Voyages des députés : Minaku esclave des textes

Lundi 21 décembre 2015 - 11:47

Le pèlerinage de quelques députés nationaux de l’Opposition à l’île de Gorée continue d’accaparer l’actualité en République démocratique du Congo. Le président de l’Assemblée nationale s’est trouvé, parla’ force des choses, au cœur de la polémique pour avoir délivré des autorisations de sortie ou des ordres de mission aux « Goréens ». La vraie question qu’il faille se poser est celle de sa voir si la loi reconnaît à Aubin Minaku le droit de refuser ce précieux sésame aux députés qui en font une demande motivée et en apparence dénuée de tout soupçon. En cette matière, Aubin Minaku est lié parles textes. Le contraire est justement l’arbitraire, la violation de la loi.

 

Le voyage de quelques députés de l’Opposition et des activistes de la Société civile au large de Dakar, dans l’île de Gorée, livre de nouveaux épisodes chaque jour qui passe. Du haut de la tribune, Aubin Minaku a eu l’outrecuidance de lire un rapport des services qui livrait les dessous de ce que les « Goréens » auraient appris lors de trois jours passés dans l’île de Gorée. Il a indiqué qu’il s’agissait d’un apprentissage aux techniques de l’insurrection. Au passage, le speaker de la Chambre basse a aussi égratigné ses collègues qui, au lieu de faire preuve d’assiduité aux travaux à l’hémicycle, se sont donné le vilain plaisir de chercher des voies et moyens pour déstabiliser les institutions de la République démocratiquement mises en place et dont les mandats courent encore!

 

Se fondant sur ce rapport des services, il a considéré la gravité des faits et a laissé s’ouvrir un débat sur la motion incidentielle du député Laurent Muzangisa. A la fin, il a conclu que le bureau suivra l’affaire conformément à l’article 195 de la Constitution qui lui (bureau) reconnaît e droit de représenter la Chambre basse pendant l’intersaison.

 

Il n’en fallait pas plus, pour que les personnes concernées, une fois de retour au pays, montent au créneau et accusent Aubin Minaku d’avoir délivré des autorisations de sortie à chacun des députés. « Par là, les députés visés ont voulu démontrer que le speaker de l’Assemblée nationale connaissait les tenants, les aboutissants et tes dessous de leur déplacement à Dakar », dénonce un conseiller du président de l’Assemblée nationale. « Il n’en est rien », poursuit-il. Selon son témoignage, pour leurs voyages particulièrement hors du territoire national, les députés doivent obtenir du bureau une autorisation de sortie. Une prérogative reconnue au deuxième vice-président de l’Assemblée nationale. « Mais, des abus ont été constatés, tout comme des carences », confie notre source. Pour cette raison, le président Minaku a récupéré cette responsabilité afin que tout se passe suivant les règles de l’art, c’est-à-dire dans le respect des lois de la République et du règlement intérieur de l’Assemblée nationale.

 

Dans la pratique, le député qui sollicite une autorisation de sortie motive sa demande. Soit pour des raisons médicales, visites familiales, ou une invitation en bonne et due forme. Pour les pèlerins de l’île de Gorée, quelques-uns avaient obtenu leurs autorisations «sur la base de l’invitation de la sérieuse fondation allemande Konrad Adenauer, avec une raison licite à l’appui, un atelier sur la démocratie, les élections en Afrique subsaharienne ».

 

Sur cette base, comment voulait-on qu’Aubin Minaku ne signe pas des autorisations de sortie, « lui qui est esclave du respect des textes? », s’est interrogé notre interlocuteur.

 

D’autres députés qui se sont retrouvés à l’île de Gorée avaient sollicité des autorisations pour des visites familiales ou des raisons de santé, «mais se sont curieusement retrouvés au Sénégal ». D’autres sont sortis pour participer aux travaux du sommet sur le climat de Paris. A qui donc la faute, si les élus déclarent une chose et font une autre loin du pays, échappant totalement au contrôle du président du bureau, indique notre source.

 

LES DÉPUTÉS DOIVENT S’ASSUMER

Notre source est catégorique là-dessus : « les députés concernés doivent s’assumer et non se rabatte sur le président Minaku, comme s’il l’avait associé à leur projet de déstabilisation des institutions de la République ainsi que lui-même l’avait dénoncé publiquement du haut de la tribune du Palais du peuple ». Des éclairages qui poussent à croire que détenir une autorisation de sortie signée par le président ne fait de ce dernier complice ou coauteur des actes délictueux éventuels que les bénéficiaires poseront. Les députés sont invités à s’assumer, non seulement devant l’opinion, mais aussi face à leur responsabilité politique d’acteur.

 

« C’est de la malhonnêteté que d’associer de près ou de loin le président Minaku dans l’aventure de Dakar, parce que sa signature sur les autorisations de sortie est voulue par la loi ». « Il aurait suffi qu’il refuse de signer des autorisations de sortie, pour que les mêmes l’accusent de violation de la loi, et même si les choses marchent depuis qu’il avait pris ses responsabilités en cette matière, les quorums de siège ne souffrent plus », a conclu notre interlocuteur.

 

Par LP