A la suite de l’opposition et de la résistance qu’oppose une partie de la majorité présidentielle, un troisième front de lutte contre la révision constitutionnelle vient de voir le jour en République Démocratique du Congo. Réunie hier à Kinshasa, sous l’initiative de l’ONG la Voix des sans voix, la société civile annonce vouloir mobiliser la population contre toute tentative de révision de la Constitution qui permettrait à Kabila de briguer une nouvelle magistrature en 2016. Une trentaine d’associations et d’ONG se mobilisent contre la modification de la Constitution
Après une première sortie en Avril dernier, la société civile, en République Démocratique du Congo, vient à nouveau réitérer sa position face au projet de révision de la Constitution que défend une partie de la majorité au pouvoir. Réunie, ce mercredi, dans la capitale congolaise une trentaine d’associations et d’Ong ont parlé d’une seule voix, non seulement pour augmenter les chances d’être entendues, mais aussi et surtout pour s’opposer à toute modification de la Constitution quelle qu’elle soit. Après l’opposition congolaise, et la résistance d’une partie de la majorité présidentielle, cette sortie de la société civile marque la naissance d’un troisième front d’opposition à toute idée de modification de la Constitution pourtant adopté récemment en Rdc.
La société civile en ordre de bataille
Non seulement la société civile s’oppose à toute idée de révision de la Constitution, mais elle demande que le débat sur le sujet soit élargi à l’ensemble de la société et qu’il n’y ait pas lieu uniquement au Parlement entre les partis politiques. Cette société civile reste convaincu que cette Constitution, pourtant adopté récemment n’a aucune raison d’être modifié. « Nous sommes une jeune démocratie. Nous devons pouvoir respecter d’abord les premiers engagements que nous avons pris. Il est important de respecter cela pour éviter qu’à tout moment, la Constitution soit révisée, selon le plaisir ou la figure de telle ou telle personne. Nous avons besoin de ce jeu démocratique, c’est-à-dire l’alternance, non pas pour accéder au pouvoir et s’en servir mais pour permettre, en fait, un changement profond », a déclaré Dolly Idefu, directeur exécutif de la Voix des sans voix et coordinateur de la réunion de ce mercredi. Déterminée à faire échec à ce projet, la société civile se met en ordre de bataille et annonce une série d’action à mener. Elles se sont mises d’accord sur une série de recommandations qu’elles veulent déposer au Parlement lorsqu’il reprendra les travaux, dans une quinzaine de jours et veulent également mobiliser la population contre toute tentative de révision de la Constitution. Elles demandent enfin l’appui des partenaires internationaux pour organiser les élections en République démocratique du Congo, en 2016.
Kabila a du souci à se faire…
C’est la conclusion à laquelle on pouvait aboutir au regard de la situation qui prévaut actuellement en Rdc. Indexé par une opposition qui voit en lui « un dictateur naissant » et qui lui propose, sans succès d’ailleurs, une sortie honorable du pouvoir, décrié par une partie de sa majorité présidentielle qui lui reproche de ne pas vouloir jouer le jeu démocratique, et surtout sommé par les Etats Unis et une partie de la communauté internationale de vite clarifier sa position, le président Joseph Kabila s’obstine à conduire à bout son projet de révision de la Constitution. Les adversaires en face sont non seulement de taille, mais peuvent facilement faire échec à cette initiative. De sources concordantes, une mobilisation générale serait en gestation. En effet, au fur et à mesure, les différentes provinces se mobilisent elles aussi pour empêcher cette révision constitutionnelle. Au Katanga, dans le sud-est, une réunion similaire s’est déroulée aujourd’hui. La société civile se mobilise mais pas seulement. L’un des partis de la majorité présidentielle, Solidarité congolaise pour la démocratie et le développement, a aussi organisé une manifestation contre la réforme de la Constitution, le week-end dernier. En clair le président Kabila doit avoir du souci à se faire.
Mawulikplimi AMEGEE