Nord-Kivu: 2 ans après, la société civile constate que l'état de siège a "triplement été assiégé et vidé de sa substance"

Samedi 6 mai 2023 - 13:27
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Deux ans depuis l'entrée en vigueur de l'état de siège au Nord-Kivu et dans l'Ituri, la paix n'est restée qu'un leurre dans plusieurs entités dont celles assiégées notamment par le M23, un groupe armé pro-rwandais.

De l'avis de la société civile du Nord-Kivu, au lieu de réimposer l'autorité de l'Etat, l'état de siège vit des violences armées entretenues par plusieurs milices locales et étrangères, de sorte que la mesure a été vidée de toute sa substance. 

"Deux ans après, c'est avec regret que nous constatons un recul du processus de pacification de ces 2 provinces. L'état de siège a été vidé de sa substance. Bien au contraire, même les quelques terres et domaines publics de l'Etat sont en train d'être spoliés par ces animateurs de l'état de siège", a dénoncé à la presse, ce samedi 6 mai 2023, le vice-président de la société civile au Nord-Kivu.

Au regard de l'évolution de la situation sur le terrain, Edgar Mateso considère qu'au lieu de mater l'insécurité, l'état de siège a plutôt été "assiégé". Il fait d'abord allusion aux nombreux groupes armés qui ont étendu leur champ d'actions ces 2 dernières années. Ensuite, il épingle le M23 qui a refait surface au cours de la même période alors qu'il a été défait en 2013. Edgar Mateso cite également la présence des armées étrangères déployées sous le label de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC).

"Les animateurs de l'état de siège ont triplement été également assiégés. Premièrement, les groupes armés locaux et étrangers ont plutôt gagné du terrain, de l'espace géographique au lieu d'être anéantis. Les zones que contrôlent les FARDC sont en train de se rétrécir de plus en plus. Deuxièmement, les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyirangongo sont passés sous le contrôle de l'armée rwandaise. Et même les militaires qui assuraient l'administration ont fui au même titre que les civils. Troisièmement, le gouvernement a fait recours à l'armée des pays voisins, de l'EAC, signe de l'échec de l'état de siège", mentionne l'acteur des forces vives.

Prise le 3 mai 2021 par Félix Tshisekedi, la mesure d'instauration de l'état de siège est entrée en vigueur le 6 mai de la même année. Par cette décision, le gouvernement congolais espérait imposer la paix au Nord-Kivu et dans l'Ituri, 2 provinces infestées par d'interminables conflits armés. En principe, il était prévu une opération éclair de 30 jours, renouvelable. 

Cependant, les choses se sont tirées en longueur et 2 ans après, le tableau sécuritaire dans la contrée demeure sombre, tant des civils continuent d'être fauchés à coups d'armes blanches ou encore au fusils. C'est également au cours de la même période qu'en plus des ADF, des Maï-Maï, des CODECO ainsi que d'autres milices cruelles, le M23 occupe, depuis de nombreux mois, les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyirangongo (Nord-Kivu).

Isaac Kisatiro