Le procès contre Corneille Nangaa et ses collaborateurs se poursuit devant la Cour militaire de Kinshasa/Gombe. Dans sa comparution à l'audience du 25 juillet 2024, le prévenu Éric Nkuba, l'un des co-fondateurs de la plateforme Alliance Fleuve Congo (AFC) a décliné les objectifs et les motivations à la base de la création de cette structure.
A l'en croire, l'AFC n'a nullement été créée dans l'objectif de balkaniser la République démocratique du Congo en lui retirant notamment sa partie Est, riche en ressources minières. Selon Éric Nkuba, l'objectif est d'arriver jusqu'à Kinshasa et de conquérir le pouvoir par les armes.
« Ici à Kinshasa, les gens croient que l'AFC a été créée pour balkaniser le pays. C'est faux et archifaux. L'objectif, ce n'est pas le Nord-Kivu. L'objectif, c'est de conquérir de province en province et d'arriver jusqu'à Kinshasa. C'est ça l'objectif. L'objectif de l'AFC est de conquérir le pouvoir à Kinshasa. L'AFC n'a pas intérêt à attaquer la ville de Goma, Bukavu ou encore Butembo. L'AFC cherche comment conquérir le pouvoir à Kinshasa », a-t-il déclaré.
A une question sur le mode opératoire de l'AFC, Éric Nkuba a affirmé que son organisation compte conquérir le pouvoir par la force. Elle fonde son action sur l'article 64 de la Constitution et estime que le régime en place gère le pays en violant constamment la Constitution.
« Nous avons créé l'AFC à Nairobi à cause de la mégestion observée dans le pays. Pour nous, c'est un choix. Je n'ai pas trahi mon pays. Plutôt, je voudrais instaurer la démocratie dans mon pays. En 2019, vous avez suivi le procès 100 jours. La manière dont ce procès a été conclu, c'est une violation grave de la Constitution. Qui peut nous dire qu'aujourd'hui, la manière dont est géré le trésor public est une bonne gouvernance ? Nous avons créé l'Alliance Fleuve Congo pour une cause : le changement et l'instauration de la démocratie dans notre pays. De 2018 jusqu'à ce jour, il n'y a aucun changement. Nous avons créé l'AFC pour donner de la valeur et de la dignité aux Congolais. Le changement de la majorité au Parlement est une autre violation de la Constitution », a-t-il indiqué.
Contrairement à ses déclarations durant l'instruction prejuridictionnelle, Éric Nkuba a voulu dédouaner le Rwanda dans cette affaire. Cependant, les questions des juges et celles du ministère public l'ont poussé à avouer les soutiens dont l'AFC a été bénéficiaire de la part des officiels du Rwanda et de l’Ouganda.
Éric Nkuba a reconnu que pour tenir sa réunion de sensibilisation des groupes armés et de planification des actions à Kigali, au Rwanda, l'AFC a été notamment soutenue par le général Rwandais Jean-Paul Nyirubutama, avec son assistant, Firmin qui était conseiller militaire de l'ambassadeur du Rwanda en RDC Karega.
Il a aussi reconnu que les membres de l'AFC ont été logés dans un hôtel appartenant au fils du président ougandais, Muhoozi Kainerugaba, dans le cadre de ses réunions préparatoires des opérations.
Quant à la structuration et au fonctionnement de l'AFC, Éric Nkuba a soutenu que Corneille Nangaa est à la tête de sa branche politique. La branche militaire est gérée par d'autres personnes.
Il a aussi souligné que l'AFC se definit comme une plate-forme des groupes armés qui a pour objectif de renverser le régime de Kinshasa et de prendre le pouvoir par la lutte armée.
La Cour militaire de Kinshasa/Gombe a auditionné au cours de cette audience 4 autres prévenus. Nkangya Nyamacho alias Microbe a, lui aussi, reconnu être membre de l'AFC et affirmé avoir pris part à la réunion tenue à Kigali à laquelle ont assisté des officiels Rwandais.
Nangaa Baseyane a affirmé être arrêté tout simplement parce qu'il est l'oncle à Corneille Nangaa et qu'ils portent le même nom. Il a nié être membre de l'AFC et de collaborer avec l'ancien président de la CÉNI dans ce projet.
Même réaction pour Nicaisse Samafu Makinu et Safari Bishori Luc. Ils ont rejeté toute appartenance à l'AFC et tout contact avec la personne de Corneille Nangaa.
La prochaine audience est prévue ce vendredi 26 juillet au siège de la Cour militaire dans la commune de la Gombe.
ODN