Un notable de Ngandajika écrit à Joseph Kabila

Mercredi 25 mars 2015 - 11:07

Fustigeant le rattachement de ce territoire à la future province de Lomami à travers une pétition déposée au parlement

Le nouveau découpage de la RDC en 26 provinces soulève aussi des vagues de protestations au Kasaï Oriental suite au rattachement de Ngandajika et Mwene-Ditu à la future province de Lomami, alors que les deux territoires ont toujours été administrativement, culturellement, et sur le plan linguistique attaché à la ville de Mbuji-Mayi, chef-lieu du Kasaï Oriental.

Face à cette situation, M. Mulundu Kabeya Kamwena, notable de Ngandajika et initiateur d’une pétition introduite depuis longtemps au parlement et signée par 100.000 personnes, a décidé d’écrire au chef de l’Etat.

Dans une lettre ouverte datée du 21 mars 2015 adressée à Joseph Kabila, Mulundu Kabeya rappelle à celui-ci l’existence de cette pétition introduite conformément à l’article 218 de la constitution.

Tout en rappelant que le territoire de Ngandajika a toujours appartenu à l’ancienne province du Sud-Kasaï depuis 1960, et que le fait de le rattacher à la nouvelle province de Lomami sans que le parlement examine la pétition introduite à ce sujet serait une violation de la constitution.

Mulundu Kabeya sollicite dans sa lettre l’implication du chef de l’Etat, afin que » les droits des Baluba, peuple pacifique et respectueux des lois du pays, ne soient pas arrachés injustement « .

Ce notable propose enfin trois pistes au Président de la République en sa qualité de Garant de la Nation.

Il s’agit soit d’amener le parlement à examiner la pétition et de rattacher le territoire de Ngandajika à la province du Kasaï Oriental, soit de surseoir à l’applicabilité de ces limites litigieuses entre le Kasaï Oriental et le Lomami, soit encore de consulter par voie référendaire les Baluba à ce sujet.

Ci-dessous l’intégralité de cette correspondance.

Expéditeur: Mulundu Kabeya Kamwena

Kinshasa, le 21/03/2015

Monsieur le Président de la République à Kinshasa

Monsieur le Président,

Vu que je n’ai pas la possibilité de vous contacter physiquement à cause de vos multiples et lourdes charges de traiter les dossiers concernant la vie de la nation, j’ai jugé bon de m’adresser à vous par cette voie de presse.

Le problème qui me pousse à vous écrire par ce biais est celui de la fixation des limites de 25 provinces, notamment de la province actuelle du Kasaï Oriental à laquelle j’appartiens.

Ces limites telles qu’elles sont fixées par le parlement ne correspondent pas à la réalité socio-économique de ma province.

Depuis l’accession de notre pays à son indépendance en 1960, la province de Baluba du Kasaï Oriental, province anciennement appelée » Sud-Kasaï » avait les 3 grandes régions Tshilenge, Ngandajika et Mwene-Ditu.

Vu le danger qui planait sur nos têtes, nous avons déposé notre pétition contenant les signatures de 100.000 personnes au parlement National (ASSN et SENAT), qui suivant ce que l’art 218 de la constitution exige de déposer la pétition contenant 100.000 signatures des personnes au parlement.

C’est en respectant cette disposition constitutionnelle que nous avons déposé notre pétition contenant plus de 100.000 signatures des personnes auprès de ce pouvoir législatif national pour demander que le territoire de Ngandajika soit attaché à notre future province du Kasaï Oriental parce qu’en 1960 il appartenait à notre ancienne province appelée le Sud-Kasaï.

En outre, je vous informe, Monsieur le Président de la République, que la province de Lomami avait ses régions que voici : Kabinda et Lubao et jamais au delà.

Notre pétition à ce sujet fut déposée à l’époque où Monsieur Boshab fut Président de l’Assemblée Nationale.

Nous les Baluba du Kasaï Oriental nous nous apercevrons que ce parlement n’a pas tenu compte de notre pétition, et cela, Monsieur le Président, nous ne pouvons pas l’accepter.

Monsieur le Président de la République, quand vous jetez un coup d’œil sur la carte comprenant les 25 provinces, vous aurez la peine de voir cette province très minuscule du Kasaï-Oriental réservée au peuple Luba.

Monsieur le Président, tant que cette pétition n’est pas respectée par le Parlement et tant que le territoire de Ngandajika n’est pas rattaché à notre province, nous continuerons toujours à le réclamer.

Monsieur le Président, le principe selon lequel chaque district se transforme automatiquement en province n’est pas constitutionnel et n’est pas prévu par l’article 2 qui a crée ces 25 provinces.

Cet article annonce simplement la création de 25 entités provinciales.

La preuve en est que la province du Bas-Congo qui a à son sein les districts : districts de la Lukaya, du Bas-Fleuve et des Cataractes n’a pas été démembrée en trois(3) provinces.

La constitution a maintenu son unité géographique. C’est pour montrer que cette disposition de la constitution n’a pas stipulé expressément que chaque district devient automatiquement une province, elle a tout simplement créé les 25 provinces sans faire référence aux districts.

Monsieur le Président, j’aimerai que ce Parlement vous dise pourquoi il n’a pas démembré la province du Bas-Congo en 3 provinces, chaque district devenant automatiquement une province ?

Nous les Baluba, nous sommes un peuple pacifique et nous voulons respecter les lois de notre pays, mais nous refusons que nos droits nous soient arrachés injustement.

Vu que ce Parlement a failli à sa mission de respecter l’article 218 de la constitution, nous recourons à vous, Monsieur le Président de la République, pour solutionner ce problème. En votre qualité de Président de la République vous avez la possibilité d’envisager les 3 pistes de solutions que voici :

¢ Soit ordonner à ce Parlement d’examiner notre pétition et de rattacher ce territoire de Ngandajika à la province du Kasaï Oriental

¢ Soit sursoir à l’applicabilité de ces limites litigieuses entre la province du Kasaï Oriental et la Province de Lomami

¢ Soit consulter par voie de référendum les Baluba pour connaitre leur opinion sur ce cas précis.

En vous adressant cette missive, je suis sûr qu’en votre qualité de Garant de la paix et de l’équité entre toutes les provinces, vous examinerez cette question avec tout le sérieux voulu pour que le droit du peuple Luba du Kasaï Oriental qui est aussi votre peuple soit respecté en rattachant son territoire de Ngandajika dans son giron naturel qui est la province du Kasaï Oriental et que la province de Lomami garde des régions de Kabinda et Lubao comme ce fut le cas en 1960.

Sur ce, je vous prie, Monsieur le Président de la République, d’agréer l’expression de mon profond respect.