux plan d’urbanisation à l’appui. Qui malheureusement n’intéresse personne. Pour Victor Bongo, expert en urbanisme, ancien directeur au ministère des Foncières, le boom de construction à Kin est entaché de beaucoup d’irrégularités et est en marge des normes urbanistiques à cause des manques de collaboration entre, d’une part, le ministère de l’Urbanisme et Habitat et d’autre part, celui des Affaires foncières. Ce qui importe au ministère de l’Urbanisme, laisse-t-il comprendre, c’est la vente des autorisations de bâtir. Rien d’autre. La loi relative à la délivrance des autorisations de bâtir date de l’époque coloniale. Révisée en 1957, elle n’a de nouveau été toilettée qu’en 2005. Il revient aujourd’hui au ministre de l’Urbanisme et Habitat, seul, de délivrer des autorisations de bâtir des constructions en étages ou encore lorsqu‘il s’agit de grands projets comme Rakeen, près de la gare centrale. La délivrance d’un permis de bâtir est conditionnée par l’approbation du plan de construction par les experts de l’Urbanisme. Qui doivent régulièrement descendre sur terrain question de savoir de si le constructeur bâtit selon le plan approuvé. Ce qui n’est pas, bien souvent, le cas. Pour un immeuble dont la structure approuvée sur papier est de 2 étages, sur terrain c’est plutôt 4, 5 ou plus.
PALM