Trois jours d’émeutes à Kinshasa !

Vendredi 23 janvier 2015 - 15:10

* La même situation vécue à Bukavu, Uvira et Goma

* Deux gouvernements incapables de rétablir l’ordre et la tranquillité publics dans la capitale du pays

Malhabile de par son impéritie et sans nul doute manipulé à outrance par le régime politique en place à cause, de sa très grande perméabilité à la corruption, l’Assemblée nationale a pris sous sa responsabilité l’initiative malheureuse de voter, lundi dernier, pour le projet de loi électorale légitimement contesté par l’ensemble du peuple congolais !

Initié par un groupuscule de personnalités politiques influent régulièrement sur les décisions de hautes sphères du pouvoir au pays, ce projet de loi électorale est venu à la rescousse de la famille politique à laquelle appartient Joseph Kabila qui reste déterminée à prolonger la présence de ce dernier à la tête du pays après l’échec de la tentative de réviser la Constitution ou d’en établir une nouvelle pour lé même objectif avant l’échéance butoir du 19 décembre 2016.

Mais l’Assemblée nationale avait pris l’initiative très risquée de voter pour “ sa nouvelle loi électorale sans compter avec e refus du peuple congolais de se laisser frustrer de ses droit et prérogative de se choisir librement ses dirigeants !

C’est ainsi que pour exprimer leur désapprobation mais aussi et surtout leur colère vis-à-vis de ce qui apparait à leurs yeux comme un mépris et une injure grave à l’endroit de la nation, les habitants de 24 communes de la ville de Kinshasa ont répondu massivement à l’appel de forces politiques et sociales acquises au changement pour dire ” NON “ à l’initiative du pouvoir et à ses partisans.

En effet, lundi le 19janvier, de longues colonnes de personnes de tout âge aux mains nues scandant des slogans hostiles à la dictature renaissante en RDC ou faisant l’apologie de régimes démocratiques en Afrique et dans le reste du monde sont parties de leurs communes respectives avant d’atteindre leur point de ralliement ciblé, à savoir le Palais du peuple où les députés nationaux de la Majorité au pouvoir s’apprêtaient déjà à voter pour le projet de loi électorale légitimement contesté par l’ensemble du peuple congolais !

Au cours de cette journée particulièrement mouvementées, des unités de la police nationale et de forces armées ont pratiquement razzié toutes les communes, à commencer par celle du Mont-Ngafula où elles s’en sont prises à des dizaines d’étudiants avant d’effectuer une descente musclée à la permanence urbaine de ‘Union pour la nation congolaise (UNC) dans la commune de Kasa-Vubu où Vital Kamerhe a eu la malchance d’être séquestré pendant de longues heures avant de retrouver la liberté!

Véritable chasse à l’homme !

 Tout au long de la nuit de lundi comme au cours des deux jours et deux nuits suivants, toutes les 24 communes de la capitale, sont devenues des théâtres d’une véritable chasse à l’homme dirigée par les services secrets du gouvernement, les unités de la police répressive et celles, bien identifiées, de forces armées proches de la Présidence de la République (cfr l’adresse de l’Archevêque de Kinshasa aux autorités de la RDC qui invite ces dernières à arrêter le massacre de compatriotes innocents et sans défense).

En effet, on a vu lundi et mardi soir plusieurs véhicules sillonner les ruelles obscures de communes de la capitale pour aider à des rafles de civils dont plusieurs avaient été jetés à bord sans ménagement avant d’être conduits les poings et les pieds liés à des destinations inconnues !

Malgré la violence inouïe dont les unités de la police, de forces armées et de sécurité ont fait montre contre les forces politiques et sociales acquises au changement, le gouvernement central et le gouvernement provincial ont été incapables de rétablir l’ordre et la tranquillité publics dans la capitale dès le premier jour de l’éclatement des effervescences populaires de lundi, mardi et mercredi derniers !

Alors que leur rôle consisterait à jouer à l’apaisement, le gouvernement central multipliait des reportages radiotélévisés (sic !) au cours desquels il s’évertuait à décrire sa supériorité sur les manifestants aux mains nues tandis que le gouvernement provincial se plaisait tout simplement à organiser des caravanes motorisées pour encourager la population à vaquer à ses occupations habituelles mais sans fournir la moindre preuve du retour à la normale sur toute l’étendue de la capitale qu’il ne contrôlait plus !

Bukavu, Goma et Uvira dans la danse !

 Mais le gouvernement central a feint d’oublier que ce qui s’est passé jusque hier à Kinshasa a eu des retentissements dans les régions de l’arrière-pays où des manifestations à caractère politique d’une extrême gravité pour le régime en place ont eu lieu simultanément à Uvira (mardi), à Bukavu (hier mercredi) et à Goma où rien, en tout cas, ne plaide en sa faveur.

A Goma plusieurs morts et blessés sont signalés, à Bukavu un commissariat .de police a été complètement détruit et des éléments de la police ont eu leurs oreilles arrachées tandis que des étudiants (ont rapporté qu’ils sont de l’ISTM) ont été conduits dans le coma à l’hôpital après avoir été sauvagement battus par des policiers en courroux. On signale partout des scènes désolantes de pillage à l’initiative des éléments de la police suivis des foules irrésistibles de civils tandis que des morts en surnombre sont signalés dans la ville de Goma !

Par KAMBALE MUTOGHERWA