Le Prix Nobel de la paix 2018, le docteur Dénis Mukwege, a, dans un message parvenu à 7SUR7.CD ce mardi 10 décembre, dressé le bilan d'une année de plaidoyers menés après son sacre à Oslo, en Norvège.
Globalement, le gynécologue congolais dit noter avec satisfaction plusieurs évolutions, à savoir :
- Le lancement du Fonds Mondial pour les survivantes le 30 octobre 2019 à New-York (USA) ;
- L'engagement de chefs d'Etat et de gouvernements de G7 lors du sommet de Biarritz en août dernier à mettre en oeuvre leurs recommandations relatives à la lutte contre les violences sexuelles dans les conflits ;
- L'adoption de la résolution 2467 du conseil de sécurité des Nations-Unies qui met l'accent sur le besoin de reconnaissance et de prise en charge des enfants nés du viol, d'adopter une approche centrée sur les victimes, et aussi de renforcer les mécanismes des sanctions ;
- La mise en place d'un Réseau Mondial des survivantes dans un contexte où de plus en plus les femmes rompent le silence et dénoncent le viol ainsi que la violence sexuelle ;
- L'organisation d'un 1er congrès de la Chaire Internationale Mukwege qui s'est tenu à l'Université de Liège (Belgique) et qui a rassemblé plusieurs chercheurs et professeurs venus du monde entier pour apporter leur expérience et leur expertise sur les réponses à apporter afin d'améliorer la prise en charge des survivantes.
Selon le Dr Mukwege, ces progrès reflètent une nouvelle dynamique qui consacre une rupture par rapport à l'indifférence et donnent l'espoir et la force pour poursuivre la lutte en vue de rendre le monde meilleur.
Cependant, il dit constater qu'au niveau de la RDC, la situation sécuritaire se dégrade dans l'Est du pays (Ituri, deux Kivu et Maniema), "avec la poursuite des massacres chaque jour comme des faits divers".
Face à ce qu'il qualifie de scandale, celui qu'on appelle "le réparateur des femmes" lance deux appels aux autorités congolaises et à la communauté internationale pour avancer sur le chemin de la paix au coeur de l'Afrique :
1. La nécessité d'un commerce transparent et responsable des minerais de l'Est du Congo. Il appelle donc à l'adoption de mécanismes permettant une traçabilité complète des lieux d'extraction des mines de l'Est jusqu'au produit fini acheté par les consommateurs dans les magasins du monde entier.
"C'est seulement dans ces conditions que la globalisation de l'économie pourra aller de pair avec l'universalité des droits humains et que nous pourrons enfin transformer les minerais du sang en minerais pour le développement endogène du Congo", a-t-il indiqué.
2. La mise en œuvre des recommandations du rapport Mapping du Haut commissariat des Nations-Unies sur les graves violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire commises en RDC entre 93 et 2003. Il s'agit notamment de :
- L'établissement d'un Tribunal pénal international pour la RDC et/ou de chambres spécialisées mixtes ;
- Et la mise en place d'une commission de la vérité, de programme de réparation et de garanties de non-répétition, telles qu'un assainissement des institutions et une profonde réforme du secteur de la sécurité et de la justice.
Pour rappel, le docteur Dénis Mukwege a été sacré Prix Nobel de la paix en octobre 2018. Il partage ce prix avec Nadia Murad, une militante irakienne des droits de l'homme.
Prince Mayiro