244 prisonnières violées lors des événements de la nuit du 1 au 2 septembre derniers à la prison centrale de Makala s'ajoutent sur la liste de celles qui comparaissent déjà comme parties civiles au procès qui se tient dans l'enceinte de cette prison contre les prisonniers accusés de les avoir violées.
Cette liste a été soumise au Tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Ngaliema à l'audience de ce lundi 16 septembre 2024 par les avocats de la Ligue de la zone Afrique pour la Défense des Droits des Enfants et Elèves (LIZADEL) qui défendent ces victimes qui se sont constituées parties civiles.
44 de ces 244 prisonnières violées ont comparu à l'audience de ce lundi. Un autre lot de 44 va comparaître à l'audience de ce mardi 17 septembre. Des témoignages émouvants ont été faits devant les juges.
Ces victimes qui ont pointé leurs bourreaux parmi les prévenus ont rapporté comment elles ont été violées chacune par plus de cinq hommes. Certaines se disent même être prêtes à se donner la mort au regard de l'ampleur des atrocités subies.
Une victime affirme avoir vu parmi les prisonniers entrés dans leur cellule pour les violer, un qui détenait une arme à feu, à qui on a donné l'ordre de lui tirer dessus si jamais il retrouvait un tatouage sur son corps.
"Lorsqu'ils sont entrés dans notre chambre, un de ces jeunes m'a braqué, une arme à feu au coup. J'ai entendu une voix lui donner l'ordre de me tirer dessus si jamais il découvrait un tatouage sur mon corps. Après n'avoir pas trouvé de tatouage sur moi, on a commencé à me donner des coups. Un prisonnier m'a déchiré le slip et on a commencé à me violer à tour de rôle", a-t-elle rapporté.
Parmi ces 44 victimes qui ont comparu à cette audience, il y a eu des mineures et des mères des bébés qui viennent d'accoucher. Elles ont rapporté comment elles ont été violées sous les pleurs de leurs enfants.
Notons que ces 244 victimes viennent de s'ajouter à la liste d'une vingtaine de femmes et mineures qui comparaissent déjà à ce procès comme parties civiles. Avant, ces femmes ne pouvaient pas comparaître suite aux barrières financières étant donné que le Tribunal exigeait des frais de consignation à partir de 20 USD.
A la demande des avocats, cette exigence financière a été levée. Chose qui donne le champ libre à toutes les femmes violées de comparaître. Car, selon les témoignages recueillis sur place, plus de 90 % de 302 femmes qui occupaient le pavillon 9 ont été violées.
Les avocats des parties civiles avaient aussi sollicité la réquisition des experts de la Monusco et du médecin directeur de l'hôpital de Camp Kokolo pour examiner les femmes violées, voir lesquelles ont été infectées et lesquelles ont eu des grossesses après ce viol massif.
Le Tribunal a adhéré à cette demande. Il dit avoir déjà saisi les experts concernés par réquisition. Ils viendront dans les tout prochains jours examiner les victimes dans l'enceinte de la prison centrale de Makala.
ODN