Procès Rossy Mukendi : La Cour autorise la comparution d'un médecin légiste et de deux experts en balistique 

Lundi 22 novembre 2021 - 22:16
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7sursept

À la demande des parties civiles, la Cour militaire de Kinshasa-Matete siégeant sur le meurtre de l'activiste pro-démocratie Rossy Mukendi a autorisé lors de l'audience de ce lundi 22 novembre 2021 qui s'est tenue à la prison militaire de Ndolo, la comparution d'un médecin légiste et de deux experts en balistique dont l'un de la police et l'autre des forces armées de la République. 

Ce quitus fait suite à la requête soumise par les parties civiles appuyées par le ministère public pour l'interprétation claire et nette du rapport médico-légal établi après l'autopsie du corps sans vie de R. Mukendi. Ce dernier a été tué le 25 février 2018 lors d'une marche du Comité Laïc de Coordination (CLC). 

« Dans ce dossier, il y a un rapport d'expertise médico-légale établi par un médecin légiste après l'étude du corps de feu Rossy Mukendi en son temps. Ce rapport nous paraît incompréhensible au vu des termes employés. Nous ne sommes pas techniciens. Nous avons besoin à ce que l'expert vienne nous expliquer ce qu'il attend par tous les termes médicaux employés dans ce rapport », a affirmé à la presse Me David Tshimanga, l'un des avocats des parties civiles. 

Il a aussi motivé leur démarche par la nécessité de dissiper la confusion qui plane sur les munitions utilisées pour abattre R. Mukendi. 

« Rossy Mukendi a été abattu par une balle. C'est mentionné dans le rapport médico-légal. Mais dans le dossier, il n'y a pas l'avis d'un expert en balistique. Il y a une question de taille qu'il faille relever. Entre les mains du prévenu Tokis Nkumbo qui est poursuivi comme auteur du meurtre, l'on avait procédé à la saisine d'une arme AK contenant des munitions non létales, des balles d'exercice ou en caoutchouc. Est-ce qu'une balle en caoutchouc, peut-elle donner la mort ? C'est une question importante. Parce que si le juge prend l'affaire en délibéré et se pose ce genre de questions dans son intime conviction par la suite et qu'il estime que la réponse est négative, Tokis sera acquitté. Dans ce cas, quel serait le fondement de l'action civile que nous avons postulé ? Notre action civile n'est pas fondée sur la prévention de violation des consignes qui est une infraction militaire, mais elle est fondée sur la prévention de meurtre. C'est en cela que nous attendons la réparation. Mais si le prévenu qui est poursuivi pour meurtre est acquitté, notre action civile tombe. Il faudra que nous ayons un expert qui peut nous dire si une balle d'exercice peut donner la mort et à quelle distance », a-t-il souligné. 

Et de renchérir : « Le juge va tirer son intime conviction comment si les éléments dans le dossier prêtent à confusion ? Il ne serait pas logique que nous défendions un cas où le doute est en train de sauter à l'œil nu. Nous connaissons que le doute profite à l'accusé. Il faut élaguer toutes les zones d'ombre. Le médecin légiste et les deux experts en balistique seront présents à l'audience du lundi prochain ». 

Lors du débat, les avocats du prévenu Tokis Nkumbo, brigadier en chef, ont soutenu cette position tout en arguant que le jour des faits, leur client était en possession d'une arme contenant des munitions non létales. 

Par contre, Me Étienne Lombela, l'un des avocats de la commissaire supérieure Carine Lokeso, a estimé que la comparution d'un médecin légiste et des experts en balistique n'est pas un « fait important ». Pour lui, la requête des parties civiles est une manœuvre « dilatoire ». 

Les prévenus notamment C. Lokeso et son coaccusé, T. Nkumbo, sont poursuivis pour violation des consignes et meurtre en participation criminelle. Ils sont détenus à la prison militaire de Ndolo. 

Merveil Molo