
Le Fonds national de réparation des victimes de violences sexuelles liées aux conflits et des victimes de crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité (FONAREV) a signé, le jeudi 3 avril, à Kinshasa, un partenariat avec le Système des Nations unies. Ce partenariat vise à prendre en charge les victimes des violences liées aux conflits armés dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Valable du 4 avril 2025 au 3 avril 2026, ce partenariat bénéficie d'un budget de plus de 12 millions de dollars. Son objectif est d'identifier les victimes de violences sexuelles liées aux conflits armés dans ces deux provinces, tout en leur garantissant l’accès à la justice et à des réparations provisoires urgentes. La mise en œuvre sera assurée par plusieurs agences de l’ONU, notamment le Bureau conjoint pour les droits de l'homme (BCNUDH), le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) et ONU Femmes, en collaboration avec des organisations locales.
« Ce partenariat marque le lancement d’un programme stratégique de réponse à la crise dans l’Est de la RDC. Il vise à protéger et à réparer les droits de toutes les victimes de la guerre d’agression dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, y compris les enfants profondément affectés par ces crimes. L’occupation illégale d’une partie de notre territoire s’accompagne, malheureusement, d’actes de barbarie d’une ampleur inacceptable : destruction systématique des infrastructures sociales, pillages et violations massives des droits de l’homme, violences sexuelles, enlèvements, meurtres, détentions arbitraires, y compris d’enfants ainsi que les actes de mutilation dus à l’utilisation d’engins explosifs en zones peuplées », a déclaré la première ministre, Judith Suminwa, qui a présidé la cérémonie.
De son côté, le coordonnateur du Système des Nations unies en RDC, Bruno Lemarquis, a souligné que la situation à l’Est du pays depuis trois décennies n’est plus une simple crise. Elle est devenue ce que l'on appelle dans le jargon humanitaire une « polycrise », nécessitant ainsi des solutions coordonnées.
« Les nombreuses violences des droits de l’homme et des droits humanitaires internationaux, les attaques, les destructions et pillages des établissements de santé, les attaques contre les acteurs humanitaires, les violences sexuelles, les séparations d’enfants de leurs parents, les recrutements d’enfants par les groupes armés, les arrestations arbitraires… demandent une action très urgente, coordonnée et efficace pour répondre aux besoins des victimes. C’est dans ce contexte alarmant que s’inscrit ce partenariat entre le FONAREV et le Système des Nations unies », a-t-il déclaré.
Pour le FONAREV, cette collaboration avec les agences, programmes et fonds onusiens opérant en RDC représente une véritable innovation. Elle permettra d'apporter une réponse multisectorielle aux victimes de violences.
« Notre mission est de réparer, de protéger et de reconstruire l’espoir pour les communautés déchirées et les victimes qui ont été trop longtemps abandonnées. Ce partenariat vient donner une nouvelle force à cette mission. Il permet de mutualiser nos expertises, de conjuguer nos efforts et d’agir de manière concertée sur le terrain. Le programme apportera une réponse concrète et multisectorielle aux victimes des violences sexuelles et crimes graves commis dans les zones affectées par les combats. Il représente un modèle de collaboration inédit et innovant que nous espérons voir se renforcer dans la durée », a expliqué Patrick Fata, directeur général du FONAREV.
Il convient de noter que ce partenariat s'inscrit dans le cadre du nouveau plan de coopération quinquennal 2025-2029, signé en novembre dernier entre le gouvernement et le Système des Nations unies. Ce cadre de coopération veut que les organisations onusiennes présentes en RDC travaillent selon les priorités nationales définies dans le Plan national stratégique de développement (PNSD), dont la promotion d'une croissance économique inclusive et durable, l'amélioration de la gouvernance, le respect de l'État de droit et la protection des populations, ainsi que l'accès à des services sociaux de base de qualité et à une protection sociale inclusive.
Bienfait Luganywa