Tshopo : La société Xiang Jiang Mining a repris l'exploitation de l'or dans la rivière Aruwimi malgré l'interdiction de Bazaiba (Société civile)

Samedi 5 février 2022 - 20:24
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A moins de deux semaines après avoir été instruite par la vice-premier ministre de l'environnement et de développement durable d'arrêter d'exploiter l'or dans la rivière Aruwimi suite à la pollution de cette cour d'eau qui se trouve dans le territoire de Basoko, province de la Tshopo, la société chinoise Xiang Jiang Mining est accusée par la société civile d'avoir repris de plus belle les activités.

La nouvelle a été donnée par le président du conseil d'administration de l'ONG RAIO, Jean-Francois Mumbia, lors d'un point de presse qu'il a tenu à Kinshasa ce vendredi 4 février 2022.

"La VPM de l'environnement est passée et a pris la décision qu'on arrête l'exploitation. Mais juste après son départ, les chinois ont repris les activités avec force (...). Le directeur de cette société a même dit aux leaders communautaires qui sont partis le voir qu'il travaille avec l'autorisation de l'Etat congolais. S'agit-il de quel l'Etat?", s'est-il interrogé.

Selon ce défenseur des droits humains, c'est depuis 2 ans que cette société chinoise fait vivre à la population de Basoko le cauchemar. Il demande par conséquent au gouvernement d'assumer ses responsabilités.

"L'eau a totalement changé de couleur devenant rougeâtre, les épidémies de diarrhée sont devenues récurrentes en aval de Basoko où l'exploitation a lieu, la pêche est devenue quasiment impossible vu que la pollution a presque décimé les poissons dont on voit les cadavres flottés sur l'eau (...). Un prêtre a même été menacé de mort par des militaires qui sécurisent ces chinois parce qu'il avait osé prendre en photo leurs infrastructures. En tout cas que justice soit faite et que les préjudices soient réparés. Que l'Etat prenne en considération les desiderata des communautés de Lioto, Liambe, Yangonde et Kpelekpele", a-t-il ajouté.

Jean-Francois Mumbia pense que Xiang Jiang Mining a des "parapluies" au plus haut sommet de l'Etat et à l'ambassade de Chine en RDC.

"Ce qui est bon est que la VPM a quand même levé l'équivoque. Au lieu de parler de la prospection comme l'ambassadeur de Chine, elle a plutôt parlé de l'exploitation. Ce problème mérite déjà que la justice s'y penche, l'Etat devrait prendre ça au sérieux", a-t-il déclaré.

Et d'ajouter : "Au lendemain de la pollution des rivières Tshikapa et Kasaï, j'avais donné une interview à Top Congo pour parler de la rivière Aruwimi qui est aussi polluée par cette société chinoise. Quelques jours après, un conseiller du président de la République m'avait contacté et aussi l'ambassadeur de Chine. Ce dernier va me dire que c'était juste la prospection et pas l'exploitation proprement dite. Je lui avais répliqué que c'est tellement étonnant si c'est comme ça que la prospection se passe en Chine. Une entreprise qui fait la prospection pendant 2 ans avec 5 bateaux? Il m'avait même invité à l'ambassade mais j'avais refusé d'y aller. Et concernant l'appel de la présidence de la République, j'avais réagi de la même manière".

Cette Mining chinoise viserait même de faire délocaliser plus de 100 ménages dans les localités de Lioto, Liambe, Yangonde et Kpelekpele pour continuer l'exploitation de l'or sans consentement des ayants droit, a dit cet activiste des droits humains.

Pour rappel, la ministre de l'environnement et de développement durable Eve Bazaiba s'était rendue à Basoko dans la semaine du 26 janvier dernier. Après avoir constaté la pollution des eaux de la rivière Aruwimi par des substances chimiques que cette société chinoise y déverse, elle avait ordonné qu'elle cesse ses activités et que toutes les dragues robotisées soient évacuées à Kisangani. En plus cette société fonctionne sans permis d'exploitation. Elle n'a qu'un permis de prospection déjà expiré, avait déclaré la vice-premier ministre.

Bienfait Luganywa