Ruberwa, Mbikayi, Bitakwira, Bonane… : RDC, les Pro-dialogue s’organisent !

Vendredi 18 décembre 2015 - 15:08

Il y a deux semaines, ils étaient à cinq. Aujourd’hui, ils sont une trentaine. Ils, ce sont les leaders des partis politiques et de la Société civile qui soutiennent l’idée du dialogue. Hier, jeudi 17 décembre 2015, lors d’un point de presse qu’ils ont animé à l’Hôtel Venus,  dans la commune de la Gombe, ces leaders ont réitéré leur volonté de prendre part au dialogue qui est, pour eux, la seule issue pour baliser le chemin de bonnes élections. Trois points étaient au centre de leur communication. Il s’agit, entre autres, de la restitution des faits liés à la  rencontre de l’Opposition avec l’Envoyé spécial du Secrétaire Général  des Nations Unies pour les Grands Lacs, Saïd Djinnit, du décryptage du  discours du Chef de l’Etat devant le Congrès et de  la problématique du dialogue. Chaque leader a donné sa lecture  des événements.

La grande nouvelle est qu’ils appellent tous ceux qui hésitent encore à rejoindre le train du dialogue pour le bien-être de la République. Prenant la parole devant l’assistance, constituée en partie,  des professionnels des médias, le Vice-président honoraire, Me Azarias Ruberwa a d’abord dit sa joie de constater qu’ils ont été rejoints  par un grand nombre des partis et regroupements politiques pour la défense de l’idée du dialogue. ‘’Il y a deux semaines, nous nous sommes exprimés devant la presse, nous étions à cinq.  Aujourd’hui,  je vois que le nombre s’est agrandi.   J’aimerais également vous saluer pour cette vision des choses. Il est possible que lorsque les hommes sont en divergences, ils  se retrouvent. Ils peuvent dégager des pistes de solutions pour trouver un accord. Lorsqu’il s’agit de la Nation, je pense que ne pas respecter le principe du dialogue, ça ne pardonne pas. Nous l’avons vu ailleurs. Nous le voyons encore au Burundi, où le pays est convié à un dialogue, mais après beaucoup de sacrifices, assassinats et pertes en vies humaines’’, a-t-il dit.

Ruberwa a fait savoir que leur coalition n’est pas une plateforme à proprement parler. ‘’Nous nous rencontrons pour proclamer nos convictions par rapport à la vertu du dialogue et nous allons le faire autant que faire se peut, pour que d’autres nous rejoignent. Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine ou une trentaine des partis politiques agréés.  Nous pensons que les semaines qui viennent, le nombre va s’agrandir non seulement avec les leaders des partis politiques, mais aussi avec  ceux de la Société civile. Quel que soit le camp ou nous nous rangeons aujourd’hui, même les partis politiques qui se sont exprimés dans le sens de ne pas aller au dialogue, nous profitons de cette audience,  pour en appeler encore au bon sens’’.

S’agissant de la rencontre avec Saïd Djinnit, Azarias Ruberwa a souligné que le tout s’est passé dans de bonnes conditions. Djinnit a écouté attentivement leur argumentation pro-dialogue. Selon Ruberwa, sa délégation a insisté sur l’inclusivité du dialogue. Djinnit aurait, à son tour, demandé que les uns et les autres se donnent des  garanties mutuelles. Pour Ruberwa et son groupe, il n’y aura aucun mal si Saïd Djinnit était désigné pour conduire le dialogue.

En ce qui concerne le discours du Chef de l’Etat, Azarias Ruberwa a reconnu que le pays a connu des avancées. Mais, il y a beaucoup de choses qui ne marchent pas. Dans sa conclusion, il a partagé une réflexion en disant que lorsqu’il y a impasse, il n’y a plus d’autres arguments qui puissent aider, sauf le dialogue.

Steve Mbikayi, un pro-dialogue

Pour sa part, le porte-parole de l’Opposition nationaliste,  Président du Parti Travailliste et  Député National,  Steve Mbikayi a fait une analyse objective du discours du Chef de l’Etat. Il a,  en outre,  subdivisé ce discours sur l’état de la Nation en deux parties : le bilan et le dialogue. En ce qui concerne le bilan, il a dit haut et fort que le Chef de l’Etat n’a pas présenté la situation telle qu’elle paraît. ‘’Par rapport au bilan, si on suit le Chef de l’Etat, quelqu’un qui n’est pas au Congo peut croire que les choses vont très bien parce que dans tous les secteurs. Très  souvent, le pouvoir nous parle aussi de la croissance, mais, si la croissance est là et que le peuple ne voit rien, donc cette croissance est partagée entre les gouvernants’’, a-t-il expliqué. Sans tergiverser, Steve Mbikayi a dit que la RDC est une Nation où le chômage bat son plein. Mais, malheureusement, le Chef de l’Etat n’a dit aucun  mot sur le chômage.

A ce niveau, ajoute Mbikayi, il y a des rapports qu’il considère comme  fantaisistes de la part du Gouvernement. Quand le Chef du Gouvernement entrait en fonction, dans son programme, il avait dit qu’on avait 80% de chômage au pays, et il n’y a pas longtemps, il a déclaré que nous sommes partis de 60% à 40%. Mais, je ne sais pas quand est-ce qu’on a quitté 80% pour 60% pour arriver à 40%. Et puis, ces emplois sont créés dans quel domaine ?  C’est dire que le peuple vit en contradiction avec ce que dit le Chef de l’Etat. C’est normal parce que quand le pouvoir fait son bilan, il ne peut que parler du bien’’, conclut le Député Mbikayi.

Comme pour terminer, il déclare : « Je me rends compte que sur le social, rien n’a évolué. Je prends le rapport du Pnud, Banque mondiale, FMI, en ce qui concerne le PIB par habitant où en 2014, nous étions 182ème sur 184 et en ce qui concerne l’IDH, l’année passée,  nous étions 183ème sur 184 pays, donc l’avant-dernier. Nous pensons que sur le plan du bilan, ce n’est pas trop positif».

Le leader de la Nouvelle Classe Politique et Sociale a, également, dit que  chaque parti politique, chaque plateforme peut avoir ses réactions par rapport à d’autres aspects. C’est l’aspect dialogue qui l’intéresse.

Le dialogue ou l’insurrection ?

Steve Mbikayi a dit sa joie de constater que le Président ait  réitéré sa volonté d’aller au dialogue. « Pourquoi ce dialogue ? Nous sommes à onze mois des élections présidentielles, si on tient compte du calendrier en ce qui concerne la fin du mandat du Chef de l’Etat. Nous nous rendons compte qu’il n’y a pas de calendrier. Et,  on ne voit pas clair par rapport à l’argent pour les élections. Nous sommes une opposition du centre, et nous lançons un appel à tout le monde pour qu’il y ait de la retenue. Il y a deux options face au blocage électoral. Ou on dialogue, ou alors c’est l’insurrection. Il y a un camp qui prône le dialogue, c’est le nôtre. Il y  a d’autres congolais qui prônent l’insurrection et nous, nous pensons que la voie de la sagesse, c’est le dialogue». Aussi, s’il faut se référer à son argumentaire, Steve Mbikayi pense que si les  troubles  commencent, tout sera englouti. « Voilà pourquoi,  nous lançons un appel pathétique à tout le monde parce que nous sommes tous des Congolais et c’est nécessaire que nous puissions nous rencontrer pour nous parler. Nous voulons le dialogue, pour aller aux élections prochaines, prendre le pouvoir par les élections démocratiques. Nous sommes prêts à discuter avec d’autres collègues qui sont contre le dialogue. Je suis contre la diabolisation. Toutefois,  ne pas soutenir le dialogue ne signifie pas vouloir, forcément,  le chaos ».

L’appel de Mushi Bonane

L’Honorable Mushi Bonane a, quant à lui, lancé un appel pathétique à tous ceux qui hésitent encore de venir au dialogue.

« Le politicien congolais, comme guide du peuple congolais, a maîtrisé cette valeur de protection, par tous les moyens et même jusqu’au sacrifice suprême, de la souveraineté nationale.  Nous appelons donc nos frères et sœurs de l’opposition à rejoindre ce camp. Les Congolais peuvent résoudre leurs  propres  problèmes  entre eux et ils sont jaloux de leur souveraineté».

La Majorité présidentielle est aussi invitée à cesser avec toutes manœuvres tendant à bloquer le processus du dialogue.

L’engagement de Bundu dia Mayala

Vice-président de Bundu dia Mayala, le Député Papy Miantezolo, très concis dans son adresse, a dit ce qui suit : ‘’Je voudrais rappeler que nous avions déjà accepté le dialogue depuis le 3 juin. Nous ne sommes pas les partisans de la Majorité présidentielle, mais nous sommes de ceux qui veulent sauver le pays du gouffre’’.

Serge Wello n’a pas oublié son invalidation

Serge Wello faisait partie du groupe de 32 Députés invalidés par la Cour suprême. Il soutient le dialogue.

L’appel de Bruno Bukasa

Un vétéran de la table ronde de Bruxelles, Bruno Bukasa, rappelle l’importance du dialogue. «Le dialogue est très important pour la vie même de la Nation. Parce que si la table ronde politique de Bruxelles a eu lieu, c’est parce qu’il y a eu dialogue au préalable. Je crois que nous devons nous mettre d’accord pour réfléchir sur l’avenir de ce grand Congo. S’il n’y a pas de  dialogue, c’est un chaos».

Mme Kimasi insiste sur la donne ‘’Femme’’ au dialogue

La voix  de la femme congolaise a été entendue aussi lors de cette activité. Madame Kimasi, qui a pris la parole au nom des femmes Présidentes des Partis politiques et leaders, a demandé la prise en compte de la femme lors du dialogue qui s’annonce. ‘’Nous avons un souci entant que femme, le souci de la paix, de l’unité et de la cohésion nationale. Si vous regardez dans cette salle vous verrez très peu de femmes.  Cela,  parce que très peu de femmes s’occupent des questions politiques. Mais, j’aimerais lancer un appel pathétique pour dire aux hommes que nous les femmes sommes pour le dialogue, mais s’il vous plaît, que l’on puisse tenir compte de la donne femme’’.

Justin Bitakwira parle d’un match sans arbitre…

Le Coordonnateur de l’Opposition citoyenne, Justin Bitakwira a déploré le fait que depuis un certain temps, on a tendance à croire que ceux qui refusent le dialogue se présentent comme les grands défenseurs de la Constitution. Ceux qui acceptent le dialogue sont perçus comme des gens qui veulent occasionner le glissement et veulent éterniser le Président Kabila au pouvoir. « Il n’en est rien. Nous nous sommes rendus compte qu’il y avait deux forces extrêmes. Si  on laissait ces  deux forces seules, c’est comme un match sans arbitre et notre force politique,  ici,  c’est de nous présenter comme l’arbitre du match.  Sinon,  la case allait brûler. Martin Luther a dit : «le monde est ma maison et nous nous disons : « la RDC est notre maison pour quelle que raison que ce soit, aucun individu ou groupe d’individus,  ne peut y mettre le feu et nous l’observons».

La Pros.