Guerre du M23 : à Lubero, l'armée présente au mécanisme conjoint de vérification de nouvelles preuves de l'implication rwandaise

Vendredi 3 janvier 2025 - 10:36
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Les autorités militaires congolaises au Nord-Kivu ont saisi le mécanisme conjoint de vérification élargi face aux nouvelles preuves attestant l'intervention de l'armée rwandaise au côté du M23.

Le jeudi 2 janvier dernier, sur demande du gouverneur militaire, ces délégués composés des experts onusiens et de la SADC se sont rendus en territoire de Lubero où des combats se sont intensifiés ces dernières semaines. Ils ont échangé avec les responsables militaires engagés contre les rebelles du M23 dans la contrée.

Le militaire Jean-de-Dieu Iradakunda, soldat de première classe de l'armée rwandaise arrêté le 21 décembre dernier lors des affrontements dans la localité de Nduluma, au sud de Lubero, a été l'une des pièces à conviction présentées au mécanisme conjoint de vérification élargie.

Par ailleurs, plusieurs effets militaires de la Rwanda defence force (RDF) saisis par les troupes congolaises ont aussi été brandies. Pour les autorités militaires, la République démocratique du Congo veut prendre en témoin la communauté internationale sur le rôle joué par le régime de Kigali dans la déstabilisation de l'est du Congo.

"Plusieurs effets militaires de RDF, dont des armes, des bombes, spécialités et épaves des drones kamikazes récupérés sur le champ de bataille, ont été présentés à la délégation. L'objectif de cette démarche est de montrer, à travers le mécanisme conjoint de vérification élargi et autres structures, qui prônent le retour de la paix en RDC, l'implication flagrante et le rôle joué par le Rwanda dans la guerre d'agression en RDC", explique le lieutenant-colonnel Mak Hazukay, porte-parole militaire dans la zone.

Le gouvernement congolais a toujours dénoncé la présence de plus de 4.000 soldats rwandais, qui appuient le groupe armé M23. Cependant, Kigali a toujours rejeté en bloc ces accusations, affirmant que le conflit était plutôt congolo-congolais.

Sur fonds d'accusations mutuelles, les relations entre les 2 pays se sont détériorées jusqu'au point de non-retour. Les dernières tentatives de Joao Laurenço, président angolais et facilitateur désigné de l'Union africaine dans le conflit, ont accouché d'une souris alors que Félix Tshisekedi et Paul Kagame devraient se rencontrer à Luanda le 15 décembre dernier pour la signature d'un accord définitif de paix.

Le mécanisme conjoint de vérification élargi avait été créé pour surveiller et vérifier la mise en œuvre des accords et engagements régionaux, en particulier ceux de la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs, notamment en ce qui concerne les questions liées aux conflits armés, à la sécurité transfrontalière, à l'exploitation illégale des ressources naturelles et à la lutte contre les groupes.

Cependant, en dépit de la mise en place de ce mécanisme créé dans le cadre de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba en 2013, des frontières, entre autres celles de la RDC, sont constamment violées, notamment par son voisin, le Rwanda, à travers des milices de son obédience, dont le M23.

Isaac Kisatiro