RDC : Des travailleurs dénoncent des syndicats qui étouffent leur liberté et plaident pour la tenue des élections syndicales dans les entreprises 

Dimanche 26 mars 2023 - 13:56
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Le gouvernement de la République s'est engagé pour un retour à la normale du fonctionnement des syndicats dans les entreprises et autres établissements de la République démocratique du Congo. 

C'est dans ce cadre que la ministre du Travail, emploi et prévoyance sociale, Claudine Ndusi, a pris, en date du 23 février 2023, un arrêté portant convocation et fixation du calendrier des élections syndicales dans les entreprises et autres établissements du pays. Cependant, des syndicats ayant glissé, s'opposent à l'arrêté de la ministre Ndusi. Ils ont, par conséquent, saisi le Conseil d'État pour obtenir l'annulation de cette décision s’appuyant sur le fait qu’il y a guerre dans l'Est de la RDC. Il s'agit, selon les travailleurs du syndicat la CLE qui entendent mener la résistance pour leur protection, d'un argument "fallacieux et insoutenable". 

S'exprimant sur la situation, samedi dernier, le président de ce syndicat a affirmé que ces syndicats ont peur des élections parce-que n'ayant pas de bilan à présenter. 

« Chers camarades, les élections syndicales font peur à plusieurs syndicats qui n'ont pas de bilan à présenter aux travailleurs après avoir géré des mandats en dépassement de délai légal de 3 ans. 
Dans certaines entreprises, les syndicats veulent empêcher les élections pour continuer à percevoir les cotisations au détriment des travailleurs depuis 15 ans, 10 ans, 6 ans (...)
", a déclaré maître José Kadima. 

À l'en croire, les travailleurs doivent résister à la démarche de ces syndicats. 

"Les travailleurs doivent se réveiller.
Dans cette logique, ces syndicats ont effectué sans succès la pression sur madame la ministre du Travail pour retarder les élections syndicales. N'ayant pas réussi cette tentative de consécration de l'illégalité, nous apprenons qu'ils ont introduit une requête en référé suspension au Conseil d'État contre l'arrêté de madame le ministre du Travail. Ils visent l'annulation des élections pour opérer le glissement    interminable et ce, avec le même discours de la guerre de l'Est depuis 2014
", a ajouté le président du syndicat la CLE.

Avant de renchérir : "Le caractère indépendant de chaque syndicat oblige la CLE à protéger la dimension légale des activités syndicales en répliquant à tous les moyens y relevant concoctés par les syndicats déterminés à étouffer la liberté syndicale des travailleurs congolais. C'est notre façon de défendre la loi et les bénéficiaires qui sont les travailleurs".  

Selon Me José Kadima, ces syndicats sont incapables d'aborder les problèmes sociaux des travailleurs et ne se déploient que pour leurs intérêts personnels.

"Au même où le monde syndical fait trembler le paysage politique en France avec les questions des retraites et des conditions de travail, l'Intersyndicale au Congo, n'ayant rien compris de son rôle, et incapable d'aborder la problématique des droits sociaux pour les travailleurs, ne se déploie que pour défendre ses privilèges personnels. 
Le syndicat la CLE conduira la colonne de la résistance pour protéger réellement les travailleurs
", a-t-il martelé.

Il s'est étonné, par ailleurs, qu'un acte administratif soit attaqué sans évoquer le grief, sans prouver son illégalité et sans établir son abus de droit ou de pouvoir dans le chef de son initiateur. En évoquant la guerre pour faire annuler la décision de la ministre du Travail, a-t-il soutenu, ces syndicats n'ont pas compris la compétence matérielle du juge administratif qui dira qu'à la même période, les écoles, universités, églises, entreprises fonctionnent normalement. La guerre ne les a pas empêchés d'exercer leurs activités syndicales, a expliqué Me Kadima. 

D'après lui, les élections syndicales relèvent du fonctionnement des entreprises et établissements de toute nature. L'on ne saurait, a-t-il dit, empêcher la tenue des élections  alors que les entreprises organisatrices fonctionnent et les syndicats perçoivent les cotisations régulièrement.

Prince Mayiro