Kabila cité dans l'assassinat de Chebeya : La Haute Cour Militaire doit tirer toutes les conséquences de cette révélation, (Parties civiles)

Jeudi 9 décembre 2021 - 09:12
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Après la déposition du policier Paul Mwilambwe indexant Joseph Kabila comme le donneur d'ordre du double assassinat des défenseurs des droits de l'Homme Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, les parties civiles demandent à la Haute Cour Militaire de tirer toutes les conséquences de cette révélation. 

Me Élie Mbikayi, coordonnateur adjoint du collectif des parties civiles, l'a dit à l'issue de l'audience foraine tenue le mercredi 8 décembre 2021 à la prison militaire de Ndolo. Au cours de celle-ci, P. Mwilambwe (chef du protocole de l'inspection générale de la police au moment des faits) a été entendu comme renseignant. 

« Nous sommes devant la Haute juridiction qui juge les militaires. Il [Paul Mwilambwe ndlr] a cité l'ancien président de la République dans une circonstance particulière. Il a précisé dans quelle circonstance il a eu à parler avec lui. Il a reçu un coup de fil directement de l'ancien chef de l'État qui lui a parlé. Il l'a révélé à la Haute Cour qui doit tirer toutes les conséquences de cette révélation », a-t-il déclaré. 

Pour lui, il faut remonter la filière pour que toutes les personnes impliquées dans cette affaire répondent de leurs actes. 

« Nous nous entendons à ce que la chaîne criminelle puisse s'élargir. Cette chaîne criminelle cristallise l'association des malfaiteurs qui a conduit au double assassinat. Il a cité les noms de certaines personnes qui sont aujourd'hui en train de courir les rues de Kinshasa. Nous pensons que ces personnes ne doivent pas rester impunies. Il faut remonter la filière pour prendre toutes les personnes concernées dans ce double assassinat. Nous pensons que c'est le travail que la Haute Cour militaire et l'Auditorat général doivent désormais faire. L'Auditorat général doit compléter son instruction et présenter ces gens-là devant la Haute Cour pour un jugement conséquent », a souligné Me Élie Mbikayi. 

Pour les parties civiles, le témoignage de Mwilambwe qui avait vu la scène du crime à travers ses caméras de surveillance, doit être pris au sérieux. 

« Oui. Il y a des contradictions dans le témoignage de Paul Mwilambwe. Il a eu à déclarer auparavant qu'il connaissait l'endroit où a été enterré Bazana. Lorsque je lui ai posé la question, il est revenu pour dire que je connais le site mais que l'endroit précis, je ne connais pas. C'est un point important que j'ai eu à relever. Mais cela ne remet pas en doute ses révélations. La Haute Cour Militaire et le parquet doivent continuer à fouiller. Un jour, le sang de Chebeya et de Fidèle Bazana crieront vengeance », a fait savoir Me Mbikayi. 

Lors de son interrogatoire, le renseignant Mwilambwe, de retour au pays après plusieurs années d'exil, a indiqué que l'ordre de tuer Chebeya est venu de J. Kabila par le biais du général John Numbi, ancien chef de l'inspection générale de la police. Il a même révélé avoir eu un entretien téléphonique avec l'ancien chef de l'État au niveau de l'Auditorat général. Ce dernier lui a demandé de « ne pas raconter tout ce qu'il a vu ». 

La prochaine audience prévue ce vendredi, sera consacrée à la confrontation entre P. Mwilambwe et le prévenu Jacques Mugabo (poursuivi avec Christian Ngoy Kenga Kenga dans le cadre de ce dossier précis ouvert sous RPA050) ainsi que d'autres renseignants notamment le général Djadjidja. 

Merveil Molo