Nominations de Bemba et Kamerhe au Gouvernement : Tshisekedi veut en finir avec le M23 par la force et donner un autre souffle à l'économie (Politologue) 

Lundi 27 mars 2023 - 10:25
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Dans une interview accordée à la Rédaction de 7SUR7.CD, samedi dernier à Kinshasa, Germain Kuna, professeur des sciences politiques à l'Université de Kinshasa (UNIKIN), a mis en évidence 4 signaux qu'a voulu lancer le président de la République, Félix Tshisekedi, à travers le remaniement de son gouvernement

D'abord, ce politologue a affirmé qu'avec la nomination de Jean-Bemba au ministère de la Défense, le chef de l'État veut en finir avec la question du M23 par la force. 

"(...) je pense, à mon avis, qu'on peut résumer ce remaniement à 4 points forts ou signaux. D'abord, le président reste ferme par rapport au M23, il refuse toute négociation et donc, dans sa philosophie, il faut en finir par la force. Et c'est ce qui justifie, à mon humble avis, la présence d'un ancien chef rebelle qui est Bemba", a-t-il expliqué.

Deuxième signal, a-t-il soutenu, le président Tshisekedi veut consolider les acquis de son premier quinquennat en allant avec son équipe (Union sacrée) jusqu'aux élections.

"Remarquez que dans cette équipe de l'Union sacrée, le président avait déjà pioché dans les grandes familles politiques issues de l'ancienne majorité et donc, il s'agit des gens qui ont déjà des assises et des fiefs électoraux et certains ont même quitté Katumbi pour créer leurs propres partis politiques. ( ...) Donc, pour Félix, ce sont des gens sur qui il doit s'appuyer pour sa réélection. Donc, il y a un calcul purement électoraliste et c'est ce qui explique même un très faible changement dans son équipe", a affirmé le professeur Kuna. 

Un autre signal, c'est la nomination de Vital Kamerhe au ministère de l'Économie nationale. À en croire ce scientifique, le chef de l'État veut donner un nouveau souffle à l'économie du pays. 

"Troisième chose qu'il faut retenir, ce que le président veut donner un autre souffle sur le plan économique de par la posture de Kamerhe, quelqu'un qui est connu pour la maîtrise des acteurs économiques. Notre économie est tenue par des expatriés et ce sont des gens avec qui Kamerhe a beaucoup de facilités en termes d'entrées et de contacts. Et peut-être sa posture pourrait aider à résoudre tant soit peu les questions sociales", a dit ce professeur d'universités. 

Enfin, le dernier signal, a-t-il indiqué, c'est l'équilibre géopolitique que le successeur de Joseph Kabila veut maintenir sur le plan national.

"Je crois que cette fois-ci, on va moins critiquer en termes d'équilibre géopolitique même si, il faut le reconnaître, que le Maniema est absent et la Grande Orientale se plaint parce qu'ils n'ont pas obtenu grand chose", a ajouté le professeur Germain Kuna. 

Cependant, ce chercheur estime que c'est difficile de connaître un grand changement sur le plan socio-économique d'ici la fin du premier mandat du chef de l'État.

"C'est un impossible parce-que si on voit, en termes de changement, le premier ministre va maintenir la même politique, les ministres clés restent les mêmes et donc, c'est difficile de connaître un grand changement. C'est pratiquement impossible parce que tous les indicateurs montrent que ça va continuer dans la même lancée. Et ça risque d'être pire parce-que des grosses pointures risquent de ne pas se soumettre à une logique gouvernementale qu'imposerait le premier ministre. Et donc, c'est la même politique qui va continuer, les mêmes personnes, la même logique, et donc, rien ne changera in fine. Surtout que nous nous approchons des élections c'est-à-dire la même équipe se préoccupe plus pour avoir l'argent et se faire réélire. Dès lors qu'on est dans la logique de la réélection, tout ce qu'on va faire, ce n'est pas agi mais c'est montrer qu'on agit. Donc, ils ne vont pas agir mais montrer qu'ils agissent", a souligné ce professeur de l'UNIKIN. 

À quelques mois de la fin de son premier mandat à la tête du pays, le président Tshisekedi a remanié son gouvernement. Jean-Pierre Bemba et Vital Kamerhe ont fait leur entrée dans cette équipe dirigée par le premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde. L'on note également la nomination de Peter Kazadi au poste de vice-premier ministre en charge de l'Intérieur. 

Prince Mayiro