Série noire dans la presse congolaise : Babungu Mosolo n’est plus

Vendredi 13 novembre 2015 - 11:53

La série noire se poursuit dans la presse congolaise. Alors qu’ils étaient encore sous le choc de la disparition brutale d’Esther Malu Sabu, Directrice générale d’Afrika TV, les professionnels congolais des médias sont de nouveau secoués par le décès d’Antoine François Babungu Mosolo, intervenu le mercredi 11 novembre 2015. Ce Kinois de souche, qu’on appelait affectueusement « Babalu », avait passé le plus clair de sa carrière journalistique au quotidien « Salongo ».

Nous avions eu le privilège de partager un bout de chemin avec cet aîné dans la profession, au sein de la rédaction de ce journal, où nous l’avions trouvé en 1977 et, où nous l’avions laissé en 1993, pour poursuivre notre carrière ailleurs. Résident de Yolo, à côté de Chez Me Taureau, il paraissait éternellement jeune, alors qu’il était notre aîné de dix ans.

Le « vieux Babalu », comme on l’appelait en signe de politesse, avait pour spécialité le traitement des « kinoiseries », entendez les faits de la vie courante à Kinshasa. Casanier, il collectait et traitait pêle-mêle des faits divers, des nouvelles des communes (zones à l’époque du MPR/Parti Etat), des ministères (spécialement l’Enseignement Primaire et Secondaire), de quelques entreprises publiques (Office des Routes), etc.

Il était aussi un des grands spécialistes du « marbre », c’est-à-dire le travail de correction du journal la nuit à l’imprimerie, à l’époque où les textes étaient composés en « plomb » et les pages montées sur du vrai marbre, comme au 19me siècle. Ce travail de nuit commençait souvent vers 18 heures, par le « bâtonnage des dépêches » qu’on allait chercher à l’AZAP (Agence Zaire Presse), aujourd’hui ACP, pour se terminer par le « bon à tirer » de la dernière page, entre 4 et 5 heures du matin.

Alors que nous, les jeunes, gardions suffisamment de distance vis-à-vis de nos « chefs » et aînés, le « vieux Babalu » entretenait pratiquement des relations de copinage avec eux, notamment l’Editeur Bondo Nsama, le Secrétaire général Lubabu Mpasi a Mbongo (décédé), les Secrétaires généraux adjoints Polydor Muboyayi, Eddy Mavomo (décédé), Pierre Ndombe, Paul Musangi Ntemo, Théophile Kitambala Kulubich, Mbuyamba wa Nkongolo (décédé).

Il paraissait particulièrement lié à Polydor Muboyayi, qui habitait le même quartier que lui (Yolo) et qui était « imanien » comme lui. Il faut avouer que le précité était particulièrement proche des « quados », en sa qualité de superviseur des rubriques de sports, musique, Kinshasa, faits divers et miettes judiciaires.

            Babungu Mosolo était assidument « courtisé » durant toute la période réservée à la publication des résultats des finalistes de l’examen d’Etat, dont la primeur de la publication était alors réservée aux quotidiens «Salongo» et «Elima »ainsi qu’à l’AZAP. Ce sont tous ceux qui étaient intéressés par le sort d’un enfant, d’un frère, d’une sœur, d’un cousin, d’une cousine, du fils ou de la fille du voisin qui guettaient son retour de l’Inspection générale de l’Enseignement Primaire et Secondaire, avec les « palmarès ». Certains faisaient le guet aux encablures de la 9me et 10me rue, parce qu’il arrivait inévitablement par là. D’autres faisaient carrément le déplacement de Gombe, pour « être informés » à partir de la « source ».

            A l’époque où il n’avait pas de problème de santé, le « vieux Babalu » était un consommateur invétéré de la bière au « nganda » que tenait une certaine Nela (Marie Nela), une des compagnes de feu Dr Nico Kasanda, dans un tunnel de la 10me rue, à Limete, que nous avions baptisé «Mbandaka». Il était aussi un priseur de tabac très bien côté en la matière. Que son âme repose en paix.

            En attendant les funérailles, le recueillement est organisé chez son fils aîné, sur rue BABIRA n°3/bis (Référennce Arrêt Kapela 2, sur l’avenue de l’Université, à Yolo Sud).

                                     Kimp