Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de lutte contre les violences sexuelles dans les provinces de la Tshopo, du sud-Ubangi, du Kasaï Oriental et la ville de Kinshasa, l'Agence belge de développement (Enabel) a initié une recherche - action, depuis 2018 à Kisangani, avec l'implication de l'Université de Kisangani, celles de Louvain et de Gand, du Centre de santé Prince Alwaleed et un groupe multisectoriel composé notamment des acteurs de terrain.
L'objectif poursuivi : adapter la prise en charge des victimes des violences sexuelles aux spécificités socio-culturelles et socio-économiques incluant l'adaptation et l'intégration des protocoles nationaux.
Pour capitaliser les résultats de cette recherche - action, Enabel, en collaboration avec le ministère du Genre, famille et enfant, a organisé ce jeudi 23 mars 2023 à Kinshasa, un séminaire national de vulgarisation des conclusions de cette enquête.
Les résultats de la recherche - action sur les violences sexuelles
Le rapport de cette recherche - action préconise une prise en charge différenciée des victimes des violences sexuelles par rapport à la situation dans laquelle les faits ont été commis. Cette recherche met en évidence aussi les logiques sociales qui entourent la problématique de ces fléaux.
« Cette recherche avait, dans un premier temps, permis de bien voir que la violence sexuelle est certes universelle et se produit partout de la même manière mais le contexte dans lequel elle se produit diffère d'un environnement à un autre. En termes de résultats, la première conclusion à laquelle nous avons abouti, est qu'il faut une prise en charge différenciée pour les victimes des violences sexuelles en fonction de la situation dans laquelle elles se sont produites », a expliqué à la presse le docteur Édouard Konan, chef de Programme de Lutte contre les Violences Sexuelles (PLVS) à Enabel.
Avant de renchérir : « Le deuxième résultat important est que cette recherche nous a permis de comprendre les logiques sociales qui entourent la problématique des violences sexuelles. L'étude a mis en évidence différentes logiques, à l’exemple de la définition de la victime. Ce n'est pas uniquement la personne qui subit l'incident, c'est aussi la famille de cette personne qui a subi l'incident et parfois même toute la communauté concernée. Donc, quand on élabore une stratégie de prise en charge, celle-ci ne doit pas uniquement consister à aider la victime à retrouver sa place dans sa famille, mais elle doit également prendre en compte l'environnement de la victime, à savoir la famille et la communauté ».
Le Protocole intégré de prise en charge multisectorielle
À en croire le Dr Édouard Konan, les conclusions de cette recherche - action ont permis aux chercheurs d'élaborer le Protocole intégré de prise en charge multisectorielle des victimes des violences sexuelles.
« Sur la base de toutes ces conclusions, nous avons pu élaborer des instructions opérationnelles que nous avons intégré dans le protocole que nous appelons : « Protocole intégré de prise en charge multisectorielle » qui permet au prestataire, en fonction de la situation à laquelle il fait face, de pouvoir choisir l’approche la mieux indiquée et la plus appropriée afin de donner les résultats escomptés », a-t-il souligné.
Au vu de ces résultats, Enabel exprime sa satisfaction et se dit fière du travail abattu par les parties prenantes à cette recherche.
« Nous sommes fiers de la qualité du travail qu'il y a eu avec l'Université de Kisangani, l'Université de Louvain, l'Université de Gand, l'ensemble des acteurs de Kisangani et également l'ensemble des équipes Enabel. Le message, c'est d'abord qu'il nous donne leurs points de vue concernant ce protocole qui, bien-sûr, respecte les normes nationales mais aussi que nous soyons tous, chacun de nous, activistes pour lutter contre les violences et puis aussi pour être attentifs à la prise en charge et à la qualité de la prise en charge », a déclaré Murielle Hermouet, responsable du portefeuille pays d'Enabel en RDC.
Le séminaire national de vulgarisation des résultats de la recherche - action avec usage de la Grounded Theory/Tshopo a connu la participation de plusieurs personnalités politico-administratives et des représentants des services des ministères nationaux impliqués dans la lutte contre les violences sexuelles en RDC.
Prince Mayiro