RDC - Modification unilatérale du décret FOMIN qui prive FOGEC des ressources: le DG Munzemba alerte sur le syndrome Miba 

Samedi 10 juin 2023 - 11:31
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Lors d’une émission vendredi 9 juin 2023 sur Top Congo, le directeur général du Fonds de garantie de l’entrepreneuriat au Congo (FOGEC), Laurent Munzemba, a plaidé pour la mise à disposition des capitaux alloués au financement des PMEs (petites et moyennes entreprises) et PMIs (petites et moyennes industries), bloqués par le Fonds minier pour les générations futures (FOMIN). 

À en croire le DG de FOGEC, ce programme a été mis en place dans le but de promouvoir notamment la diversification de l’économie et préparer l’après mine.

« FOMIN a été mis en place pour préparer l’après mine. Avec le nouveau code minier, il est prévu une redevance que l’Etat va percevoir pour se préparer à une période où il n’y aura plus des mines, et pour préparer cet après mine, il faut une diversification de l’économie. Aujourd’hui notre économie est essentiellement basée sur les mines, c’est très bien, mais lorsqu’il n’y aura plus ces mines, il nous faudra avoir d’autres moyens. Aujourd’hui nous exploitons les mines, nous vendons notamment du cobalt, du cuivre, de l’or, du coltan, du diamant, mais nous payons les maïs ailleurs, nous importons les tomates, les salades, les concombres voire les cures-dents. Ce n’est pas sérieux. Il faut diversifier notre économie, et parmi les missions de FOMIN, il y avait une mission de financer les PME et les PMI à impact sur le futur, financer les PME qui doivent préparer la diversification de l’économie », a déclaré Laurent Munzemba. 

Ce financement, a-t-il soutenu, était autorisé par un décret dont les copies ont été transmises aux deux parties, mais en février, à la grande surprise, le FOMIN s’est décidé de modifier ledit décret. 

« Dans ce décret, nous, FOGEC, il nous a été demandé de prendre l’allocation destinée au financement des PME et PMI à impact sur les générations futures, le texte qui a demandé la mise à disposition de ce fonds nous est parvenu, et nous sommes autorisés à prendre cet argent mais depuis, nous l’attendons. Il y a même eu des discussions entre les deux établissements sous le leadership de nos ministres de tutelle. Mais à la grande surprise, au mois de février de cette année le décret de FOMIN change, et cet objectif a été retiré. Franchement, aujourd’hui, c’est choquant de dire que FOMIN a perdu sa mission de base. Et l’idée de préparer l’après mine. Personnellement, je ne sais pas comment cela peut se faire dans un pays, en écartant la diversification de l’économie », a-t-il déploré. 

En outre, Laurent Munzemba s’est indigné du fait que la modification du décret se soit faite sans la prise en compte des conséquences. 

« Je prends l’exemple de Mbuji-mayi, c’est une ville qui vivait très bien avec la MIBA. Toute l’économie était autour de la MIBA, tout était autour de celle-ci, et un jour il n’y a plus la MIBA, aujourd’hui à Mbuji-mayi tout est par terre. Et cela peut arriver à toute une Nation, si on n’y prend garde. D’où l’importance de cette diversification, c’est dommage qu’on ait pensé à modifier ce décret sans se demander quelles sont les conséquences sur les autres institutions », s’est-il exprimé.

Dans la foulée, le DG de FOGEC a aussi affirmé que bien que prévu par le décret les fonds alloués au financement des PME et PMI n’ont jamais été disponibilisés. 

« Nous, nous avons un décret qui nous autorise de prendre l’argent auprès de FOMIN, donc il faut que notre décret change également, puisque ce décret a été changé sans que le notre le soit aussi cela montre qu’il y a un problème. Notre plaidoyer aujourd’hui est que depuis la création de FOMIN, il fallait qu’on prépare pour financer les PME et les PMI jusqu’à la période où ils ont changé. Au moins à cette période là il le fallait, et on était en discussion, on a eu de suite et ils ont changé le décret », s’est exprimé Laurent Munzemba. 

Par ailleurs, le FOGEC estime que le changement du décret doit se faire pour « l’avenir et non le passé » et demande, à cet effet, que les fonds soient débloqués.

Pour rappel, le président de la République Félix Tshisekedi avait pris l’engagement de créer une classe moyenne des Congolais et des Congolaises, parmi lesquels doivent se trouvaient des millionnaires en dollars américains. 

Christian Dimanyayi