La première conférence plénière de la 11e édition de l’Africa Digital Expo (ADEX 2022) qui se déroule à Kinshasa avait comme thème « accélérer la connectivité, plus qu'une nécessité une urgence ». Elle a été animée par le camerounais Thierry Mbimi, directeur général de KPMG Afrique Centrale.
Pour expliquer les stratégies à déployer par les États africains afin d’accélérer leur digitalisation et intégrer pleinement l’économie 4.0 d’ici 2030, tous les panélistes sont revenus sur les mots « infrastructures numériques ».
« Toutes nos applications comme Facebook, Whatsapp, Messenger, Instagram et autres n’existent que grâce aux infrastructures. Lorsque nous parlons des infrastructures, nous analysons la question en fonction de certains paramètres dont la géographie. C’est pour ça que nous n’avons pas de préférence pour une technologie particulière. Il y a des zones qui nécessitent la fibre, d’autres le satellite ou du wifi haut débit. Nous encourageons le modèle de partage lorsqu’il faut déployer une infrastructure numérique car il permet d’aller plus vite. Le plus grand challenge c’est comment atteindre l’utilisateur », a expliqué Thys Kazad, chargé de politique pour l’Afrique et les Émirats arabes unis de Meta.
Quant à la connexion des zones rurales à internet haut débit, Alpin Verlet, directeur général de NOKIA Afrique de l’Ouest et du Centre, a conseillé aux opérateurs d’adapter et de mutualiser leurs infrastructures.
« La notion de connexion rurale est très importante. Les fournisseurs des solutions doivent adapter leurs infrastructures aux zones rurales avec des solutions optimums utilisant des énergies autonomes comme le solaire bien que ces zones ne soient pas forcément rentables. Ce qui fait appel aux financements supplémentaires. Il faut donc un mode de partenariat qui soit gagnant-gagnant pour tout le monde (…). La bonne stratégie pour couvrir ces zones rurales c’est de repartir des zones non couvertes entre les opérateurs avec le national roaming. Si tous les opérateurs se concentrent dans une même zone, ce n’est pas rentable. La réglementation doit également être adaptée pour permettre aux opérateurs de se déployer dans ces zones », a-t-il dit.
Pour assurer la transformation numérique de l’Afrique afin que les États atteignent les 17 objectifs de développement durable (ODD) en 2030,
Adnane Benhalima, vice-président chargé des relations publiques à Huawei Afrique du Nord, a expliqué certains prérequis.
« Il y a des prérequis en termes d’infrastructures et des prérequis en termes d’écosystème car avec l’un sans l’autre on ne peut pas avancer dans la transformation numérique. La question de connectivité se pose ici parce que les applications les plus souvent utilisées sont trop gourmandes des datas. Il y a aussi le prérequis de l’équité à l’accès au numérique au niveau d’un pays ou entre pays. Il y a aussi l’impératif du cloud et du data center car il faut trouver le moyens pour stocker les informations surtout lorsqu’on fait appel à l’intelligence artificielle », a-t-il expliqué.
Et d’ajouter : « Il faut enfin créer un écosystème pour pouvoir utiliser ces infrastructures pour en tirer profit et éviter l’unique usage de divertissement. Pour cela on doit procéder aux formations et soutenir les start-ups. Notre rôle est de pouvoir répondre à des besoins qui sont différents d’une région à l’autre, d’un pays à l’autre ».
D’après la banque mondiale, pour que l’Afrique atteigne l’accès pour tous à internet haut débit, 100 milliards de dollars américains devraient être investis entre 2019 et 2030.
Cependant, cette institution de Bretton Woods précise que l’Afrique connaît dans le secteur du numérique comme obstacles les coûts des services et des appareils, un environnement réglementaire et budgétaire lourd, le problème d’accès aux financements, le manque de maîtrise des compétences numériques ainsi que l’opacité économique et politique.
Bienfait Luganywa