Six provinces s’effacent … qui va payer les dettes ?

Mardi 21 juillet 2015 - 11:42

Au moment où des originaires d’une nouvelles province telle que l’Ituri se frottent les mains, à l’idée de tirer grand profit de leurs ressources minières et forestières, c’est l’attente angoissante de l’avenir dans d’autres. Tel est le cas de trois nouvelles provinces issues de l’éclatement du Bandundu, à savoir le Kwango, le Kwilu et le Maindombe. L’on a en effet appris, de la bouche du gouverneur sortant en personne, Jean Kamisendu, que l’ancienne entité qu’il dirigeait doit plusieurs mois d’arriérés de salaires à ses ministres et députés encore en fonction. Il y a aussi des arriérés salariaux et indemnités de sortie des ministres de plusieurs anciennes équipes gouvernementales ainsi que des membres de leurs cabinets d’appoint. En somme, l’ex-Bandundu est redevable de plusieurs centaines de milliers de dollars à l’égard des fils et filles du pays qui l’ont servi et le servent depuis 2006.

La situation est pareille pour l’ex-province de l’Equateur, où des ministres et députés provinciaux impayés depuis des années s’interrogent sur le sort qui va être réservé aux « droits.» et « avantages » liés à leurs fonctions. C’est la même chanson des salaires et émoluments non payés voici plusieurs années dans l’ex- Province Orientale, ainsi que dans l’ex-Kasaï Oriental et l’ex-Kasaï Occidental.

La question que les ayants-droit (ministres provinciaux, députés provinciaux, personnels politiques d’appoint, fonctionnaires provinciaux), se posent est de savoir qui va hériter du contentieux de leurs rémunérations non liquidées après l’éclatement, voici quelques jours, de leurs anciennes provinces en nouvelles entités territoriales décentralisées. Elle est d’autant préoccupante qu’à l’époque des onze provinces, certaines, notamment le Bandundu, l’Equateur, le Kasaï Occidental et le Kasaï Oriental, voire la Provinciale Orientale, étaient constamment à l’affût dé la rétrocession de 40%, souvent plafonnés à moins de 10%, en provenance du gouvernement central, à Kinshasa.

Et dès que cette manne tombait entre les mains des chefs des exécutifs provinciaux, c’était la gué-guerre avec les chefs des assemblées provinciales pour le partage du gâteau. Que de motions de méfiance n’a-t-on pas enregistrées contre des gouverneurs de province à l’Equateur, au Bandundu, au Kasaï Occidental, au Kasaï Oriental et en Province Orientale, à cause de la mauvaise utilisation supposée du modique appui financier de Kinshasa!

Des « fournisseurs » malades

En plus des ministres et députés provinciaux ainsi que de leurs personnels d’appoint plus que jamais certains de voir leurs arriérés de salaires et émoluments jetés dans les oubliettes de la République, on note une vive inquiétude dans le monde des « fournisseurs » des services et biens divers aux anciennes provinces aujourd’hui effacées de la carte géographique nationale. A quelle porte vont-ils devoir frapper pour recouvrer les factures des matériels et intrants des bureaux livrés aux administrations provinciales il y a cinq ans ou six mois et dont le paiement, jusque-là hypothétique, parait aujourd’hui impossible?

A qui devraient s’adresser les formations médicales, les pharmacies, les fermes agricoles, les hôtels, les restaurants, les compagnies aériennes, les sociétés de téléphonie cellulaire, les banques, ales transporteurs terrestres... ayant fourni des services, à crédit, au nom des administrations provinciales, aux ministres et députés provinciaux, aux membres de leurs familles, aux personnels politiques d’appoint ?

Dettes de la République ou des provinces ?

Les dettes contractées par les anciennes provinces actuellement disparues, vont-elles être verstes dans le fourre-tout de la dette intérieure ou dans celui des actifs et passifs de nouvelles entités provinciales décentralisées ? On a entendu un ancien de la territoriale affirmer que chaque dette devrait être canalisée vers la nouvelle entité pour le compte de laquelle elle avait été contractée. Mais, au nom de quel principe la nouvelle province de l’Equateur, du Kwango, du Lomami ou de l’Ituri serait obligée de prendre en charge les factures des travaux d’infrastructures, des soins médicaux, des services traiteurs, des voyages, de logement dans des hôtels, libellées au nom de provinces qui n’existent plus ?

Ce serait peut- être le lieu d’évoquer la fameuse caisse de péréquation pour le règlement, ‘par le gouvernement central, de l’héritage des dettes que viennent de lui léguer ses anciennes entités territoriales. Mais si les personnes physiques et morales ayant presté pour le compte des anciennes administrations ne rentrent pas dans leurs droits, ce serait un mauvais signal pour les nouvelles provinces, auxquelles personne ne pourrait plus faire confiance pour des services ou biens à livrer à crédit. Or, la pratique la plus courante chez nous ve.it que les services publics, nationaux ou provinciaux, pallient les urgences en recourant aux emprunts.

Par Kimp

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