RDC : Des organisations de la société civile s’opposent au retrait « précipité » de la MONUSCO

Jeudi 12 octobre 2023 - 18:37
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Au cours d’un point de presse tenu ce jeudi 12 octobre 2023 à Kinshasa, plusieurs membres des organisations de la société civile et mouvements citoyens, notamment les forces vives, le CALCC et l’Action Citoyenne de lutte contre les discours de haine, se sont opposés au départ précipité de la Mission de l’Organisaton des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO), et recommandent un retrait progressif après les élections du 20 décembre. 

Disant avoir analysé l’évolution des préparatifs pour les élections prochaines voulues libres, transparentes, inclusives et apaisées, et compte tenu des différentes sorties médiatiques de certains candidats relayées dans les médias en ligne ainsi que le discours du président de la République qui, lors de la 77é assemblée générale des Nations Unies, avait demandé la réévaluation du plan de retrait des forces onusiennes, ces structures estiment que le moment n’est pas bien choisi, au regard de la situation sécuritaire du pays. 

« La Société Civile qui vit au quotidien avec la population congolaise et qui partage sa misère ne rejette pas le départ tant souhaité de la Monusco, mais au vu de l'insuffisance d'engagement de notre Gouvernement dans la sécurisation effective de la population civile surtout dans les zones hautement insécurisées où il y a des sites des déplacés internes, les massacres souvent récurrents de la population civile par nos forces de sécurité, etc., il serait précoce de militer avec ardeur pour le départ des forces onusiennes », ont-elles déclaré. 

Pour la société civile congolaise, quoi qu’on parlerait diplomatiquement de la réévaluation du plan de retrait « progressif et responsable », le départ de la MONUSCO nécessite que le Gouvernement donne assez de garantie, non pas comme une faveur, moins qu'un droit, mais plutôt une obligation pour la protection et la sécurisation de la population. 

« (…) Jusqu'à présent, en dépit de certaines lacunes, la Mission de l'ONU en RDC poursuit encore assez utilement son mandat en sécurisant les civils dans les camps de déplacés, le monitoring des violations des droits humains, voire dans l'appui logistique aux FARDC et la PNC, ainsi qu'à la CENI pour l'acheminement des kits électoraux dans des zones inaccessibles », ont-elles mentionné.

Ces mouvements citoyens estiment que les limitations « croissantes de l'espace politique à travers des arrestations, des poursuites judiciaires contre les activistes des droits humains, les journalistes et les opposants, ainsi que les répressions sanglantes des manifestations publiques dont celle du 20 mai 2023, font réfléchir davantage sur ce forcing autour du départ de la MONUSCO dans le contexte actuel de notre pays ». 

La sécurisation de la population, dit la société civile congolaise, est un préalable à tout. Sans oublier les obligations d'avancer dans la réforme des services de sécurité, la démobilisation à la réduction durable du nombre de groupes anmés à travers le PDDRCS, les conflits intercommunautaires dus à « l'absence » de l'autorité de l'Etat.

Christian Dimanyayi