Affaire Biselele : La défense dénonce des manœuvres visant à faire trainer les choses

Mardi 13 juin 2023 - 17:33
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Me Richard Bondo, chef du collectif des avocats de Fortunat Biselele, ancien conseiller privé du chef de l’État, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, est monté au créneau ce mardi 13 juin 2023, après l’audience tenue à la prison centrale de Makala à Kinshasa.

En effet, la demande de liberté provisoire sollicitée par Fortunat Biselele a été rejetée par les juges. Ce qui a provoqué la déception dans le chef du collectif des avocats de Biselele.

Se confiant à la presse, Me Richard Bondo, déçu, parle de déni de justice. Il a également porté des accusations « graves » contre Hervé Mbelu Biosha, AG de l’ANR, qu’il accuse d’être responsable de la situation que vit son client.

« Je suis peiné de constater que le tribunal a suivi à la lettre le réquisitoire du ministère public en s’appuyant sur ce que le ministère public avait qualifié de ‘‘gravité des infractions’’ prétendument commis par mon client. C’est comme ça que sur fond de ce que le tribunal appelle la nature des infractions sans tenir compte des conditions d’irrégularité de la détention depuis l’ANR. Mais mon client est un prisonnier de l’Administrateur général de l’ANR (…) Parce que, lorsque ce dernier retient à la charge de mon client la trahison, l’atteinte à la sureté intérieure et extérieure de l’Etat, cela voudrait dire que les missions qu’effectuait mon client l’était de connivence avec une puissance extérieure sans en référer au président de la République dont il était le conseiller privé », a-t-il déclaré . 

Dans la foulée, Me Richard Bondo a indiqué que depuis 2019, Fortunat Biselele n’a jamais été vu dans des faits tels qu’allégués contre lui aujourd’hui. 

« C’est curieusement en 2022, lorsque le documentaire d’Alain Foka circule que ses problèmes commencent. Monsieur Biselele a juste dit que la RDC et le Rwanda avaient conclu un deal gagnant-gagnant, et que ce deal n’est plus opérationnel à cause des intérêts obscurs. Cette déclaration, en quoi elle nuit à l’institution Président de la République pour être qualifiée de trahison par l’AG de l’ANR, M. Mbelu Biosha ? Nous estimons que l’ordonnance telle qu’elle est rendue par le tribunal n’édifie pas l’état de droit, parce qu’à la lumière de l’article 45 du Code de procédure pénale, le tribunal saisi pouvait faire droit à la requête de mon client », a-t-il précisé.

Sans aller par le dos de la cuillère, Me Richard Bondo a affirmé que c’est le patron de l’ANR qui manipule la Justice.

 « Il nous paraît clair que c’est Monsieur Mbelu Biosha qui manipule la justice pour nuire à notre client. M. Biselele détient même des preuves de menaces de M. Mbelu Biosha pendant qu’il était encore en fonction. Mon client m’a dit que M. Mbelu ne jurait que sur son départ de la présidence de la République. Donc, je ne sais pas si l’envie est une denrée coutumière des gens qui entourent le président de la République », a-t-il souligné.
 
Par ailleurs, Me Richard Bondo soupçonne l’AG de l’ANR de vouloir nettoyer des éléments qu’il estime indésirables.
 
« On appelle ça le ‘‘syndrome Kalev’’. Vous savez, Kalev était AG de l’ANR, mais à un certain moment, il a commencé à se présenter comme le conseiller politique de Joseph Kabila, après avoir neutralisé le conseiller politique du chef de l’Etat. C’est peut-être ce syndrome-là qui habite monsieur l’AG de l’ANR », a-t-il dit.
 
Cependant, Me Richard Bondo a prévenu qu’ils vont utiliser toutes les voies légale pour que leur client trouve gain de cause.
 
« Nous allons utiliser toutes les voies de droit à notre portée : la Constitution, les lois de la République, les instruments juridiques internationaux, pour que les droits, la santé physique et mentale, ainsi que la dignité de notre client soient préservés (...) Il n’a pas commis d’infraction ! Nous avons que si nous avons des juges indépendants, c’est-à-dire exerçant le pouvoir judiciaire de manière indépendante sans être sous la férule de qui que ce soit, notre client triomphera de la haine et des règlements des comptes. Comment M. Mbelu peut-il accuser Biselele de trahison pendant que, en juillet 2022, c’est lui qui a délivré l’autorisation de survol pour une délégation rwandaise qui venait à Kinshasa, et une autre pour une délégation congolaise qui se rendait au Rwanda ? Qui ne sait pas que même pendant la guerre, on se parle toujours, et on doit garder des ponts quant à ce ? Vous pensez que Russes et Ukrainiens ne se parlent pas ? », s’est-il interrogé.
 
En outre, Me Richard Bondo a soutenu que Fortunat Biselele est victime des réglements des comptes au niveau de la présidence de la République.
 
« Il y a une gué-guère autour du chef de l’Etat dont Biselele est victime. Ceux qui ont vu sa percée et la confiance que lui faisait le président de la République, il y en a qui sont envieux, haineux. Quand vous regardez bien, depuis 2019 qu’il était conseiller privé, Fortunat Biselele n’était pas très connu du public, car il était discret, et opérait dans l’ombre pour le compte de son chef, le président de la République. La première fois qu’il a parlé, c’était dans le documentaire d’Alain Foka. Ces propos étaient-ils séditieux ? Non : le président de la République lui-même en a parlé. Tous les Congolais avaient vu à la télé comment des accords commerciaux et économiques avaient été signés en présence des deux présidents Tshisekedi et Kagame à Goma. Le conseiller Marcellin Bilomba l’avait dit, le ministre des Finances vient de le dire aussi », a-t-il conclu.

Pour rappel, Fortunat Biselele est poursuivi pour « trahison », « atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat » et « propagation de faux bruits ».

Jephté Kitsita