Dans une démarche visant à structurer et à dynamiser l'économie nationale, le gouvernement s'engage à formaliser le secteur informel, qui représente une part significative du tissu économique du pays. L'objectif de cette initiative est de reconnaître et d'intégrer les petits entrepreneurs, les commerçants et les artisans au sein d'un environnement plus sécurisé, leur offrant des opportunités d'inclusion financière et une protection sociale adaptée à leurs activités.
C'est dans ce contexte que la Première ministre, Judith Suminwa, a officiellement lancé, ce samedi 3 mai 2025, la phase pilote de cette opération de formalisation des petits et micro-entrepreneurs, en partenariat avec la Fondation du groupe Equity, Afrissur, l'ARCA et divers ministères sectoriels (des Finances, de l'Économie nationale, de l'Industrie, etc.).
Cette phase initiale ciblera environ 350 bénéficiaires, parmi lesquels figurent notamment les commerçants sinistrés des marchés de la Liberté et de Delvaux, ainsi que les maraîchères touchées par les récentes inondations à Kinshasa.
"Chers entrepreneurs, je dis BOZA BATO YA LOKUMU, BATO YA PAMBA PAMBA TE : ne voyez pas la formalisation comme une charge, mais comme un pas vers plus de sécurité et de reconnaissance. Je pense aux sinistrés du marché de la Liberté, aux maraîchères qui ont perdu leurs récoltes après les inondations, aux artisans dont les ateliers ont été dévastés par des incendies. La formalisation vous permet aussi de bénéficier de l’assurance, du crédit, de la prévoyance", a déclaré la Première ministre.
L'objectif principal de cette opération est de doter ces entrepreneurs d'un statut légal simplifié, de faciliter leur accès au crédit, à l'épargne et à l'assurance et de développer un réseau de proximité pour leurs transactions financières courantes.
"La formalisation, ce n’est pas seulement remplir un formulaire. C’est accéder à un statut reconnu, à des droits, à des mécanismes de protection et à de nouvelles opportunités. C’est garantir la pérennité de votre activité, pouvoir grandir, embaucher, transmettre. C’est aussi permettre à l’État d’être au plus près de vos besoins et de mieux orienter les politiques d’appui. Mais nous savons que cette transition ne se décrète pas. Elle s’accompagne. Elle exige des dispositifs souples, des incitations fiscales réalistes, des outils de formation adaptés, une simplification administrative, et surtout, de la confiance. C’est pourquoi je me réjouis de voir émerger des initiatives telles que les financements adaptés aux petits revenus, la couverture d’assurance sur mesure, ou encore les guichets uniques simplifiés pour les formalités. Ces mécanismes doivent être accélérés, renforcés et déployés à grande échelle", a souligné J. Suminwa.
Elle a réitéré l'engagement du gouvernement à impulser une économie diversifiée, inclusive et compétitive.
"Je crois fermement que l’avenir de la RDC repose sur une économie diversifiée, inclusive et compétitive. Une économie où chacun a sa place, où l’effort individuel est valorisé, et où l’État agit comme facilitateur du progrès. Ensemble, faisons de la formalisation une passerelle vers l’émergence. Je vous remercie pour votre engagement, votre créativité et votre résilience. Le Gouvernement est à vos côtés. Ensemble, construisons une économie à visage humain, une économie au service de tous. L’avenir économique de la RDC ne se construira pas dans les sommets, ni dans les grandes tours. Il se construira ici, dans les marchés, les ateliers, les petites entreprises, là où les Congolais et les Congolaises, chaque jour, refusent de céder au découragement et créent de la richesse avec très peu", a-t-elle ajouté.
La Fondation du groupe Equity, en collaboration avec la Banque Equity BCDC, s'est engagée à offrir à ces entrepreneurs un accès à des services financiers de qualité, une meilleure protection sociale, une formation solide et une sécurité économique.
Un avantage significatif de cette initiative est l'offre d'assurance spécialement conçue par Afrissur. Cette assurance à faible coût propose une couverture décès avec un capital forfaitaire de 1 000 dollars, ainsi qu'une indemnisation en cas d'invalidité absolue et définitive ou partielle et permanente (jusqu'à 1 000 dollars). De plus, en partenariat avec les institutions bancaires, Afrissur facilite le nantissement des contrats d'assurance-vie pour simplifier l'obtention de prêts allant jusqu'à 1 000 dollars.
Par ailleurs, la Banque Centrale du Congo met en avant une réforme de haute portée : la mise en œuvre du switch monétique national. Cette infrastructure interconnectera tous les prestataires de services de paiement, englobant les banques, les institutions de microfinance, les opérateurs de mobile money, etc. Grâce à ce switch, les barrières entre les systèmes seront levées, permettant ainsi aux citoyens d'envoyer, de recevoir et d'utiliser de l'argent, quel que soit leur canal d'origine.
Parmi les premiers bénéficiaires de cette initiative figure Ngandu Zakanda, un menuisier exerçant son activité à Delvaux. Il a accueilli cette démarche avec un mélange d'espoir et de soulagement.
"Pendant longtemps, nous avons travaillé sans une véritable reconnaissance. Cette formalisation, c'est comme une lumière au bout du tunnel. Avoir un statut légal et l'espoir d'accéder à un prêt pour développer mon atelier, c'est une chance inouïe. J'espère vraiment que cela va changer nos vies et nous permettre de travailler avec plus de sérénité", a-t-il exprimé.
Cet événement est organisé dans le cadre du projet "Agora 2" impulsé par la cheffe du gouvernement et en application des ordonnances-lois n°22/030 et 122/031 du 8 septembre 2022 relatives à la promotion de l'entrepreneuriat, startups et de l'artisanat.
Merveil Molo