PRODUITS AVARIÉS À LUFU : L’ANGOLA S’EN DÉFEND !

Lundi 9 novembre 2015 - 05:59

Les produits avariés au poste frontalier de Lufu n’est pas une question spécifique de l’Angola comme pays ". Accusé de laisser entrer en RDC certains produits expirés par la province du Kongo Central, le pays d’Edouard-Do-Santos, à travers son ambassadeur accrédité à Kinshasa, balaye d’un revers de la main toutes ces accusations. Une réaction qui intervient dans le cadre de la célébration du 40ème anniversaire de son pays à l’indépendance ", conquise en 1975 avec du sang de tous les Angolais toutes tendances confondues après 14 ans de lutte armée contre le colonialisme portugais ".

" Il faut séparer le pays des commerçants ", explique l’ambassadeur de l’Angola en RDC. Pour lui, " toutes les marchandises qui traversent la frontière angolaise pour la RDC ne sont pas toujours sous la responsabilité des services angolais. A en croire Emilio Guerra, selon les principes internationaux, "seul la RDC a le droit d’ouvrir un colis qui lui est destiné ". 
Dans ses explications, l’ambassadeur angolais précise que d’autres marchandises qui traversent la frontière angolaise proviennent parfois d’autres pays qui choisissent l’Angola comme un pays de transit. "Le 18 novembre prochain, le Gouvernement angolais et congolais vont se retrouver autour d’une table à Luanda. Je pense que l’occasion sera offerte aux deux parties d’aborder certaines questions liées au commerce frontalier", espère-t-il.
Aussi, Emilio Guerra est d’avis que les Angolais ne sont pas les seuls importateurs des produits en direction de la RDC. Il cite les commerçants libanais, sénégalais… qui jouent un rôle déterminant dans la transaction entre l’Angola et la RDC. 
Le diplomate trouve mal que l’on pointe seul le poste frontalier de Lufu. " Il y a près d’une centaine des postes reliant la RDC à l’Angola. Et la plupart de ces frontières sont poreuses ", affirme l’ambassadeur citant le poste frontalier de Yema. 
"Ce qui ne nous facilite pas la tâche de gérer à bon escient le flux migratoire entre les deux pays", rappelant que c’est en 2007 que Luanda a demandé à Kinshasa de multiplier des stratégies pour réduire sensiblement l’immigration illégale. 
S’agissant de la question des réfugiés angolais sur le sol congolais, l’ambassadeur Emilio estime que " quand on est réfugié, on dépend d’abord du pays d’accueil et des Nations Unies. Il faut que toutes les parties concernées se mettent d’accord pour que l’opération soit organisée, mais ce sont les moyens qui manquent ". 
Emilio Guerra reconnaît aussi que cette opération des réfugiés s’avère très complexe parce qu’il faut filtrer ces réfugiés. "Dans le passé, nous avons détecté des gens qui n’étaient pas Angolais ni Congolais ", constate-t-il.

BAISSE DU BUDGET

Devant la chute vertigineuse du prix des hydrocarbures, l’Angola a pris des dispositions pour ne pas en souffrir. Emilio Guerra explique que « l’Exécutif angolais a revu à la baisse le budget de l’Etat 2015, établissant à 40 dollars américains le prix de référence du baril. Ce qui a eu comme conséquence une réduction de 50% des dépenses courantes de l’Etat et de 53% dans l’investissement public ".
Malgré cette réduction de ressources, précise l’ambassadeur angolais en RDC, l’Etat continue à assurer, sans rupture, l’essentiel de la " prestation des services publics et des services sociaux, et à garantir le fonctionnement normal des forces de Défense et sécurité". En vérité, précise Emilio Guerra, au cours des dernières années, la politique du Gouvernement consiste "à réduire la dépendance de l’économie du seul secteur du pétrole ". 
" Alors qu’entre 2002 et 2008, les productions pétrolières ont représenté, respectivement 46% et 58% du PIB, en 2014, elle a représenté à peine 35% ". En conséquence, pour l’année 2015, le taux de croissance initialement prévu de 7,8% a été ramené à moins de 4%. D’autre part, la baisse de devises en dollars a provoqué non seulement la baisse des importations en Angola, mais l’inflation de la monnaie locale. " D’où, l’augmentation des prix de produits alimentaires et autres ", ajoute l’ambassadeur Emilio Guerra.
Ce choc extérieur vécu en 2009 " nous a permis de mieux nous préparer face aux événements futurs identiques". Ainsi donc, l’Angola a pris des mesures sur la bonne coordination entre les politiques monétaire, fiscale et de change. " Ce qui a permis de réagir immédiatement pour stopper les graves effets de contagion de secteur à secteur ". L’ambassadeur Emilio Guerra soutient qu’ " en attendant, on a eu recours à l’entendement dans les limites du raisonnables. Dans ce cadre, des empruntes ont été obtenues auprès de certains pays et banques publics dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’eau, de l’électricité, des routes… " Rachidi MABANDU