Tribune - La candidature de Ronsard Malonda : Les divergences les plus stériles de l’Église catholique et de l’Église du Christ au Congo ? (Maurice Likinga)

Lundi 6 juillet 2020 - 19:57
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Photo droit tiers

Les divergences autour de la candidature de Ronsard Manda à la présidence de la « Commission électorale nationale indépendante » (CENI) continuent à alimenter l’actualité en République démocratique du Congo (RDC), notamment venant des Églises en général, de l’Église catholique et de l’Église du Christ au Congo (ECC) en particulier.
 
À considérer les toutes dernières prises de position enregistrées de l’Église catholique sous la houlette du Cardinal Fridolin Ambongo et de l’Église protestante par le Pasteur Bokundoa qui en appellent au rejet de cette candidature au motif que le concerné n’aurait pas été légitimement désigné, l’on se trouve devant plusieurs incohérences et contradictions qui interpellent les consciences.
 
D’une part, on constate que le cardinal et le chef de l’ECC qui s’activent dans cette divergence stérile ne permettent pas à l’opinion d’être informée sur une candidature alternative ou plutôt sur le choix de leurs églises respectives et qui viendrait en concurrence avec celle de Malonda dont, soit dit, l’expérience en matière d’organisation et de gestion des cycles électoraux n’est plus à démontrer.
 
D’autre part, on constate que les deux églises, mieux leurs chefs, déjà désunies sur cette candidature semblent se singulariser à travers une prise de position particulièrement séparatiste par rapport à l’ensemble des autres organisations de la société civile congolaise dont elles font pourtant partie intégrante.
 
Cette attitude visiblement partisane semble surtout ignorer son propre objectif si celui-ci devrait uniquement être le bien des congolais. On constate en effet que ce peuple demeure ignoré dans cette démarche dès lors que les deux Églises n’éclairent pas son opinion sur un choix alternatif, qu’elles se départissent de toute synergie au sein de la société civile congolaise et qu’elles tentent par tous moyens de faire cavalier seules.
 
L’insistance du cardinal et du chef de l’ECC sur ce rejet semble particulièrement s’inscrire en faux par rapport aux dispositions constitutionnelles sur le caractère laïc de la RDC, sur la présomption d’innocence dont bénéficie tout citoyen qui n’est pas encore jugé de manière définitive par un tribunal indépendant. Elle viole tout aussi les dispositions légales qui prévoient la mécanisme de référence pour la désignation des membres de la CENI en général.
 
En effet, aux termes de l’article 12 de la loi organique de celle-ci « les membres de la CENI sont choisis parmi les personnalités indépendantes, reconnues pour leur compétence, intégrité morale, probité et honnêteté intellectuelle ».
 
Ronsard Malonda ne serait-il pas indépendant ? Ne serait-il pas compétent en matière d’organisation et de gestion des processus électoraux ? Ne serait-il pas moralement intègre ? Ne jouirait-il pas d’une probité et d’une honnêteté morale ? Ces deux chefs d’Églises auraient-ils des éléments probants pouvant réellement établir la culpabilité personnelle de Malonda sur la base des critères établis par l’article 12 ci-dessus ?
 
Rien n’est dit. Et rien n’est établi.
 
Et il n’est d’aucun besoin de rappeler ici qu’en violation de la présomption d’innocence, l’attitude de ces deux chefs d’Églises pourrait être constitutif d’un grave acharnement tant que tous les deux qui ont pourtant toute la possibilité de faire établir la culpabilité ou non du concerné par les cours et tribunaux n’auront pas choisi de procéder par une accusation formelle.
 
Il n’est nullement pas besoin de rappeler surtout qu’aux termes de la constitution la RDC est un État laïc et qu’à ce titre aucune église, aucun chef religieux, ne peut prétendre détenir une voix prépondérante sur les débats autour du devenir du pays et de son peuple.
 
Un discours plus responsable s’en faut !

Maurice Likinga
Chercheur en psychologie sociale