
La situation politique et sécuritaire en République Démocratique du Congo (RDC) suscite une vive inquiétude parmi les défenseurs des droits de l’homme dont Justicia ASBL, une organisation de promotion et de protection des droits humains, qui s'alarme de l’instrumentalisation de la justice par le ministère de la Justice et Garde des Sceaux, dirigé par Constant Mutamba, contre les cadres du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD).
Dans un communiqué publié ce lundi 10 mars 2025 et dont une copie est parvenue à 7SUR7.CD, cette organisation de la société civile rappelle que le 7 mars dernier, un communiqué officiel du ministère de la Justice a annoncé deux décisions majeures dont l'ouverture de procès contre des officiers des Forces armées de la RDC (FARDC) accusés d’avoir abandonné leurs positions face à l’ennemi dans les villes de Goma et Bukavu ; l'interpellation et l’audition de hauts cadres du PPRD, soupçonnés de complicité avec le mouvement rebelle AFC/M23, avec une interdiction de sortie du territoire.
Pour Justicia ASBL, ces mesures constituent une atteinte aux principes fondamentaux de la justice, notamment l’indépendance du pouvoir judiciaire, la présomption d’innocence et le caractère secret de l’instruction. L’ONG exhorte ainsi l’Auditorat Militaire Général à ne pas se laisser instrumentaliser par des considérations politiques.
«Les interpellations dont il est question interviennent à la suite des accusations faites par des membres du gouvernement contre des opposants politiques. Une telle situation ne peut qu'affaiblir la crédibilité de la justice congolaise. », lit-on dans cette correspondance.
L’organisation de défense des droits humains dénonce fermement toute tentative d’utilisation de l’appareil judiciaire à des fins de règlement de comptes politiques. Elle rappelle que la justice doit rester un pouvoir indépendant et non un outil de répression contre les opposants. Dans le même temps, Justicia ASBL condamne avec force la poursuite du conflit dans l’Est de la RDC, où les forces de l’AFC/M23, soutenues par les armées rwandaise et ougandaise, affrontent les FARDC, les Wazalendos et d’autres groupes armés.
Face à cette crise multidimensionnelle, Justicia ASBL formule plusieurs recommandations :
° L’ouverture d’un couloir humanitaire pour acheminer l’aide aux populations du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
° L’ouverture d’enquêtes sur les violations des droits humains et les crimes graves commis dans la région.
°Un appel aux acteurs politiques de la majorité, de l’opposition et de la société civile à privilégier le dialogue et la diplomatie pour résoudre les conflits.
«La RDC a besoin d’une justice impartiale et indépendante, garante de l’État de droit et de la démocratie. Nous exhortons tous les acteurs politiques à privilégier la voie du dialogue pour sortir de la crise actuelle», a souhaité maître Timothée Mbuya, président de cette structure.
Alors que le pays traverse une période critique, la société civile et les organisations de défense des droits humains jouent un rôle essentiel dans la préservation des valeurs démocratiques. Reste à savoir si les autorités tiendront compte de ces préoccupations et recommandations.
Patient Lukusa, à Lubumbashi