RESULTATS SUR L’ETUDE SUR LA MASCULINITE POUR LES AUTEURS : LA RELIGION, UN ÉLÉMENT MAJEUR DANS LA REPRODUCTION DE CE CONCEPT

Vendredi 11 septembre 2015 - 06:30

Avec l’appui de l’ONUFEMMES et de l’ambassade de la Suède en RDC, le gouvernement à travers le ministère du genre, famille et enfant a procédé à la restitution des résultats de l’étude sur la masculinité en RDC. L’une des auteurs de cette recherche Sylvie Ayimpam a fait savoir que la religion contrairement aux apparences se trouve être un élément majeur dans la reproduction de la masculinité hégémonique en RDC. Elle a souligné que les résultats de cette étude montrent que dans l’imaginaire collectif dans les provinces enquêtées qui sont le Kongo Central, Kinshasa, Equateur et Sud-Kivu. L’homme est appréhendé à partir des caractéristiques qui consacrent la masculinité hégémonique. Cela signifie qui font de l’homme le point central de la société, magnifient les pratiques de genre visant le patriarcat et la domination des hommes sur les femmes et exaltent la puissance dans le rapport de l’homme à l’homme.

Pour cette chercheuse, l’élément important à souligner est que toutes ces caractéristiques sont idéalisées et acceptées aussi bien par les hommes que par les femmes et sont le fondement de la violence exercées par les hommes tant sur les autres hommes. Sylvie Ayimpam est convaincue que ces perceptions et conceptions hégémoniques de la masculinité sont les produits d’un long travail de socialisation qui les a inscrites dans la conscience individuelle et collective en termes de schèmes de perception, de pensée et d’action.

A l’entendre, elles résultent d’un processus d’intériorisation des structures sociales objectives qui réalisent à travers une pluralité des cadres parmi lesquels se trouvent la famille, l’église, l’école, l’Etat, etc. Et de souligner, la religion contrairement aux apparences se trouve être un élément majeur dans la reproduction de la masculinité hégémonique en RDC.

Par ailleurs, les résultats de l’étude montrent que les relations de genre sont fondées sur le principe de la supériorité de l’homme et de son pouvoir patriarcal. Il en découle la norme selon laquelle, dans les domaines de la vie, la préséance revient à l’homme quel que soit le contexte, fait-elle remarquer.

S’agissant de la féminisation de la pauvreté, les résultats de l’étude soulignent que les hommes sont implicitement favorables à la pauvreté des femmes, parce qu’ils sont opposés à l’idée que les femmes puissent disposer de leurs revenus comme elles l’entendent, justifie-t-elle. Pour ce qui est de la domination et du contrôle des hommes sur les femmes, la majorité des hommes interrogés pensent qu’ils ont le pouvoir de décision et de contrôle sur les femmes qui leur doivent de la soumission.

Quelques recommandations
Parmi les recommandations de cette étude, les auteurs ont retenu notamment au niveau de la famille, il faut encourager les hommes à adopter les hommes à adopter les valeurs positives de la masculinité vis-à-vis de leurs épouses, de leurs enfants et des autres hommes, d’une part, et d’autres part, sensibiliser les femmes en tant que principal agent de socialisation à les transmettre aux enfants.

Aux églises, les chefs religieux sont exhortés à bannir les discours et pratiques qui favorisent les formes hégémoniques de la masculinité et travailler avec les comités des jeunes et les communautés ecclésiales de base en faveur de l’adoption des valeurs alternatives de la masculinité. Tandis que l’Etat est appelé à modifier les dispositions du Code de la famille qui font de l’homme le seul chef de la famille (articles 448 à 451) et leur remplacement par celles qui promeuvent le partenariat entre l’homme et la femme.

UNE ETUDE POUR LEVER LES OBSTACLES A LA REALISATION DE L’EGALITE DE SEXE
La ministre du Genre, famille et enfant a indiqué que l’étude menée sur la masculinité ambitionne de lever les obstacles à la réalisation de l’égalité entre les hommes et les femmes, en proposant une approche qui vise à la fois les fonctions spécifiques dans le rapport hiérarchique.

Bijoux Kat est d’avis que cette étude doit pouvoir mener à une meilleure compréhension théorique et pratique des résistances masculines, aux changements actuels dans les rapports sociaux de sexe. Et aussi fournir de cette façon quelques outils conceptuels permettant de contribuer à une plus large égalité dans ce domaine.

La suède qui a financé ce projet compte partager l’expérience de son pays en matière de l’égalité de genre. Son ambassadeur en RDC a déclaré que 40% de directeurs des départements au ministère des affaires étrangères sont des femmes. Et aussi 40% des ambassadeurs suédois accrédités à travers le monde sont des femmes.

Pour sa part, la représentante de l’ONUFEMMES en RDC privilégie la masculinité positive à tous les niveaux. « Ensemble, pour une masculinité positive, nous pourrons avoir un pape femme », a souhaité Françoise Ngendahayo. Mathy MUSAU