RDC-Suppression des immunités des parlementaires : "C'est un combat entre le FCC et le CACH. Chacun veut maîtriser la justice", (Christelle Vuanga)

Samedi 17 octobre 2020 - 19:07
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7SUR7

En République Démocratique du Congo, la proposition de la Cour de Cassation relative à la suppression des immunités des parlementaires continue à susciter des réactions au sein de la classe sociopolitique du pays.

Interrogée ce samedi 17 octobre 2020 par 7SUR7.CD à ce sujet, la députée nationale Christelle Vuanga, affirme que cette proposition n'est que l'émanation d'un combat entre les partenaires de la coalition au pouvoir FCC-CACH (Front Commun pour le Congo et Cap pour le Changement ndlr).

"Je ne vais vous répondre pas sur un angle technique.  Je ne suis pas juriste. Permettez-moi de vous répondre sur un angle politique parce que ça saute aux yeux que c'est très politique. Tout ceci c'est un combat entre deux partenaires politiques qui ne s'entendent pas, je veux dire par là, la coalition FCC-CACH. Chacun brandit l'arme par laquelle il veut anéantir l'autre. Je vais honnêtement dire que si un partenaire pense qu'il veut atteindre  certains deputés, c'est simple, la procédure est connue, même dans le règlement intérieur, même dans les lois de la République. Nous connaissons tout ça", a indiqué Christelle Vuanga. 

Dans la foulée, l'élue de la Funa estime que la suppression des immunités des parlementaires risque d'être lourde de conséquence pour les élus de l'opposition.

"Dire qu'on doit annuler ou retirer les immunités parlementaires, c'est un risque. Par exemple pour moi, je suis de l'opposition, déjà on est en insécurité chaque jour (...) Moi je me bats pour les droits humains.  Chaque jour, je fais des rapports qui accablent les autorités de ce pays, qui bouffent l'argent des gens, qui licencient abusivement des Congolais, qui détournent les salaires des individus. Essayez d'imaginer tous ces bourreaux là qui m'en veulent parce que je me bats pour les Congolais. Aujourd'hui, si je n'ai plus d'immunité mais je suis à la mercie de tout ça. Si on enlève à un parlementaire ses immunités, à mon sens,  il n'est plus parlementaire, il n'a plus son courage de prendre le risque de dénoncer le mal", renchérit-elle.

Tout en invitant les autorités judiciaires à la retenue, cette élue du peuple considère qu'il ne faut pas salir la justice.

"Vous savez, c'est bon quand le pouvoir est de votre côté mais, on ne sait jamais quand ça bascule. Les lois sont impersonnelles. Les lois c'est pour les générations, c'est pour tout le monde. On ne peut pas changer la loi parce qu'on veut atteindre une des personnes. Ça finit toujours par se retourner contre nous. J'invite les animateurs de grandes institutions judiciaires de notre pays à la retenue. C'est à la justice qu'on se retourne quand ça ne va pas bien. On peut toucher à tous les domaines, on ne touche pas à la justice, on ne blague pas avec la justice. Donc, j'invite les deux partenaires à la retenue. Peut être que les gens auront du mal à le dire mais moi je le dis, c'est un combat entre le FCC et le CACH, chacun veut maîtriser la justice. Si on veut maîtriser la justice pour la rendre à la population, là je suis d'accord. Mais si on veut maîtriser la justice pour la mettre dans sa poche, là je ne suis pas d'accord", a conclu Christelle Vuanga.

Pour rappel, David Christophe Mukendi Musanga, avait appelé le 15 octobre dernier lors de l'audience solennelle de la rentrée judiciaire à la Cour de Cassation, à la suppression des immunités des parlementaires.

"C'est pourquoi, nous proposons la suppression pure et simple des immunités de poursuite et des privilèges de juridiction d'une règle procédurale sauf pour les opinions et votes émis par les parlementaires dans l'exercice de leurs fonctions", avait proposé le premier président de la Cour de Cassation.

Jephté Kitsita

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