RDC : la Conapac toujours dans la lutte contre la dévalorisation de l’Agriculture familiale

Jeudi 5 février 2015 - 12:38

2014 a été déclaré Année Internationale de l’Agriculture Familiale (AIAF) par la 76ème session de l’Assemblée générale de l’Onu, dans sa résolution n°66/222 du 22 décembre 2011 qui a recommandé à tous les pays de mettre en place des mécanismes appropriés pour célébrer cet événement et contribuer ainsi à la promotion de l’agriculture familiale, dont la constitution des comités nationaux de l’AIAF.

Pour les organisations des producteurs agricoles, ceci offre une opportunité pour mener des actions de plaidoyer pour la promotion de l’agriculture familiale (AF) en Rdc qui jusqu’à ce jour l’a abandonnée au tiroir des oubliettes.

Selon un document distribué par la Confédération Nationale des Producteurs Agricoles du Congo (Conapac) à la presse congolaise, depuis l’indépendance de la Rdc, l’agriculture familiale a été marginalisée et négligée dans les programmes de développement national.

Elle est accompagnée des images péjoratives la traitant d’archaïque, traditionnelle, improductive… pourtant c’est bien celle-ci qui nourrit, à plus de 90%, le peuple congolais, sans analyse préalable des causes de son état actuel.

Ces conceptions négatives n’ont pas été à l’avantage de ce type d’agriculture dans la prise de décision au niveau des instances politiques du pays dont certaines souhaitent même sa disparition en faveur des agro industries qu’ils jugent capables d’augmenter des revenus, de bien nourrir la population, de créer des emplois et de booster l’économie du pays.

» Cette vision est utopique car ces agro industries ne sont ni à mesure de nourrir la population, ni d’occuper la masse de population qui vit en milieu rural (plus de 70% de la population congolaise) et qui dépend entièrement de l’agriculture « , a martelé Rosalie Biuma, vice-présidente de la Conapac.

Tout en reconnaissant la faible production de l’agriculture familiale congolaise liée à différents facteurs (absence d’encadrement technique, la détérioration des routes de desserte agricole pour accéder aux marché, la dégénérescence des espéces végétales et animales, le changement climatique, l’accaparement des terres, la dégradation des sols, une politique peu inactive…), contrairement à d’autres systèmes d’exploitation agricole qui bouleversent les équilibres écologiques, l’agriculture familiale repose sur un ensemble de valeurs, de savoirs et de savoir-faire éprouvés qui contribuent à la préservation durable des ressources naturelles et de la biodiversité, a-t-elle ajouté.

L’AF et ses valeurs

Pour la Fao, l’agriculture familiale est un moyen d’organiser l’agriculture, la foresterie, la pêche, l’aquaculture et la production pastorale, qui est géré et exploité par une famille et qui dépend surtout de la main-d’œuvre familiale, y compris les femmes et les hommes. La famille et l’exploitation sont liées, co-évoluent et combinent les fonctions économiques, environnementales, reproductives, sociales et culturelles.

La loi n°11/022 du 24 décembre 2011 portant principes fondamentaux relatifs à l’agriculture, en son article 14, définit deux types d’agricultures familiales en Rdc, à savoir l’agriculture familiale et l’agriculture type familial. Est familiale, toute exploitation dont le personnel est constitué de membres de la famille de l’exploitant. Est de type familial, toute exploitation qui recourt à une main d’œuvre contractuelle et qui constitue une unité de production d’une capacité moyenne.

Au niveau de mouvements paysans, l’agriculture familiale fait allusion aux personnes (agriculteurs, pêcheurs, éleveurs, cueilleurs) dont la mise en valeur et la gestion de leurs exploitations sont assurées directement par la main d’œuvre familiale.

» L’agriculture familiale est bien plus qu’un simple modèle d’économie agricole : elle constitue la base de la production durable d’aliments pour améliorer la sécurité et la souveraineté alimentaires, la gestion environnementale du territoire et de sa biodiversité, source d’importantes dimensions culturelles de chaque peuple et, en définitive, pilier fondamental du développement intégrale d’une nation « , a soulève Rosalie Biuma.

Par Carroll Madiya