Sauvetage des économies en difficulté : le FMI recommande une action sur trois fronts

Jeudi 14 avril 2016 - 15:35
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Le Fonds monétaire international (FMI) prédit une année 2016 difficile, surtout pour ses membres très vulnérables à la suite de la chute des cours des matières premières. Des politiques monétaire et budgétaire engagées ainsi que des réformes structurelles courageuses seront nécessaires pour éviter la dérive, prédit le FMI, se tenant prêt à aider les membres qui solliciteront son aide, La RDC répondra-telle à l’appel ? Le passage annoncé du Premier ministre à Washington pourra élucider la question.

 

A Washington où se tiennent jus qu’au 17 avril 2016 les assemblées annuelles de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM), le sujet est sur toutes les lèvres.

 

Au moment se tiennent çà et là, dans la capitale américaine des séminaires précédents ces assemblées annuelles, tout le monde avait des regards fixés sur la publication, mardi 12 avril des perspectives économiques mondiales. C’est l’économiste en chef du FMI, Maurice Obstfeld, qui s’est chargé de présenter devant la presse les perspectives pour l’année 2016.

 

De prime abord, elles ne sont pas bonnes. Le contraire aurait étonné. Car depuis un temps, l’économie mondiale est dans la tourmente.

Pour cause, les experts pointent du doigt la Chine. Ainsi, il a suffi que l’économie chinoise s’essouffle pour que l’économie mondiale entre en transe. En 2016, le FMI prédit des résultats au minima.

 

Tous, note l’instance de Washington, devront batailler dur pour éviter une dérive à grande échelle. A commencer par des économies développées en passant par celles plus pauvres d’Afrique, personne ne sera épargné, prédit le FMI.

 

Comme David Lipton, premier directeur général adjoint du FMI, Maurice Obstfeld pense que le sauvetage de l’économie se jouera sur trois axes. Les pays ont besoin d’intensifier des actions sur les politiques monétaire et budgétaire ainsi que la poursuite des réformes structurelles.

 

Les «Perspectives de l’économie mondiale» mettent en avant une approche sur trois fronts, au moyen de leviers qui se renforcent mutuellement, à savoir des réformes structurelles, un accompagnement budgétaire reposant sur des mesures génératrices de croissance concernant tant les recettes que les dépenses, et une relance budgétaire en cas de besoin et si les marges de manœuvre le permettent et des mesures de politique monétaire.

 

DES PRÉVISIONS ALARM ISTES

Le FMI prévoit des taux de croissance de 3,2% en 2016 et 3,5% en 2017, soit une révision à la baisse de 0,2% et 0,1%, respectivement, par rapport à la mise à jour de janvier 2016.

« Moins de croissance, cela signifie moins de droit à l’erreur », a déclaré Maurice Obstfeld, relevant qu’« une croissance anémique persistante laisse des séquelles, qui ont pour effet de ralentir la croissance potentielle, et, du même coup, la demande et les investissements ».

 

Face à ces perspectives en berne, il importe de réagir avec vigueur, a souligné M. Obstfeld, ce qui implique une stratégie plus énergique sur trois fronts, alliant des mesures structurelles, budgétaires et monétaires. « Si les décideurs nationaux perçoivent clairement les risques auxquels leurs pays sont tous exposés et agissent ensemble pour s’y préparer cela pourra avoir des effets positifs considérables sur la con fiance à l’échelle mondiale », a ajouté M. Obstfeld.

 

En Afrique où des pays tels que la RDC affichent des taux de croissance bien au-delà de la moyenne subsaharienne, l’onde de choc de la morosité de l’économie mondiale ne manquera pas d’affecter les prévisions économiques.

 

Tout en gardant son optimisme, le FMI s’est dit cependant prêt à aider les plus fragiles à sortir indemne de la zone des turbulences. Mais, tout dépendra, a dit le FMI, de la volonté des Etats à solliciter ses services.

 

Est-ce que la RDC, qui se retrouve dans la même situation, saisira la main tendue du FMI ? A Kinshasa, le sujet n’est pas à l’ordre du jour. Un communiqué publié en début de semaine par les services de presse de la Primature en donne la preuve.

 

Toujours est-il que, à attendre Maurice Obstfeld, son économiste en chef, le FMI prédit des jours difficiles, extrêmement difficiles pour ses membres dont les économies sont fortement tributaires des matières premières. La RDC n’y est pas loin.

 

Le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, qui a promis pendant son séjour à Washington de « rencontrer le management aussi bien de la Banque mondiale que du Fonds monétaire international pour des échanges bilatéraux sur les programmes de développement du pays et la situation économique générale », ne manquera certainement pas d’approfondir la question.

 

Néanmoins, pour l’instant à Washington, les assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale se tiennent dans une ambiance tendue - chaque pays cherchant à s’abriter pour-prévenir des chocs de grande ampleur sur son économie. Jusqu’au 17 avril 2016 - date de clôture de ses assemblées annuelles - le FMI et la Banque mondiale sont sollicitées de toutes parts pour éviter une dérive incontrôlable de l’économie mondiale.

 

Par Faustin KUEDIASALA

Envoyé spécial à Washington