Un minibus 207 écrase une élève sur la marche piéton

Mercredi 29 avril 2015 - 07:58

* Et si l’on interdisait de circulation les bus « Esprit de mort » ? Le projet des passerelles sur le Lumumba est-il mort dans l’œuf ?

Un vieux bus de marque Mercedes 207 a tamponné une élève, avant de se renverser. La victime est morte déchiquetée sur- le-champ. Le drame s’est produit en début d’après-midi de lundi 27 avril, sur le Boulevard Lumumba. Précisément à la 12ème rue Limete à Kinshasa. Le corps morcelé de la défunte a été par la suite rassemblé et conduit à la morgue de l’Hôpital Saint Joseph, situé à quelques centaines de mètres du lieu du sinistre.

Selon les témoins oculaires de cet événement macabre, la pauvre fille se tenait debout sur les traverses pour piétons. Elle s’apprêtait donc à traverser la route et rejoindre ses amies qui se trouvaient déjà de l’autre coté de la chaussée, peu avant elle. Hélas ! C’est là qu’un minibus 207 roulant à vive allure l’a fauchée. Inconsolables, les amies de la jeune fille, toutes en tenue scolaire et en pleurs, rampaient sur l’herbe sauvage bordant la chaussée. La même consternation a été visible sur les visages des passants, témoins de la tragédie et qui n’ont pas pu contenir leurs larmes.
Aussitôt alertés, des éléments de la Police de circulation routière (PCR), se sont vite rendus sur le lieu du drame. Mais, ils ne pouvaient rien faire. Juste dégager d’abord l’épave dudit minibus qui encombrait la chaussée, avant d’établir un Procès verbal de constat. A en croire les témoignages recueillis sur place, le minibus 207, communément appelé " Esprit de mort " dans les rues de Kinshasa, provenait du côté du Grand marché et se dirigeait vers l’Echangeur. Selon une source policière, " l’excès de vitesse et le non-respect du Code de la route seraient à la base de cet accident.

QUID DES PASSERELLES SUR LE BLD LUMUMBA ?
La tragédie du lundi 27 avril à Limete a aussitôt relancé le débat sur la construction des passerelles à certains endroits du Bld Lumumba. Dans l’une de ses précédentes éditions, « Forum des As » avait déjà anticipé la même problématique. De mémoire, des milliers de lecteurs du quotidien de la 11ème rue se rappellent sans doute ladite chronique. Compte tenu de l’état actuel de certaines principales artères élargies de la capitale, le journal avait estimé qu’il était urgent de jeter des ponts aériens à certains endroits de forte affluence. Sur le Bld Lumumba, par exemple, il ne serait pas déconseillé d’avoir des passerelles devant le collège Saint Raphaël, à la 7ème rue et la 12ème rue Limete.
Au-delà de l’Echangeur, on devrait jeter les mêmes ponts à l’entrée Abattoir de Masina, à Bitabe (Marché de la Liberté), à Pascal puis à Kingasani terminus. L’argument n’est pas que ces ouvrages participeraient à la beauté architecturale des routes nouvellement construites. Possible. Mais ce serait un but secondaire. L’avantage principal est que ces ponts s’inscrivent dans le cadre des stratégies visant à réduire les risques d’accidents de circulation, parfois bêtes, déplorés sur cette artère.
Quelque deux semaines après sa publication, « Forum des As » s’était réjoui de constater que la préoccupation des Kinois dont il avait fait l’écho, tendait à se matérialiser. Trois projets de construction de passerelles avaient aussitôt été mis en marche à Limete. D’où, les raisons d’une joie légitime, non seulement des habitants de Limete, mais aussi et surtout, de tous les usagers de ces tronçons du Bld Lumumba. Malheureusement. Plusieurs mois après, ces chantiers se sont avéré une simple illusion. A l’intérieur des tôles qui entourent les sites choisis (7ème rue, 13ème rue et saint Raph), il n’y a rien. Bien pire. Les travaux n’ont jamais connu un début d’exécution. Pourtant, les pancartes placées à chaque chantier, présentaient des passerelles d’une " nouvelle génération ", lointaines arrière-petites-filles de celles construites sous le régime du Maréchal Mobutu.
A tous égards, l’accident survenu le lundi dernier à Limete n’est pas unique en son genre. Plusieurs autres drames du genre se sont produits par le passé. Et, généralement, ce sont ces mêmes minibus qui ne peuvent plus circuler ailleurs, mais qui, paradoxalement, assurent près de 70% de transport en commun à Kinshasa. Plusieurs fois, des voix se sont élevées pour pousser les autorités urbaines à prendre des mesures coercitives. Notamment celles portant interdiction de circulation de ces engins roulant qui distribuent gratuitement la mort dans les rues de la capitale. Hélas. La première tentative de l’Hôtel de ville prise l’année dernière dans ce sens avait soulevé une sorte de grogne sociale dans la capitale. Depuis, les autorités de la ville, craignant que la situation ne dégénère, sont revenues sur leur décision.
En lieu et place d’une interdiction formelle de ces minibus vieux de plusieurs décennies, un contrôle technique avait été imposé à tous les automobilistes. Mais toujours est-il que nombreux ont été des conducteurs de véhicules réfractaires. Surtout ceux de ces bus malaimés, tristement célèbres sous un code générique de " 207 " et, fabriqués pour la plupart, avant la réunification des deux Allemagnes.
Laurel KANKOLE