
Je saisis l’occasion qui m’est donnée, en ce jour où le monde célèbre la journée internationale de la jeunesse, afin de réaffirmer mon attachement à la jeunesse congolaise en particulier et africaine en général.
Plus qu’hier, la jeunesse est abandonnée par la classe politique. Pourtant, cette population devrait faire l’objet de toutes les attentions. Dix-neuf ans. C’est aujourd’hui l’âge médian en Afrique. Cela fait du continent la région la plus jeune de la planète.
En comparaison, l’Amérique latine affiche un âge médian de 30 ans, l’Asie de 32 ans, l’Amérique du Nord de 39 ans et l’Europe de 42 ans. Face à ce panorama, il est alors aisé de comprendre en quoi la jeunesse africaine représente la principale source de vitalité pour les prochaines décennies.
Alors que le reste des continents connaissent un vieillissement de leur population, l’Afrique voit sa population entre 15 et 35 ans croître rapidement si bien qu’elle devrait doubler pour
atteindre près de 850 millions à l’horizon 2050.
Ce bouleversement en cours questionne les sociétés africaines sur l’avenir qu’elles souhaitent pour leur jeunesse, et les enjeux sont colossaux ! À ce jour, 12 millions de jeunes Africains entrent sur le marché du travail chaque année.
Pourtant, seuls 3 millions d’emplois sont disponibles, ce qui laisse 9 millions de jeunes sur le bord de la route ! Cette réalité terrifiante enferme une partie de la jeunesse africaine dans une trappe de vulnérabilité et de pauvreté.
Pour répondre à ces enjeux structurels, les besoins de financement sont titanesques, mais les solutions existent. En République démocratique du Congo, nous avions obtenu la création du Fonds National pour la Promotion de l’Entrepreneuriat et l’Emploi des Jeunes.
Malheureusement, le décret du Premier ministre n’est jamais entré en application. J'ai également milité et obtenu la ratification de la charte africaine de la jeunesse par le Parlement congolais. Cet instrument continental de politique publique protège les droits des jeunes et offre des opportunités dans tous les domaines de la vie pour l'émergence du génie de la jeunesse congolaise.
Enfin, nous devons inciter l’Etat à capitaliser sur les innovations qui caractérisent tant l’action de la jeunesse. Dans un contexte complexe, les jeunes Congolais répondent aux besoins de
leur environnement de manière précise et sans superflu. Les jeunes mécaniciens prolongent la durée de vie d’un véhicule pour un chauffeur de taxi ou d’une machine à coudre pour un tailleur permettant de poursuivre la génération de revenu. Dans une époque durant laquelle le mythe de la consommation de masse a démontré ses limites, la jeunesse en plein cœur des quartiers de nos métropoles a déjà inventé le nouveau monde.
Il est solidaire et durable. Ce nouveau monde qu’invente la jeunesse des métropoles peut être la pierre angulaire de sociétés en phase avec les enjeux de notre époque, notamment en matière de développement durable. Si nous les soutenons, les rêves et les réalisations de la jeunesse africaine répondront aux enjeux actuels, au-delà de nos espérances.
Fancine Muyumba Nkanga
Sénatrice et Présidente de la commission des rélations extérieures