UDPS ET G7 : LE CERCLE ANTI-DIALOGUE S’ÉLARGIT

Mardi 13 octobre 2015 - 09:16

Deux mammouths politiques viennent de grossir les rangs des opposants au dialogue politique préconisé par le chef de l’Etat. Présentée comme la dernière carte du chef de l’Etat dans le chemin qui mène au dialogue, l’UDPS d’Etienne Tshisekedi a fini par se rétracter. Ce grand parti d’Opposition s’est plié à la forte pression interne de ses « combattants ». Comme pour corser le ton, le G7, qui fait ses premiers pas dans l’Opposition, s’est clairement affiché, lui aussi, contre le dialogue. Avec ce ciel politique lourd, y a-t-il encore de raison suffisante de croire en la tenue du dialogue ? Dans la Majorité, on ne désespère pas, alors qu’en face, le cercle des opposants à cette « grand-messe » nationale s’élargit inexorablement.

 

         Le chemin qui mène au dialogue paraît plus que jamais tortueux. Présenté comme le rendez-vous de la dernière chance pour des élections libres et apaisées, le dialogue politique, promis par le chef de l’Etat plonge de plus en plus dans l’incertitude.

A Kinshasa, le pouvoir a cru s’accrocher à l’UDPS pour faire sauter le verrou qui obstruait le chemin vers le dialogue. Les pré-consultations engagées aussi bien à Kinshasa qu’en Europe entre, notamment les délégués de l’UDPS et ceux de Joseph Kabila, étaient censées baliser la voie au dialogue. Jusqu’à ce communiqué de l’UDPS datant du 13 septembre 2015, tout le monde était convaincu de la pleine disponibilité de ce parti politique d’opposition d’embarquer enfin dans le train du dialogue. Hélas ! De Bruxelles où il séjourne, le lider maximo de l’UDPS a, en date du 13 septembre 2015, déjoué tous les pronostics. C’est par un communiqué signé de sa propre main qu’Etienne Tshisekedi a annoncé la suspension de tous les contacts avec le camp de Kabila dans la perspective d’un probable dialogue.

Dans ce communiqué, Étienne Tshisekedi lançait un appel pressant « à toutes les forces politiques et sociales acquises au changement, de s'unir afin de poursuivre les objectifs recherchés au travers du dialogue », qui se définissaient, selon lui, en termes d’«organisation d’un processus électoral crédible et dans un climat apaisé ; l’élaboration d'un calendrier consensuel et qui tienne compte des délais constitutionnels ; le transfert pacifique du pouvoir, dans le respect de l'expression de notre peuple ».

A Kinshasa, le retrait de l’UDPS des pré-consultations a bouleversé tout le schéma initial mis en place dans la perspective d’un dialogue politique. En effet, l’UDPS d’Etienne Tshisekedi passait pour le dernier fusible que le chef de l’Etat avait entre ses mains pour réussir enfin « son » dialogue.

Toujours est-il que l’UDPS avait choisi son camp, estimant ne plus être disposée à faire route avec Kabila.

Le parti d’Etienne Tshisekedi vient de durcir le ton, en confirmant son opposition au dialogue, dans un communiqué daté du 9 octobre 2015 et signé à partir de Bruxelles par son président.

En effet, l’UDPS reste fidèle à l’option qu’elle a levée le 13 septembre 2015 lorsqu’elle a décidé de suspendre sa participation aux pré-consultations avec les délégués du chef de l’Etat, Joseph Kabila.

Dans ce nouveau communiqué, on peut lire ce qui suit : « L’Union pour la démocratie et le progrès social, par la voix de son président, réconforte son communiqué officiel du 13 septembre 2015 fait à Bruxelles et réitère son appel à toutes les forces politiques acquises au changement, de faire bloc avec l’UDPS. L’objectif est l’organisation d’un processus électoral crédible et dans un climat apaisé ; le respect des délais constitutionnels ; le transfert pacifique du pouvoir, dans le respect de l’expression de notre peuple ». Sans doute, pour éviter toute interprétation qui s’écarterait de la ligne tracée par le parti, Etienne Tshisekedi précise, dans ce même communiqué, que « toute déclaration en contradiction avec ce communiqué officiel n’engage que son auteur ». C’est tout dire.

Déjà à l’époque, Félix Tshisekedi, cadre de l’UDPS, ne s’empêchait pas de souligner que l’offre de l’UDPS ne résisterait pas à l’épreuve du temps. Le secrétaire national de l’UDPS en charge des Relations extérieures invitait ainsi le camp présidentiel à se hâter afin que les travaux du dialogue se tiennent le plus rapidement possible. La MP ayant traîné les pieds, l’UDPS a ainsi décidé de retirer son offre.

Cerise sur le gâteau

Comme si cela ne suffisait pas, le G7, cette nouvelle plate-forme politique née de la dissidence qui s’est créée au sein de la Majorité présidentielle, a rejoint le camp de ceux qui s’opposent au dialogue.

Ouvertement rangé dans l’Opposition, le G7 a, dans une déclaration faite le week-end dernier à Kinshasa, estimé que « le dialogue politique promis depuis 6 mois n’a plus aujourd’hui de raison d’être, car il ne servirait qu’à retarder inutilement par de petits arrangements les aspirations légitimes du peuple congolais à l’alternance prévue en 2016 ». Le G7 nuance, par la suite, en relevant que « si concertation il doit encore y avoir, il appartient à la Ceni – à la Ceni seule – de s’y employer dans le cadre habituel qu’elle a mis en place de manière à dégager le consensus et la mobilisation la plus large des forces politiques et sociales pour le respect de la Constitution ».

Le dialogue est-il alors compromis ? Dans les rangs de la Majorité présidentielle, on continue de garder espoir. Cependant, cet espoir s’effrite et fond comme neige au soleil. La fronde de G7, suivie de la démission de Moïse Katumbi du PPRD embarrassent la Majorité présidentielle. Pire, le retrait, depuis le 13 septembre 2015, de l’UDPS de la table des discussions pour un dialogue avec les délégués du chef de l’Etat a fait peser un sérieux hypothèque dans la tenue de ce forum.

C’est vrai que dans ces conditions, il devient de plus en plus hasardeux de croire encore en la tenue d’un quelconque dialogue. A moins que la Majorité au pouvoir décide de faire cavalier seul, en embarquant, comme avec les concertations nationales de 2013, certains partis alimentaires de l’Opposition. Mais, les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’on ne devait pas, dans cette éventualité, atteindre l’objectif ultime de la Majorité qui demeure, quoi qu’on dise, le glissement par le dialogue.

 

La dynamique de l’Opposition, l’UDPS et le G7 qui constituent le gros des troupes depuis un temps du front du refus, sont persuadés que le camp présidentiel voudrait d’une grand-messe d’applaudisseurs, avec l’unique objectif d’accorder une nouvelle légitimité en dehors des urnes. Ce qui est contraire à l’esprit et la lettre de la Constitution.

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