Djef Salumu, spoliateur et l’acquéreur Claude Kahato, cités comme principaux acteurs du nouveau drame que vivent les populations de la localité de Shonga, dans la province du Nord-Kivu. Désemparées, les victimes de la tyrannie accusent la Justice.
Une centaine de maisons des paysans a été brûlée récemment dans le territoire de Masisi, province du Nord-Kivu, condamnant ainsi des milliers de personnes à l’errance. Par ailleurs, dans la province voisine du Sud-Kivu, environ cinquante familles du village Mborero, à quelque dix kilomètres au Nord de la ville de Bukavu, vivent à la belle étoile depuis le 30 janvier dernier, renseigne Me Ephrem Iragi, avocat d’un plaignant cité par notre estimé confrère Africa News, dans son édition de mardi 08 mars courant.
Selon cet trihebdomadaire panafricain, la vente irrégulière des terres de la colline de Shonga serait à la base de cette situation qui a l’air d’un nouveau drame humanitaire dans le territoire de Masisi, berceau historique des rébellions dans cette province rd congolaise du Nord-Kivu. La colline aurait été secrètement vendue par le planteur Djef Salumu à un opérateur économique très liquide, Claude Kahato. Ces deux personnages auraient saisi le TGI/Goma pour squat.
A en croire Africa News, l’acquéreur Claude Kahato, fort de ses atomes crochues avec des magistrats du TGI/Goma, aurait gagné gain de cause sans procès. " Alors qu’on attendait une audience prévue le 15 mars en cours, un jugement clandestin a été rendu par défaut en faveur de la population le 15 septembre 2015 et signifié les 2 et 5 octobre 2015. Requinqué, Claude Kahato, considéré comme le protégé de la Justice, avait obtenu une réquisition de quelques éléments de la Police nationale congolaise (PNC) ainsi que ceux des Forces armées de la RD Congo (FARDC), en vue de déguerpir les occupants du site ", a-t-on appris.
Cependant, la population, consciente que le jugement rendu a été trafiqué, ne s’est pas laisser faire. Bien au contraire. Elle s’est plutôt opposée farouchement aux dix policiers et aux vingt militaires commis à leur déguerpissement. Sur place, les forces de l’ordre se sont heurtées à la résistance des paysans qui ne voulaient rien entendre. Et, face à ce souverain refus de la population à décamper, peut-on lire dans Africa News, les policiers ont recouru à des actes plus dissuasifs. " Tout en brandissant l’arme à feu, ces policiers et leurs compagnons Fardc, ont brûlé une centaine de cases appartenant aux paysans vivant sur la colline. A l’issue des accrochages, deux policiers ont trouvé la mort et quelques paysans ont été mis aux arrêts, avant d’être transférés à l’auditorat de Goma. Entre-temps, la colline querellée a été placée sous surveillance militaire ", a renchéri notre source.
Aussitôt informés, des Casques bleus de la Mission onusienne pour la stabilité en RDC (MONUSCO) s’étaient rendus sur les lieux, mercredi 02 mars, pour s’enquérir des faits. Selon notre source, cette présence des soldats de la Monusco a quelque peu soulagé les paysans naguère désespérés et sans aucun appui.
Cependant, grâce à une décision de l’autorité provinciale du Nord-Kivu, les occupants de la colline du village Shonga ont été rétablis dans leurs droits de propriété. Compte tenu de l’ampleur de la situation, M. Olivier Muhima, fils d’Eugène Muhima, ci devant fermier du même site spolié par Claude Kahato, s’est joint aux paysans pour une issue durable et définitive.
Principale actionnaire de la Société industrielle et agricole du Kivu (SIAK) et propriétaire de plusieurs domaines fonciers dans les deux provinces du Kivu, la famille Muhima a vu ses terres spoliées par le même Claude Kahato. Il s’agit essentiellement de leur domaine de Kirotshe, situé non loin de la localité de Shonga.
UNE CINQUANTAINE DE FAMILLES SANS ABRI A MBORERO
A l’instar de la centaine de cases incendiées à la localité de Shonga, dans la province du Nord-Kivu ; une cinquantaine de familles est sans abri à Mborero, village situé à environ 10 mètres au Nord de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu. " Ces familles ont été déguerpies et leurs habitations détruites par les Forces de l’autre ", renseigne à la presse, M. Ephrem Iragi, avocat d’une des victimes. Selon cet auxiliaire de la loi, 250 militaires sans aucun mandat, avaient pris d’assaut le site, avant de démolir des habitations de paisibles citoyens. " Les familles survivent sans abri. Personne n’a jamais accédé à l’acte de propriété. On ne sait pas quand il a été signé", déplore cet homme de droit. Laurel KANKOLE