Il s’est tenue en ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, du mardi 1er à ce mercredi 2 octobre 2019, un forum sur les initiatives nationales de la prévention de l’apatridie en République Démocratique du Congo et les particularités de ce fléau de manque de nationalité à l’Est du pays, une région qui enregistre depuis plusieurs années des cas des déplacés internes suite aux conflits armés répétitifs.
Deux jours durant, des experts de l’Organisation des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), de la société civile, de experts en communication sur l’apatridie ainsi que des personnalités politiques venus de Kinshasa, de l’Ituri et du Nord et Sud-Kivu, ont échangé dans ce forum avec comme objectif général de « prévenir l’apatridie en RDC via l’enregistrement des naissances pour faire valoir les droits les plus basiques des populations vulnérables ».
Parmi les objectifs spécifiques, il y avait entre autre :
- De s’assurer d’une coopération active et régulière sur le terrain, ainsi que des évaluations régulières des bureaux d’état civil dans les territoires ;
- De comprendre cette question du manque d’identité, les risques que courent le citoyen congolais par manque de carte d’identité et par le fait de ne pas être en mesure de prouver son identité ; et
- D’élaborer un plan d’actions prioritaires à mener pour prévenir les risques d’apatridie à l’Est du pays, une zone constamment sous l’emprise des conflits armés.
« On n’a pas eu de recensement en RDC depuis 1984, ce qui fait qu’aucun congolais n’a une pièce d’identité aujourd’hui, des gens utilisent des cartes d’électeurs, permis de conduire, et beaucoup de personnes n’ont pas d’actes de naissance pour prouver leur rattachement à la RDC, il y a donc beaucoup de risques d’apatridie en RDC, voilà pourquoi nous demandons à l’Etat de recenser sa population et d’améliorer le cadre juridique nationale pour avoir des règles appropriées pour réglementer la question des apatrides », a dit à 7SUR7.CD Déo Bitakuya Kamanda, administrateur national associé à la protection du bureau du Haut-Commissariat pour les Réfugiés (HCR) à Kinshasa.
Selon le HCR, « la question de la documentation de la crise identitaire a été à la base de plusieurs conflits en RDC du fait que certaines personnes qui se sont retrouvées désavouées de la nationalité par leurs entourages, se sont lancées dans des activités criminelles ».
Pour y remédier, cette agence de l’ONU dit accompagner l’Etat congolais notamment dans le renforcement des capacités de plusieurs bureaux d’Etat civil, des officiers, des acteurs de la lutte contre l’apatridie ainsi que des instances gouvernementales pour que l’apatridie soit un sujet « transversal et approprié à la communauté pour permettre des sensibilisations communautaires de masse ».
Le problème d’acquisition du certificat de nationalité (qui est exclusivement délivré dans la capitale du pays) a longuement été débattu, plusieurs participants ont émis le vœu de voir le système être décentralisé afin de permettre à tout congolais de l’intérieur du pays d’accéder à ce document et ainsi réduire le risque d’apatridie en RDC.
Un souhait partagé par Jean-Bosco Sebishimbo, ministre du Nord-Kivu en charge de l’administration du territoire, l’intérieur, et qui a représenté le gouverneur de province pour la circonstance.
« On a peut-être peur qu’en décentralisant ça, des gens vont facilement accéder à la nationalité congolaise, mais il faut qu’on décentralise ça. Il est temps de briser cette peur, les nations qui nous entourent sont développées que la nôtre et on a envie d’y aller. On ne doit pas évoluer en vase-close comme si la nationalité congolaise était extraterrestre », a dit Jean-Bosco Sebishimbo au micro de 7SUR7.CD.
Glody Murhabazi, à Goma