Dossier Marché Central/Zando : Vidiye Tshimanga joue-t-il un double jeu ?

Vendredi 23 juillet 2021 - 11:23
Image
Photo droits tiers

« Je ne peux pas accepter que des  Congolais exercent leurs commerces dans des conditions inhumaines. Le Marché Central doit être construit. Il doit revêtir sa robe d’antan », c'est ce que déclarait le chef de l'État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo le 10 mars 2021 à l'Hôtel de ville de Kinshasa.

Cette déclaration du président de la République démocratique du Congo était intervenue à l'issue d'une visite de terrain au Marché Central, communément appelé Zando, et d'un échange à bâtons rompus avec les différents protagonistes dans ce dossier, à savoir le gouverneur de la ville, l'opérateur Hassan, le nouvel investisseur ainsi que les vendeurs et différents syndicats impliqués dans la gestion du Marché Central.

Au terme de cet  échange, le chef de l'État avait mis en place une commission. Celle-ci avait deux objectifs : 

- Évaluer le contrat qui liait l'hôtel de ville de Kinshasa à la société SAFRICOM de l'opérateur Hassan ;

- Évaluer la viabilité de tous les marchés secondaires que le gouvernement provincial avait construit pour accueillir provisoirement les vendeurs délocalisés du Marché Central.

À noter que lors de la rencontre du 10 mars, d'une part, l'opérateur Hassan avait signifié au chef de l'État avoir investi beaucoup d'argent pour la réhabilitation du Marché Central et que l'exécutif provincial lui  devait encore beaucoup d'argent. D'autre part, les vendeurs avaient affirmé que les marchés provisoires n'étaient pas viables. D'où, la motivation de la mise en place de ladite commission.

Un peu plus de 4 mois après, nombreux sont ces Kinois qui déplorent la lenteur dans la mise en œuvre de ce projet important.

La commission butée à certaines difficultés 

La commission était composée des délégués de l'hôtel de ville de Kinshasa et de la Présidence de la République dont le conseiller spécial du chef de l'État en charge des questions stratégiques, Vidiye Tshimanga.

Selon des sources concordantes qui se sont confiées à 7SUR7.CD ce vendredi 23 juillet 2021, parmi les difficultés rencontrées au sein de la Commission, figure la fuite des informations avant même la finition du compte-rendu des travaux.

À en croire nos sources qui ont requis l'anonymat, les membres de cette commission instituée par le président de la République, étaient toujours étonnés de constater que les informations étaient déjà sur la place publique, avant même la fin des travaux de ladite commission. Ce qui permettait à l'opérateur Hassan d'être au courant de tout ce qui était fait par la commission, renchérissent-elles.
Et de plus en plus, le nom du conseiller du chef de l'Etat serait cité comme la taupe qui alimentait l'opérateur économique libanais en informations. On parle même des pots de vin qui auraient été donnés.

"Lui (Vidiye Tshimanga) il défend Hassan. Il n'est pas content du travail de la Commission. Il sait que si la Commission fait valablement son travail, Hassan aura tort et le gouvernement provincial aura toujours raison. Selon certaines indiscrétions, il aurait des accointances avec Hassan", ont indiqué nos sources.

Soulignons par ailleurs que lors de ses récentes sorties médiatiques au sujet du dossier Zando, Vidiye Tshimanga ne cesse aussi de déplorer la lenteur dans l'exécution des travaux du Marché Central. Deux raisons principales sont évoquées par Vidiye Tshimanga : la non-maîtrise des effectifs des vendeurs délocalisés par l'autorité urbaine et le manque de précision sur le délai de la construction du Marché Central.

L'anticipation de Gentiny Ngobila 

Compte tenu des difficultés rencontrées par la Commission d'analyse, suivi et évaluation du projet de construction du Marché Central, Gentiny Ngobila Mbaka a anticipé les choses en sollicitant l'expertise d'un bureau d'études pour évaluer le contrat qui liait l'Hôtel de ville de Kinshasa à Monsieur Hassan.

"Après le travail fait, le rapport du bureau d'études privé a révélé clairement que Monsieur Hassan avait surévalué les dépenses qu'il aurait effectuées pour la réhabilitation du Marché Central en 2014. Il avait surévalué les factures", dit à 7SUR7.CD une autre source.

Pendant ce temps, Gentiny Ngobila Mbaka, avait également saisi le directeur de cabinet du chef de l'État Gulyain Nyembo le 23 avril de l'année en cours, pour lui faire part du climat malsain et suspicieux qui faisait ombrage au travail de la Commission.

7SUR7.CD

Saisine de l'Inspection Générale des Finances (IGF)

Suite à la persistance de cette situation, le gouverneur de la ville avait saisi, via une correspondance, l'Inspecteur Général des Finances, Jules Alingete, pour solliciter l'intervention de l'IGF pour procéder au contrôle de gestion du Marché Central de Kinshasa par la société SAFRICOM.

Dans sa réplique du 12 avril dernier, Jules Alingete Key avait informé le gouverneur de la ville qu'il avait signé un ordre de mission afin de permettre aux inspecteurs des Finances de s'atteler à ce contrôle. 

Le 24 juin dernier, l'IGF Jules Alingete avait désigné 4 inspecteurs des Finances pour procéder notamment au contrôle de la gestion du Marché Central par la société SAFRICOM, après son investissement pour la construction des magasins pavillonnaires et la réhabilitation des anciennes structures existantes dudit marché.

7SUR7.CD

Cette mission devait couvrir la période allant de 2006 au 10 mars 2021. Elle avait une durée de 25 jours. Selon nos sources, l'IGF poursuit toujours sa mission sur demande du gouverneur de la ville Gentiny Ngobila, et dont les conclusions sont attendues d'ici peu.

Vidiye Tshimanga pointé du doigt

Toujours d'après nos deux sources, le conseiller spécial du chef de l'État en charge des questions stratégiques, Vidiye Tshimanga, serait parmi les causes du blocage de l'exécution des travaux de construction du Marché Central de Kinshasa. En réalité, insistent nos sources, un investisseur prudent ne mettrait pas les yeux fermés son argent dans un projet qui suscite autant de passions pour ne pas dire sujet à conflit.

L'arbitrage du chef de l'Etat est donc très attendu pour mettre un terme à ce quiproquo, "oeuvre de ceux qui ne veulent du développement de la capitale congolaise".

"Apparemment, Monsieur Vidiye Tshimanga c'est si comme s'il avait beaucoup d'intérêts auprès de l'opérateur Hassan, raison pour laquelle il ne veut pas voir l'intérêt du pays", a déploré une de nos sources.

À signaler que dans ses récentes sorties médiatiques, Vidiye Tshimanga attribue, quant à lui, la responsabilité première au gouverneur de la ville de Kinshasa Gentiny Ngobila Mbaka.

Pendant ce temps, plusieurs foyers sont pénalisés par cette affaire. 

Jephté Kitsita