La société civile a lancé, le mercredi 11 décembre dernier à Kinshasa, le Tribunal permanent des peuples (TPP). Ce tribunal vise à donner une voix aux communautés locales et aux peuples autochtones en dénonçant l'extractivisme des entreprises exploitant les ressources naturelles en RDC, notamment dans les secteurs minier, forestier et pétrolier, sans respecter les droits des populations.
Les décisions rendues par ce tribunal serviront de plaidoyer auprès des décideurs et de la communauté internationale.
« C’est une tribune d’opinion qui permet aux communautés locales qui sont impactées par les activités extractives des minerais, des hydrocarbures et forestières de pouvoir défendre leurs droits couramment violés devant un panel d’experts. Au final, ce panel rendra une décision qui servira d’outil de plaidoyer auprès de l’État et des partenaires afin qu’elles soient rétablies dans leurs droits », a déclaré Gabrielle Pero, coordinatrice du tribunal.
Selon cette avocate, le TPP n'est pas une initiative exclusivement congolaise. Plusieurs tribunaux similaires existent en Afrique australe et ailleurs dans le monde pour défendre les droits des peuples victimes de violations.
« L’objectif est de rendre davantage audible la voix des communautés locales et peuples autochtones. Dans d’autres pays, des initiatives pareilles existent déjà, en particulier en Afrique australe, et ont produit de bons résultats. Il était donc nécessaire que cela soit dupliqué dans notre pays pour plaider en faveur des communautés », a-t-elle ajouté.
Jean-Claude Katende, membre du jury du tribunal, estime que les ressources naturelles peuvent être une bénédiction pour les pays qui en disposent. Cependant, elles deviennent une malédiction lorsqu'elles sont mal gérées, comme c'est le cas en RDC.
« Les ressources naturelles sont normalement une bénédiction de Dieu pour les communautés. Mais elles deviennent une malédiction lorsqu’elles ne sont pas gérées d’une manière prudente et rationnelle, comme on le voit actuellement dans notre pays. Un pays comme le Botswana utilise son diamant de manière prudente et rationnelle et on peut voir l’impact positif sur la population. Ça prouve à suffisance que c’est le problème de l’homme dans notre pays et pas de ressources. Aujourd'hui, grâce au Code minier, nous avons énormément d’argent qui provient de la redevance minière. Maintenant il faut savoir comment cet argent est utilisé par ceux qui le gèrent », a déclaré le président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO) et membre du comité exécutif de l’Initiative pour la transparence dans l’industrie extractive (ITIE RDC).
En RDC, l’initiative du TPP est portée par la Coalition des organisations de la société civile pour le suivi des réformes de l’action publique (CORAP), en se basant sur la Déclaration universelle des droits des peuples d’Alger de 1976. Le premier TPP mondial a été créé le 24 juin 1979 à Bologne, en Italie, par le sénateur Lelio Basso.
Bienfait Luganywa