Tribune - Eboulement de Bibatama : le gouverneur militaire dresse le bilan, la SMB prend les devants

Mercredi 10 mai 2023 - 15:56
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Un mort déjà enterré, trois blessés pris en charge dans les structures sanitaires. Tel est le bilan dressé par le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu à la suite de l’éboulement survenu le lundi 08 mai dans le site minier D2 Bibatama (PE 4731) à Rubaya, dans le Masisi.Entretemps, la SMB (Société Minière de Bisunzu) prend les devants pour lier cet accident, parmi tant d’autres non révélés par le passé, à la fermeture de sa mine par le gouvernement.

Il y a eu plus de peur que de mal. Les rumeurs les plus folles ont fait état d’une centaine de décès à la suite de l’éboulement survenu le 08 mai dans le site minier D2 Bibatama, dénommé Songambere, à Rubaya, dans le Masisi (Nord-Kivu). Enfin, l’opinion est fixée. Le mardi 08 mai, plus de 24 heures après, le gouverneur militaire du Nord-Kivu a dressé le bilan de ce drame : un mort déjà enterré et trois blessés pris en charge dans les structures sanitaires de la contrée. Il s’agit des creuseurs artisanaux clandestins. Le communiqué officiel y relatif a été lu par le porte-parole de l’Autorité politico-administrative provinciale.

En attendant la prise des dispositions utiles pour prévenir à l’avenir de tels accidents, la SMB, propriétaire du PE 4731, a pris les devants pour lier cet éboulement à la fermeture de sa mine par le gouvernement depuis la mi-mars 2023. Elle exige une enquête afin d’établir les responsabilités et de déférer, in fine, les coupables devant les instances judiciaires. 

En fait, cette catastrophe n’est pas la première du genre sur le PE 4731. Il y en a eu plusieurs qui n’ont pas été révélées pour des raisons inavouées par le passé. C’est sans doute le contexte dans lequel la récente s’est produite, circonstance marquée par la suspension des activités minières de la SMB par le gouvernement en rapport avec la situation d’insécurité due aux velléités d’occupation du Masisi par le M23, qui a joué. 

A tout le moins, cette occurrence reflète les méthodes de travail longtemps décriées dont la SMB a toujours fait montre. Depuis 23 ans qu’elle détient comme butin de guerre cette portion de terre (36 carrés) amputée au PE 76 de SAKIMA SA (360 carrés à l’origine), elle est loin d’industrialiser son exploitation ainsi que le requiert la loi. Contrairement aux fausses informations distillées dans les médias, la société d’Edouard Mwangachuchu n’a pas d’usine de traitement de coltan. La première et la seule usine d’exploitation de coltanen RDC, c’est celle de Kisengo Mining, située dans le village de Kisengo, à 200 km de Kalemie, dans le Tanganyika.

Pendant ces deux décennies, la SMB se complait dans l’exploitation artisanale non assortie même de la semi-mécanisation et en marge de due diligence. En sus de l’inexistence d’une étude d’impact environnementale, elle n’a jamais signé un cahier des charges en guise de ses obligations sociétales vis-à-vis des communautés impactées par ses activités minières. La preuve c’est que, par absence d’un centre hospitalier de référence alors que des centaines de tonnes de coltan et de cassitérite sont extraites depuis lors à Rubaya, les victimes du récent éboulement ont été référées à des structures sanitaires de fortune. Pis encore, cette sociétédoit plus de 4 millions de dollars aux creuseurs pour des minerais réceptionnés et exportés depuis de longues dates. 

Voilà pourquoi le gouvernement, qui a permis cette forfaiture pendant plus de 20 au nom d’une hypothétique paix, est appelé à œuvrer autrement pour changer la donne à Rubaya. Il est de bon aloi que l’entreprise publique SAKIMA SA, qui a perdu sur toute la ligne depuis 2000, soit rétablie dans ses droits sur la portion spoliée de sa concession.

                                                                                                                              Paul Kasereka Paluku