Président de la LINELIT Jérôme Bonso pour un nouveau fichier électoral

Mardi 17 novembre 2015 - 11:25

Réagissant en tant qu’expert au rapport rendu public par l’OIF,à travers une mission effectuée en RDC sur le processus électoral en cours, Jérôme Bonso est arrivé à la conclusion qu’il faut impérativement un nouveau fichier électoral.

Il se justifie du fait que le rapport brandi est déséquilibré à cause de l’absence des données émanant du Serveur back up que la mission n’a pu auditer, d’après lui. Il a d’abord fait la comparaison entre l’étude personnelle qu’il a menée sur le fichier électoral par rapport à celle rendue publique le jeudi 12 novembre dernier en établissant les convergences et les divergences.

Les faiblesses du travail de la mission de l’OIF ont été aussi établies. Sur base ces faiblesses il a tiré toutes les conséquences.

IV. FORCES du rapport d’audit du fichier électoral par OIF
L’audit du fichier électoral a constaté que le fichier électoral de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) pose problèmes d’ordre logistique.

Le fichier électoral accuse des faiblesses, il n’est pas inclusif et que sa révision pose problème. Le rapport de l’OIF a mis l’accent sur la nécessité d’intégrer les nouveaux majeurs et les Congolais de la diaspora dans le fichier électoral après avoir radié les doublons, les décédés, les policiers, les militaires, les enfants mineurs et les étrangers.

Le rapport a identifié 450.000 doublons résiduels, nécessitant les radiations supplémentaires de 250.000 à 300.000.

Le rapport a épinglé les problèmes d’ordre chronologique des opérations menées. Il y a absence d’empreinte relevée dans 2% des cas, il y a aussi absence de révision du fichier électoral. On doit poursuivre la réforme de l’état civil sur base d’un recensement général de la population en précisant les pièces valant preuve de nationalité.

Le rapport demande le renforcement des capacités du centre national de traitement (CNT) en termes de ressources humaines.

Selon le rapport des experts de l’OIF, il est possible d’organiser élections dans le délai constitutionnel si la volonté politique y est.

V. Faiblesses du rapport d’audit du fichier électoral par OIF

A. SERVEURS

Tout audit tant interne qu’externe du fichier électoral doit tabler sur deux supports informatiques ci-après :

1.1. Serveur central qui est logé dans le Centre National de Traitement des Données (CNT) se trouvant au quartier général de la CENI sur le boulevard du 30 Juin à Kinshasa/Gombe.

Il contient des logiciels de détection des doublons, des logiciels de gestion des bureaux des votes, des électeurs et s’occupe de la gestion de tous les comptes utilisateurs du CNT et la gestion des bases des données.
1.2.Serveur Back up ou serveur de sauvegarde, en cas d’incendie ou d’incidents au niveau du siège de la CENI.
Il convient de noter que le Serveur back up n’est pas logé au quartier général qui est le siège central de la CENI situé sur le boulevard du 30 Juin à Kinshasa/Gombe.

Question : les experts de l’OIF ont-ils accédé ou audité le serveur back up ?
Réponse : Nous doutons fort et nous sommes convaincus que la mission d’audit de l’OIF n’a pu auditer l’un des deux serveurs (serveur back up). Or l’accès ou l’audit du 2ème serveur (back up) qui contient les vraies données du fichier électoral enrichirait son rapport d’audit du fichier électoral en établissant la comparaison et la fiabilité des données récoltées dans deux serveurs.

Ainsi, le rapport d’audit du fichier électoral présenté par les experts de l’OIF souffre d’un déséquilibre technique inquiétant et compromettant.

B. BASES DES DONNEES

La fiabilité du résultat de l’audit du fichier électoral est tributaire de l’intégration dans la gestion de trois (3) Bases des données ci-après :
a) SQL serveur : gestion d’une partie des électeurs
b) Oracle version 9.1 : gestion de tous les électeurs de la RD Congo
c) Post Grass version 8.1 : gestion d’une partie des électeurs et des employés de la CENI

Il convient de noter que les trois bases des données ci-dessus sont intimement liées, il y a une interopérationnalité, c’est-à-dire une synchronisation des données entre les bases des données.

Question : les experts de l’OIF ont-ils intégré les trois bases des données dans l’audit du fichier électoral ?

Réponse : Non, le rapport final des experts de l’OIF indique qu’ils n’ont pas pu accéder ou intégrer une des trois bases des données, car l’agent de la CENI qui la détenait n’était pas disponible.

Conséquence : il n’y a pas eu la synchronisation des données entre les bases des données. Ainsi, nous risquons d’avoir une image tronquée des données.

Nous avons appris en philosophie que quand une des prémices est fausse, la conclusion risquerait d’être aussi fausse.

III. PERSPECTIVES

Le rapport d’audit des experts de l’OIF mérite un enrichissement en tenant compte des insuffisances techniques énoncées ci-haut et mérite d’être complété.

D’autres TDR sont à accorder à la mission d’audit de l’OIF pour intégrer les clauses de chronogramme, de la durée, de l’étude de faisabilité de la mise en œuvre du Fichier électoral et l’accès au serveur back up en passant par la prise en compte des trois bases des données sans lesquelles, la synchronisation des données entre les bases des données serait hypothétique.

IV. CONCLUSION

La mission d’audit de l’OIF du fichier électoral doit aider la classe politique congolaise, la CENI et les partenaires techniques et financiers à lever une option courageuse et réaliste pour la construction d’un fichier électoral inclusif non corrompu afin de produire des listes électorales fiables.

Le nouveau fichier électoral a aussi l’avantage de doter l’électeur d’une nouvelle carte d’électeur sécurisée, car la carte d’électeur actuelle identifie l’électeur par rapport à son ancienne province. Or, la RD Congo compte 22 provinces démembrées et 4 provinces non démembrées.

Fait à Kinshasa, le 16 Novembre 2015

Jérôme M. BONSO
Expert Electoral
Président/LINELIT