Victime des dégâts que l’exploitation pétrolière cause sur l’environnement et l’écosystème de Muanda, la population de ce territoire de la province du Kongo Central pointe de plus en plus un doigt accusateur sur PERENCO REP, filiale de la société française PERENCO.
Et après l’assignation de cette société pétrolière devant le tribunal de commerce de Kinshasa/Gombe, en juin dernier, suite à une requête de M.Maurice FutiMweKono, dont la concession abritant 13.000 palmiers (plan cadastral N° 912) est non seulement spoliée par PERENCO REP, des voix s’élèvent de plus en plus à Muanda pour appeler à une action en justice en France contre cette société.
Les espoirs suscités parmi les autochtones de Muanda par l’enquête parlementaire initiée en 2012 par le Sénat congolais autour des conséquences néfastes de cette exploitation pétrolière étant restés sans suite, il faut craindre que les seuls intérêts de PERENCO REP dictent la loi à Muanda au détriment des populations de ce territoire situé au bord de l’Océan Atlantique.
Ces craintes sont d’autant justifiées que l’un des membres de la commission mise sur pied par le Sénat pour enquêter à Muanda, notamment le sénateur Flore MusenduFlungu, vient d’être élu Rapporteur de la Chambre haute du Parlement, en remplacement du sénateur Modeste Mutinga. Au cours de ce scrutin, le Sénateur Musendu a bénéficié du soutien de la Majorité présidentielle.
30 millions de dollars us de D.I. réclamés à PERENCO REP
Selon l’assignation à travers laquelle le requérant Maurice FutiMweKono a porté plainte contre la société PERENCO REP devant le tribunal de Commerce de Kinshasa/Gombe, ce propriétaire d’une vaste concession agricole qui paye les frais de la présence nocive des puits pétroliers à Muanda réclame 30.000.000 USD (trente millions de dollars américains) à titre de dommages et intérêts pour les préjudices subis.
Et cette assignation concerne aussi bien PERENCO REP que la société mère basée en France (PERENCO). Dans son assignation, le requérant indique qu’en plus des essences forestières et d’une plantation de café, cette concession agricole datant de 1945 et aujourd’hui spoliée par PERENCO REP comprend aussi 13.000 palmiers sélectionnés provenant du Centre de recherche agronomique de l’INERA/Yangambi.
Mais cet investissement est détruit suite à la présence des champs pétroliers de Liawenda comprenant seize(16) puits de pétrole, unpipe line et une station de récupération du pétrole brut installés. Pour le requérant, la pollution causée par cette exploitation pétrolière rend le sol impropre aux activités agricoles.
Selon FutiMweKono, 4600 jeunes palmiers de sa concession ont séché suite au tarissement de la rivière Mbuli. Car, après avoir foré plusieurs puits de pétrole, PERENCO REP a laissé couler plusieurs tonnes de terre dans cette rivière, affirme le requérant qui attaque la société pétrolière en justice. D’autres cas de destruction sont liés au déversement du pétrole brut dans la palmeraie et à l’écrasement de palmiers par les engins de la société pétrolière.
Après la RDC, l’affaire bientôt portée devant la justice en France
A défaut de trouver gain de cause devant les cours et tribunaux de la RD Congo dont on sait comment ils fonctionnent, des sources proches du collectif d’avocats qui défendent le requérant dans cette affaire n’excluent pas de saisir la justice française.
Surtout quand on sait qu’un célèbre avocat de nationalité française, notamment Me Jean-François Prevost, avocat au Barreau de Paris, fait partie des Conseils qui défendent le requérant dans cette affaire.
A travers une telle action, ce collectif d’avocats espère contourner le déni de justice et obtenir la condamnation de la société mère PERENCO dont le siège social est situé au numéro 7, rue de Logelbach, Paris 75017, en France.
La démarche pourrait même bénéficier du soutien de plusieurs députés nationaux et des sénateurs. Car, au parlement congolais, nombreux sont les élus qui condamnent la non rétrocession des royalties liées à l’exploitation pétrolière dans le territoire de Muanda et les effets néfastes de cette activité sur l’environnement, comme en témoigne le débat houleux suscité par la lettre que l’Alliance WOYO (ALLI – WOYO) avait adressée à la Chambre haute du Parlement en mai 2012.
Malheureusement, la commission d’enquête parlementaire mise sur pied après ce débat n’a plus fait signe de vie, abandonnant les populations autochtones de Muanda à leur triste sort.
Par Dieudonné Mbuyi K.